Lycanthropes et Loups-garous au cinéma

Auteur/autrice : Lycan Page 2 of 8

Je vous propose mes articles afin de traverser la forêt en toute sécurité sans s'éloigner du chemin...

van helsing 111

Van Helsing (2004) – Pot pas pourri

Stephen Sommers est le réalisateur de La Momie (1999) mais aussi de bien d’autres films tout aussi lamentables. Pourtant, avec Van Helsing, il livre deux heures d’action non-stop fort réjouissantes, dans lesquelles on retrouve avec plaisir les principaux monstres du cinéma fantastique classique, chers au cœur des aficionados.

Uchronie universalienne

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

À Paris, au 19ᵉ siècle, nous faisons la connaissance de Van Helsing. Immortel, il n’a aucun souvenir de son passé. Après avoir réglé son compte au Dr. Jekyll qui faisait des misères sous la forme de Mister Hyde, Van Helsing rentre au bercail, à Rome. Là, il travaille pour le Vatican qui s’est spécialisé dans la lutte contre vampires, loups-garous et autres créatures du bestiaire folklorique. Sa nouvelle mission emmène Van Helsing en Transylvanie, où il est censé prêter main-forte à la famille Valerious qui depuis des générations lutte pour mettre un terme aux agissements du Comte Dracula.

De leur côté, Dracula et ses trois épouses rêvent d’engendrer une nouvelle race de vampires. Leurs rejetons, évidemment des morts-nés puisque issus de morts-vivants, végètent par milliers dans des cocons verdâtres et suintants, attendant que la science leur donne vie. Un temps, Dracula espère trouver la solution en utilisant la créature de Frankenstein. Mais, celle-ci a disparu dans l’effondrement du moulin où elle vivait grâce à la science de son créateur. En attendant de retrouver le monstre, Dracula mène la vie dure à la famille Valerius.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

La parade des monstres en hommage aux films des années 40

De tous les films mettant en scène des loups-garous, Van Helsing est peut-être celui qui présente les plus beaux échantillons. L’une des créatures adopte l’apparence de celle du Loup-garou de Londres ; une autre hérite de la majesté de ceux du Hurlements de Joe Dante. Van Helsing, transformé en lycanthrope, reste néanmoins le spécimen le plus fascinant. À l’apparence particulièrement soignée, d’un pelage noir comme la nuit, à l’aura de danger subtile et arborant des crocs terrifiants, il adopte une impressionnante posture mi-humaine, mi-animale quand il se tient sur ses pattes arrières.

Grâce au numérique, les monstres se déplacent avec vélocité et Stephen Sommers met parfaitement en images la férocité dont sont dotés dans l’imagination collective les lycanthropes.

On pourra néanmoins regretter le recours exclusif aux effets spéciaux digitaux. Animer les loups-garous ou les vampires féminins ailés avec les techniques modernes s’avère un choix pertinent comme le démontre le film. Cependant, l’agonie des créatures ou les transformations en lycanthrope sont trop succinctes et apparaissent plutôt vite expédiées, elles auraient mérité un autre traitement.

Trop de numérique tue l’hommage

Ainsi passés à la moulinette du numérique, les lambeaux de peau que les malheureux déchirent en se métamorphosant pour révéler la bête qui est en eux, manquent singulièrement de chair et de sang. Difficile alors de pleinement ressentir l’horreur des transformations animales, même si elles sont souvent joliment mises en scène. Il en est de même pour le combat final, hystérique, entre Van Helsing transformé en loup-garou et Dracula.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que le film met parfaitement en images le mythe et surtout la malédiction qui s’abat sur la malheureuse personne qui souffre de ce fardeau. La transformation en loup-garou est réellement subie par les protagonistes comme une malédiction puisqu’ils sont alors incapables de dominer leur animalité. Pire, une fois qu’il a perdu toute humanité, le loup-garou se retrouve sous l’influence néfaste de Dracula, auquel il se doit désormais d’obéir. Un élément déjà utilisé dans le cinéma fantastique des années 40 et qu’il est agréable de retrouver de nos jours.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Van Helsing est d’ailleurs un vibrant hommage à l’âge d’or du cinéma fantastique : Ces films produits dans les années 40 et dans lesquels se côtoyaient les monstres qui batifolaient seuls sur les écrans la décennie précédente, comme Dracula ou la créature de Frankenstein… Dommage, il manque à l’appel L’Étrange Créature du lac noir par exemple. Ceci dit, beaucoup de belles créatures sont là et s’avèrent représentées avec cohérence, talent et respect.

Les clins d’œil sont nombreux, c’est vrai, mais Van Hesling se sert surtout de la magie que dégageaient les films de l’époque. Ainsi, la première séquence se déroulant dans le château de Frankenstein, puis se poursuivant dans le moulin en flammes, est absolument magnifique. Tournée en noir et blanc, la séquence nous replonge agréablement dans le chef-d’œuvre de James Whale.

Tribut à Lon Chaney Jr., John Carradine, Glenn Strange, Lionet Atwill…

Le film de Stephen Sommers se révèle également truffé de décors superbes. Les paysages réalisés en images numériques ont su conserver toute la majesté et le charme des peintures sur verre d’antan. Jamais Stephen Sommers n’économise un plan large pour les mettre en valeur. Malgré un scénario riche, on prend cependant le temps de s’émerveiller.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Le scénario, respectueux du genre, est un autre élément louable. En dehors de quelques vannes que Van Helsing et son faire-valoir insipide ne peuvent s’empêcher de formuler dès que l’occasion leur en est donnée, l’humour se révèle prodigieusement absent. Van Helsing tente même le Diable avec un Dracula théâtral frisant parfois la parodie. Mais, la plupart du temps, Richard Roxburgh (Fragile, Le Chien des Baskerville en 2002…) créé un Dracula doté de multiples facettes, dont une certaine forme d’empathie…

Dès lors, le comte vampire dégage une aura différente de ce qu’on a l’habitude de rencontrer dans les films mettant en images ce triste sire. Séduisant, il est aussi bavard et finalement très proche d’un être humain. Lorsque, enfin, il s’apprête à devenir le monstre que l’on sait, sa condition est à ce moment-là éclipsée par son animalité. Impossible alors de le juger selon nos critères moraux.

D’ailleurs, la liaison qu’il entretient avec ses trois épouses vampires a tout de celle que l’on retrouve chez les fauves. Et comme tout chef de meute qui se respecte, Dracula hérite également du devoir de protéger ses femelles. Elles le craignent mais jamais on ne voit le maître de la nuit les maltraiter. Ainsi, les trois femmes vampires apparaissent non pas comme des créatures bêtement soumises mais comme dévouées à leur maître. Et si elles sont asservies, c’est parce qu’il est digne d’être leur chef.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Mépris de genre

Van Helsing reste pourtant un film mal-aimé. Les projets d’en faire l’initiateur d’une franchise furent abandonnés à cause de critiques violemment négatives. Sans doute est-ce dû à son statut de superproduction. Peut-être aussi fut-il desservi par un scénario faisant preuve de trop d’imagination en mélangeant tous ces mythes ? Le Dracula de Van Helsing est également très original et peut mécontenter. Le final, brouillon, en fait trop dans la surenchère et peut desservir le film, à raison cette fois.

Néanmoins, de tous les films nantis d’un budget conséquent et d’effets spéciaux numériques en veux-tu, en voilà, Van Helsing est celui qui est le plus respectueux du genre. Et pas seulement parce qu’une partie du film a été tournée dans les décors de Frankenstein (1931), Dracula (1931) et du Loup-garou (1941). L’amour voué au fantastique de la période de l’âge d’or de l’Universal transparaît largement à sa vision. En outre, force est de constater que les loups-garous sont particulièrement soignés. Voilà donc un film à réhabiliter d’urgence.

late phases 00

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Avec Late Phases, le réalisateur espagnol Adrian Garcia Bogliano signe son film le plus américain. Par la même occasion, il confirme surtout les espoirs fondés en lui après le très original Here Comes the Devil (2012), point culminant d’une vingtaine de courts et longs métrages réalisés en Amérique latine.

L’atout maître de Late Phases réside dans son protagoniste principal, Ambrose, personnage atypique, fâché contre le monde entier, ou presque. Son cynisme fait malgré tout mouche et génère l’empathie. Il est effectivement très drôle lorsqu’il manie le sarcasme en s’entretenant avec un vendeur de pierres tombales interprété par Larry Fessenden, producteur et, à ses heures perdues, réalisateur habitué aux honnêtes séries B comme Wendigo (2001) ou The Last Winter (2006). Néanmoins, son fils, qu’il traite avec ingratitude, reste la principale victime de son courroux perpétuel et cette attitude tempère la sympathie que l’on peut ressentir pour le personnage.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Ambrose est vétéran du Vietnam. Du front, il a rapporté sa cécité. Avec son chien d’aveugle Shadow, il emménage dans une petite résidence pour personnes âgées. Crescent Bay est un village idyllique, isolé du monde extérieur, où les personnes obsolètes comme lui attendent sagement la mort en évitant de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui sont en pleine possession de leurs moyens. Alors qu’il s’attend à un long séjour mortellement ennuyeux, Ambroise découvre que ses nouveaux quartiers ne s’avèrent finalement pas aussi paisibles que prévu. Dès la première nuit, un loup-garou dévore son adorable voisine. Par ailleurs, en voulant protéger son maître, Shadow perd également la vie. Ambrose n’a évidemment pas vu l’agresseur de ses yeux mais il est parfaitement conscient de sa nature fantastique. C’est le début d’une course contre la montre pour l’aveugle car, la prochaine pleine lune, c’est dans un mois.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Marty et Ambrose même combat

Si Ambrose se sent vieux et handicapé, il n’est en revanche pas stupide. En effet, il a compris de quel bois se chauffe la créature qui sort de la forêt pour s’attaquer aux habitants de Crescent Bay. Et ce, malgré sa cécité. Un savoir qu’il partage avec le spectateur. Une sorte de lien symbolique s’établit entre le public et ce personnage bourru qui n’a rien d’une icône. Cet exploit est à mettre au profit de l’acteur Nick Damici qui sait aussi signer les scénarios de séries B intéressantes telles que The Stakelander (2016), We are what we are (2013) ou Mulberry Street (2006).

Ambrose rappelle Marty, le héros de Peur Bleue interprété en 1985 par le regretté Corey Haim. La similitude entre les deux films s’accentue même lorsque les soupçons se portent de plus en plus clairement sur la personne du révérend du village. Late Phases prend d’ailleurs une direction similaire au film de Daniel Attias en s’attachant à montrer comment notre vieillard se prépare à l’affrontement en attendant la prochaine pleine lune.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Late phases propose cependant deux éléments différents.

D’une part, Ambrose ne découvre pas tout de suite qui est la figure maudite de la communauté, offrant ainsi au film la possibilité de maintenir le suspens sur l’identité de la créature.

Ensuite et surtout, Late Phases s’intéresse principalement à la perte. Ambrose est un vétéran. Il a perdu la vue mais aussi la guerre. Ainsi que le respect des autres et l’estime de soi. Aigri, il a construit un mur. Cet ennemi monstrueux représente pour lui la chance d’une éventuelle rédemption. Marty, pour sa part, se servait de la situation pour démontrer son courage : Hors de question de le réduire à l’état d’estropié. Marty et Ambrose se retrouvent d’ailleurs sur ce point puisque ce dernier abhorre particulièrement ce terme.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Taciturne is beautiful

Amoureusement fabriqué par des passionnés de cinéma fantastique, les effets-spéciaux livrent néanmoins une impression mitigée. La première apparition du loup garou est excellente. Filmée furtivement, la créature est immense, effroyable, brutale, majestueuse. Plus tard cependant, la caméra s’attarde sur un attroupement de créatures qui, cette fois, paraissent bien moins crédibles, presque clownesques.

Cette déception n’enlève cependant rien à la superbe scène de transformation qui bénit littéralement Late Phases. Comme dans Van Helsing (2004), le monstre se dissimule à l’intérieur du corps et doit douloureusement s’extraire de sous la peau. Mais Stephen Sommers avait opté pour des effets spéciaux numériques pour permettre à son monstre de se dévoiler. La transformation était rapide, sans démesure, presque bâclée. Pour cette séquence, Late Phase préfère se rapprocher de la fameuse séquence culte de La Revanche de Freddy (1985) durant laquelle le croque-mitaine quitte le monde des rêves pour celui des vivants en traversant littéralement un malheureux adolescent. Résultat pour Late Phases : l’effet convainc autrement plus que la métamorphose fade de Van Helsing.

Cette version moderne et désillusionnée de Peur Bleue sort des rangs en optant pour un ton sombre et déprimé. Mais Late Phases n’évite pas certains stéréotypes. Malgré un principe de départ fort original, l’histoire demeure en effet somme toute prévisible. Ceci étant dit, le film d’Adrian Garcia Bogliano reste attachant et hautement recommandable.

Pleine lune 00

Pleine Lune – lutte inégale pour la tête de meute

Pleine Lune est tiré d’un roman de Wayne Smith, Thor, publié en 1992 et qui n’a malheureusement pas été traduit en français.

Dans le livre, une famille accueille l’oncle Ted, sans se douter de la menace que représente ce nouveau venu. Seul Thor, le berger allemand, soupçonne Ted de dissimuler ses véritables intentions. Flairant là un danger pour les autres membres de la famille, Thor prend alors très à cœur son devoir de protection de sa meute.

Chien domestiqué vs homme-loup

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Quelques différences sont perceptibles entre le livre et le film. Par exemple, la famille recueillant Ted n’est plus composée que d’une mère et d’un fils alors que dans le roman elle était complète et avec trois enfants. Ces choix permettent de simplifier le script et par voie de conséquence, de diminuer le budget. En revanche, l’histoire n’est plus racontée du point de vue de Thor, ce qui change naturellement le ton de l’histoire. Quoi qu’il en soit, Pleine Lune reste intéressant et s’avère même une œuvre très originale dans le genre.

D’abord parce que le film signé Eric Red conserve l’essentiel qui faisait la saveur du livre, à savoir la confrontation entre les deux animaux. Ainsi, la nécessité pour Thor de protéger sa famille est prégnante tout au long du métrage. Tout comme son trouble d’ailleurs face à cet humain pas comme les autres. En conséquence, le chien ne parvient pas à déterminer la nature de la menace qui pèse sur eux. Au final, en évitant l’anthropomorphisme tout en prenant bien garde de ne pas attribuer à Thor la capacité de raisonner comme un être humain, Pleine Lune parvient à conserver une certaine crédibilité.

Michael Paré en loup-garou pas comme les autres

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Ted est incarné par Michael Paré, acteur très populaire durant les années 80 où il tenait le haut de l’affiche dans des films comme Les Rues de feu (1984) ou Philadelphia Experiment (1984). Il donne corps à un personnage très original dès le premier abord et évoluant durant le métrage. Au début, il apparaît clairement comme la victime d’une terrible malédiction puisqu’il n’a pas seulement perdu sa bien-aimée. En effet, il doit de surcroît se retirer du monde pour prévenir les drames lorsqu’il se transforme.

Ses contradictions apparaissent néanmoins lors de ses affrontements avec Thor. La rivalité qui naît entre Ted et le berger allemand révèle finalement l’animal qui est en lui, et son instinct de survie. Petit à petit, la pulsion s’impose et prend l’avantage sur son humanité. À la fin du film, la créature en vient à raisonner comme une bête, considérant alors sa famille comme une meute à dominer.

Certes, cette évolution ne s’avère pas toujours dessinée de la manière la plus adroite qui soit mais avec un peu d’imagination, on peut facilement combler les trous. En tout état de cause, l’idée avancée dans le film qui présente le fait que la malédiction et les nuits de pleine lune ne sont pas les seuls éléments capables de contaminer le comportement humain de Ted se révèle intéressant et très original.

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Un loup-garou fantastique

En termes de maquillage et d’effets spéciaux, Pleine Lune n’hésite pas à verser dans le gore. Par ailleurs, le loup-garou est superbe, imposant et majestueux. Les responsables des trucages livrent une créature dans la lignée de ce qui se fait de mieux dans le genre. La déception est d’autant plus grande lorsque l’on découvre la scène de transformation, réalisée à l’aide d’un vulgaire effet de morphing. Très à la mode dans les années 90, ce moyen pour illustrer un changement de forme fait figure de passe-passe particulièrement bas de gamme aujourd’hui.

Pleine Lune restera malgré tout une sévère déconvenue pour Eric Red, pourtant habitué aux succès. En effet, en tant que scénariste, il est l’auteur de deux films phare des années 80 : Hitcher et Aux frontières de l’aube. Pleine Lune, pour sa part, ne rapporte à son producteur qu’un million de dollars contre sept engagés. L’échec commercial est si cuisant que le métrage ne sort pas au cinéma en Europe. C’est sans doute la raison pour laquelle cette honnête série B demeure si obscure, malgré ses nombreux atouts.

Bad Moon – USA – 1996 ; réalisation : Eric Red ; interprètes : Mariel Hemingway, Michael Paré, Mason Gamble, Ken Pogue, Hrothgar Mathews…

Bande-annonce

I Was a Teenage Werewolf 00.a

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony, le héros de Les Griffes du loup-garou, partage des traits de caractère avec Jim Stark, son alter égo de La Fureur de vivre. Fougueux et rebelle, ils sont aussi membres de la génération silencieuse, celle née entre le milieu des années 20 et 1945. Réputés pour leur tendance à la conformité et au traditionalisme, cette génération a pourtant aussi initié la contre-culture des années 60 et est à l’origine du Rock ‘n’ roll… Quoi qu’il en soit, tout comme le film qui a fait de James Dean une légende, Les Griffes du loup-garou est une œuvre charnière entre classicisme et modernité.

La Fureur de vivre, Les Griffes du loup-garou… Même combat !

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Les jeunes, méfiez-vous des adultes

Tout comme La Fureur de vivre et Jim, Les Griffes du loup-garou et Tony sont le symbole d’une jeunesse en manque de repères où déjà pointent l’éclatement de la famille et la défiance vis-à-vis des adultes.

Ainsi, le père de Tony demeure totalement dépassé par l’agitation et les émotions qui grondent à l’intérieur de son fils. En effet, Tony rencontre bien des difficultés à contrôler ses émotions qui s’expriment trop souvent par la violence. Il demande conseil à son paternel qui, impuissant, se contente de lui recommander de faire ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire obéir, se conformer : « Fais ce que les gens attendent de toi et ils te laisseront tranquille ».

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony, en plein marasme, n’a rien à attendre de l’école non plus. L’institution scolaire met même en exergue ses troubles dans une scène décisive durant laquelle Tony se retrouve seul avec une camarade s’entraînant sur un cheval d’arçons. Alors que la jeune fille réalise des figures tendancieuses dans son body moulant, la sirène retentit furieusement aux oreilles du garçon, comme pour le sermonner d’avoir eu des pensées lubriques. Dans le même temps, le sermon provoque par la même occasion la transformation du jeune homme en une créature lycanthrope.

La police, quant à elle, ne connaît que la violence et la répression. Elle n’est pas non plus de bon conseil puisque c’est elle qui invite Tony à se rendre chez un psychologue. Or, le scientifique ne lui sera d’aucune aide…

Tony tombe ainsi entre les mains d’un charlatan obnubilé par ses fantasmes de régression. Il lui promet la guérison. Tristement, jusqu’à sa fin tragique, Tony garde confiance et reste convaincu que seul le Dr Brandon peut l’aider.

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tout ça pour 80 000 $

Le succès de Les Griffes du loup-garou, I Was a Teenage Werewolf dans sa version originale, sera tel qu’il enfantera trois autres I Was a Teenage machin truc… Ce sera un vampire dans Blood of Dracula, un monstre dans How to Make a Monster et une créature de Frankenstein dans I was a Teenage Frankenstein.

Pour une fois, on ne trouve pas de Roger Corman à la baguette, mais un autre briscard de la série B : Samuel Z. Arkoff, fondateur en 1954 de l’American International Pictures. Avec sa société, Arkoff produit des films aux budgets étriqués, mais qui sont presque toujours rentables.

À la réalisation, Gene Fowley Jr. assure tellement bien les arrières de son producteur que l’on ne se rend même pas compte que le bureau du psychologue est le même que celui du proviseur du lycée. L’année suivante, Fowley réalise son chef-d’oeuvre : Les Monstres sur notre planète (I Married a Monster from Outer Space).

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony est interprété avec conviction par le très jeune Michael Landon qui allait devenir mondialement connu en donnant corps à Charles Ingalls de La petite maison dans la prairie. Ainsi, après avoir incarné la jeunesse rebelle, il passera de l’autre côté de la force en devenant adulte… Tout un symbole.

L’infâme Dr Brandon est, pour sa part, incarné par le vétéran Whit Bissell qui a joué dans une liste de classiques aussi longue que le bras (Soleil Vert, La Machine à explorer le temps, L’Étrange Créature du lac noir, Les 7 mercenaires…)

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Un loup-garou respectueux de ses aïeux

Entre tradition et modernité, cette solide série B fait preuve de compromis. Ainsi, le loup-garou bénéficie d’un maquillage respectant parfaitement le loup-garou imaginé par Jack P. Pierce en 1941 dans le film de George Waggner.

Cependant, Tony n’est pas un loup-garou à proprement parler… Malgré la présence d’un vieux Roumain qui tente de créer un lien entre ce qui arrive au garçon et les créatures qui s’ébattent dans les forêts de sa terre natale, Tony est une créature de la science. En conséquence, une balle en argent n’est pas nécessaire pour en venir à bout et ce n’est pas non plus la lune pleine qui provoque sa transformation. Une singularité qui fait de Les Griffes du loup-garou l’une des rares œuvres du genre à laquelle on peut coller l’étiquette SF.

I Was a Teenage Werewolf, Blood of the Werewolf – USA – 1957 ; réalisation : Gene Fowler Jr. ; interprètes : Michael Landon, Yvonne Lime, Whit Bissell, Charles Willcox, Dawn Richard, Barney Phillips, Ken Miller, Cynthia Chenault…

Bande-annonce

Dog Soldiers en Blu ray et 4K

Dog Soldiers en Blu-ray et 4K

Vous avez le choix ! Dog Soldiers de Neil Marshall, l’un des meilleurs films de loup-garou du millénaire, est disponible à partir du 16 novembre en Blu-ray et 4K, grâce à BQHL Éditions.

Retrouvez notre critique, les photos et la bande-annonce ici :

http://lecranmechantloup.com/dog-soldiers-loup-garou-sen-va-t-en-guerre

wer 00

Wer (2013) – Le loup-garou de Lyon

Le réalisateur William Brent Bell s’est fait remarquer dans le fantastique avec le décrié Devil Inside (2012) et l’intéressant The Boy (2016). Quoi qu’il en soit, à chaque fois, le metteur en scène est parvenu à moderniser des thématiques classiques tout en restant parfaitement fidèle aux conventions du genre. Il en est de même dans Wer : de la pleine Lune jusqu’aux origines roumaines, en passant par la famille qui vit esseulée dans les bois, difficile de se sentir perdu.

En France, près de Lyon, une famille est retrouvée dans la forêt, massacrée. Pour la police, il ne fait aucun doute que le coupable est un certain Talan Gwynek, un type immense recouvert de poils et vivant dans la forêt avec sa maman d’origine roumaine. Cependant, l’avocate américaine Kate Moore et ses deux adjoints, qui s’occupent de la défense du présumé coupable, sont affirmatifs : aucun être humain ne peut avoir généré les horribles blessures constatées sur le petit garçon ou le père. L’avocate se met donc en tête d’innocenter Talan. D’ailleurs, en étudiant le suspect, elle découvre que celui-ci souffre de porphyrie, une maladie qui se manifeste par une faiblesse osseuse. Cette révélation invalide l’éventualité qu’il ait pu se rendre coupable de la brutale attaque subie par la famille de touristes américains.

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Une cure de chair fraîche

En général, Wer tente de prendre l’aspect d’un faux documentaire, voire d’un Found footage même parfois. Ainsi, la caméra n’arrête pas de bouger. Une mode du début du millénaire, bien déplaisante, générant certains effets secondaires comme le mal de mer. Néanmoins, reconnaissons que les qualités du film parviennent à faire passer au second plan cet inconvénient…

D’ailleurs, Wer se révèle extrêmement agréable à regarder. L’homme suspecté d’être le loup-garou se montre incroyablement effrayant et dans le même temps touchant. Le loup-garou, quant à lui, s’avère même carrément glaçant. Grâce à un effet technique malin, William Brent Bell parvient même à rendre crédible sa puissance et surtout sa vélocité.

Les meurtres se déroulent avec sauvagerie, comme cela devrait être le cas pour n’importe quel massacre perpétué par nos amis à quatre pattes. Les résultats des carnages témoignent de leur violence, et ne nous sont pas épargnés non plus. Ils démontrent aussi l’excellence des effets spéciaux conçus par des gens de toute évidence compétents et habitués à la série B fantastique.

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Le petit monde de Wer

Pour entretenir le suspens, plusieurs intrigues se déroulent en même temps : les études consacrées à la maladie générant la transformation en loup, l’enquête afin de découvrir qui est contaminé, la corruption dans laquelle semblent tremper flics et hommes politiques.

Dans sa dernière partie, Wer se transforme en film d’action convaincant mené tambour battant. On se rend compte alors à quel point les films de série B contemporains ont perdu le sens du système D. Auparavant, dans les années 80 pour ne pas les citer, l’argent ne coulait pas à flot mais il se voyait investi là où il le fallait. Chaque franc dépensé était visible à l’écran. Dans Wer, c’est pareil… Ainsi, lorsqu’un ours surgit à l’improviste, c’est un vrai ours en chair et en os auquel on a affaire et pas un truc vaguement ressemblant composé avec Paint.

Le manque de moyens se voit quand même… claustrophobes préparez-vous… Petit, exigu, étriqué, réduit.. sont aussi des mots qui définissent Wer… Ainsi, tous les plans sont serrés, à tel point qu’on a parfois l’impression de regarder un film cinémascope recadré en 4/3… Et si le film peut sembler oppressant, ce n’est pas en raison de son atmosphère, mais plutôt parce que le cameraman filme au plus près pour éviter que l’on ne découvre que l’action ne se situe pas dans un commissariat mais dans les couloirs d’un HLM…

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Cocorico !

Comme le film se déroule en France, nous avons droit à quelques clins d’oeil humoristiques toujours plaisants quand il s’agit de recevoir des fleurs… Ainsi, lorsque l’un des protagonistes se plaint d’être malade et attribue son incommodité au dîner, son collègue lui lance un bien senti : « Oui bien sûr, c’est vrai que la France est réputée pour sa malbouffe ». Venant d’Américains, ça fait toujours plaisir.

Dans le rôle du flic imbuvable, on retrouve le Français Sebastian Roché. Convaincant, ses réparties bien senties sont balancées avec talent. Malheureusement, son personnage se cantonne trop souvent à râler, ne montrant l’étendue de sa personnalité que trop tard à la fin du métrage.

En général, on regrettera les acteurs sélectionnés qui ne génèrent pas d’identification possible avant une bonne heure de métrage. En effet, les trois compères ressemblent plus à des chanteurs de pop rock qu’à des avocats. Probable qu’ils aient plutôt été choisis pour leur carrière passée que pour leur adéquation avec le rôle.

Par exemple, la jolie A.J. Cook fait partie des Virgin Suicides tandis que Sebastian Roché s’est illustré dans Le Dernier des Mohicans et Le Pacificateur.

Il n’empêche que Wer sait divertir. Le film de William Brent Bell impressionne même, en réussissant là où beaucoup ont échoué : faire un film moderne réellement inquiétant avec un loup-garou.

USA – 2013 – réalisation : William Brent Bell ; interprètes : A.J. Cook, Sebastian Roché, Stephanie Lemelin, Vik Sahay, Oaklee Pendergast, Simon Quarterman, Alexandra Pirici, Brian Johnson, Corneliu Ulici

Bande-annonce

Hurlements n°3

Hurlements n° 3 de Gary Brandner

Ne cherchez pas de similitudes entre Hurlements n° 3 et les deux précédents romans de la saga. Le personnage de Karen, véritable souffre-douleur des lycanthropes durant deux récits, ne figure même pas dans ce nouvel opus. En revanche, il est possible de trouver de surprenants points communs avec un film comme Ginger Snaps évoquant les difficultés liées à la puberté…

Histoire revisitée

Un adolescent est retrouvé dans la forêt. Les autorités estiment que cet enfant sauvage est le seul rescapé du village de Drago, incendié il y a maintenant un an. Hospitalisé, celui que l’on surnomme Malcom, est confié au Dr Holly Lang qui le prend sous son aile. Malheureusement, le Dr Wayne Pastory, médecin ambitieux et sans scrupules, kidnappe l’enfant loup afin de l’étudier et lui faire subir de cruelles expériences dans sa clinique privée. Dans le même temps, Derak, ancien chef de la communauté de Drago toujours en vie, souhaite ramener Malcom parmi les siens. Holly arrivera-t-elle à tirer Malcom des griffes de Pastory avant que Derak ne lui mette la main dessus ?

L’histoire se déroule après les événements du premier livre, tout en se permettant quelques libertés vis-à-vis de la conclusion du récit original. Ainsi, nous apprenons que ce sont désormais les habitants d’un village voisin qui ont mis le feu et détruit Drago. Cette petite incartade à ce qui s’avérait communément admis permet d’offrir aux maudits lycanthropes un background plus avantageux, les assimilant presque à des victimes. Cette étrange impression n’est pas démentie par la suite. L’auteur n’hésite pas à donner parfois le mauvais rôle aux êtres humains.

D’autres changements importants surprennent… Par exemple, les loups-garous de Hurlements n° 3 n’ont plus l’apparence de loups ordinaires… Ce sont désormais de “vrais” loups-garous comme on a l’habitude d’en voir en 1985 au cinéma. Dès lors, fiers de leur nouvelle capacité à se dresser sur leurs pattes arrières, ils semblent tout droit sortis du Hurlements de Joe Dante. Gary Brandner s’inspirerait-il de l’adaptation cinématographique de son livre… Drôle de retour à l’envoyeur…

Hurlements n° 3 de Gary Brandner

Malcom, un loup-garou pas comme les autres

Une partie du livre raconte comment Malcom le sauvageon s’adapte à la civilisation en travaillant dans une fête foraine. Cette partie pourrait avoir servie de source d’inspiration pour Hurlements VI dans lequel le héros trouve également refuge dans une troupe de monstres. Mais, cette partie est surtout intéressante car elle permet de voir évoluer le personnage de Malcom. Là, durant son numéro, notre héros est enfermé dans une cage et se transforme lentement, ce qui l’amène à détruire son cagibi et effrayer les spectateurs. L’élément déclencheur est la contrariété, une émotion que l’on peut facilement provoquer. Ainsi, Malcolm s’avère dorénavant capable de contrôler sa transformation en générant les conditions pour la provoquer, y compris en pleine journée.

C’est une évolution par rapport aux loups-garous traditionnels qui dépendent des pleines lunes pour libérer leur nature destructrice. Cette singularité dont a hérité Malcom peut être vue comme une parabole sur la puberté. On peut la subir, mais Malcolm décide de transformer cet élément en quelque chose de bénéfique, qui lui permettra même de s’émanciper de sa condition de victime maudite et d’orphelin. Et ainsi de trouver sa place.

La puberté est une période que tout le monde connaît bien. En conséquence, cette composante participe à générer de l’affection envers Malcom. Et en effet, très vite, le lecteur développe sympathie et compassion pour ce héros atypique.

Des émotions en veux-tu, en voilà

D’autres personnages suscitent la compassion. Parmi eux, Jones, le géant vivant en reclus dans la forêt et qui accueille le malheureux Malcom. Il s’est révélé touchant, au point qu’on aurait apprécié que l’auteur lui réserve un sort moins sinistre.

Si le livre s’avère riche en émotions fortes, c’est aussi parce qu’il comporte un méchant emblématique dont la menace se fait sentir durant toute la lecture. Le docteur Pastory est effectivement une ordure de premier ordre. Pour exploiter les caractéristiques de Malcom, il n’hésite pas à vilement le soustraire au docteur Lang. Alors que Malcom montrait des avancées et commençait à sortir de sa condition d’enfant sauvage, il se retrouve enfermé dans une clinique privée éloignée de tout. Là, il est confié à une brute épaisse et sadique qui n’hésite pas à lui faire subir quelques supplices. Pastory est sans nul doute un véritable danger pour Malcom et génère, pour le lecteur, un suspens de tous les instants.

Hurlements n° 3 constitue une excellente conclusion à la trilogie initiée par Gary Brandner. Le roman se hisse sans problème au niveau des deux précédents. Plus encore que le second livre, Hurlements n° 3 exploite avec originalité l’idée de départ afin de souffler un vent singulier sur la mythologie. Une caractéristique décidément commune à tous les romans de la saga. Le soin apporté aux personnages toujours séduisants est une autre constante de chacun des ouvrages. Alors que les deux premiers romans proposaient une Karen dépressive, cette fois-ci nous avons un gamin se démenant pour exister et qui doit choisir entre vivre comme un humain ou suivre la voie de la nature. En exploitant les traumatismes psychologiques dans les deux premiers livres, puis les réflexions sur la condition humaine dans le troisième, la saga Hurlements au format bouquin se montre également profondément moderne.

The Howling III: Echoes – USA – 1985

Hurlements n° 3 de Gary Brandner
metalbeast 00

Metalbeast – Lycanthrope scientifiquement modifié

Metalbeast s’illustre par sa générosité débordante, mais aussi à travers un scénario qui laisse sans voix…

Dans un château en Hongrie, deux soldats en mission secrète traquent un loup-garou afin de lui prélever quelques gouttes de sang. Grâce au précieux liquide, la CIA compte mener des expériences à des fins évidemment militaires. Mais, Butler, qui est le seul à être revenu vivant des Carpates ne l’entend pas de cette oreille. Il décide de s’injecter le sang du lycanthrope, espérant ainsi développer une force surhumaine. L’expérience tourne mal et le colonel Miller abat froidement la créature. Afin d’effacer toutes les traces, il décide également d’exterminer l’équipe de scientifiques qui travaillait sous ses ordres. Les cadavres congelés doivent être conservés dans le sous-sol.

Les années passent… Le colonel Miller revient sur les lieux du drame avec une nouvelle équipe de scientifiques. Cette fois-ci avec l’intention de développer un tissu organique fait de métal à destination des grands brûlés. Miller, lui, compte utiliser cette innovation sur le cadavre de Butler.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Les idées fusent

Une histoire abracadabrantesque également truffée d’incohérences… Ainsi, les motivations du colonel Miller, qui change constamment d’avis, resteront à jamais inexpliquées.

En réalité, le film d’Alessandro de Gaetano fait partie de ce que l’on appelle les séries Z ou les nanars. Cette évidence saute aux yeux dès la fin de l’introduction… Une séquence qui se trouve être la plus ambitieuse du métrage d’ailleurs… Même si le tournage de la séquence n’a évidemment pas eu lieu dans les Carpates. Le reste du film se déroule, pour sa part, dans trois ou quatre pièces dépouillées.

L’interprétation est également plutôt quelconque, bien que les interprètes habitués aux téléfilms et séries s’en sortent finalement pas si mal eu égard aux dialogues invraisemblables qu’on leur demande de débiter.

Quoi qu’il en soit, ces tares peu reluisantes n’arrivent pas à plomber Metalbeast. Incroyable mais vrai… Car, en effet, force est de constater que l’entreprise reste honnête.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Une série Z consciencieuse

Malgré l’espace exigu dans lequel se déroule l’intrigue, l’aventure n’est jamais ennuyeuse ou redondante. Plus épatant encore, l’histoire se révèle riche en rebondissements et ne lasse jamais. L’évolution des expériences menées sur le pauvre soldat Miller qui se voit recouvert de plaques de métal organique se laisse voir avec curiosité. D’autant plus que les tests pratiqués sont magnifiés par d’excellents maquillages très peu ragoûtants, signés David Barrett (Carnosaur, Scanner cop…). Et, quand les aléas de la narration l’exigent, le film n’hésite pas non plus à verser dans le gore.

À l’état humain, John Marzilli se montre parfait en militaire taciturne. Une fois transformé en Metalbeast, c’est Kane Hodder, figure emblématique du cinéma d’Horreur, qui prend le relais. Kane Hodder, c’est un habitué des rôles de monstres puisqu’il a incarné Jason Voorhees dans Jason X et Vendredi 13 – Chapitre 9 : Jason va en enfer, ainsi que Leatherface dans le troisième épisode de la saga des Massacre à la tronçonneuse.

Enfin, la créature est superbe. L’élaboration du monstre semble trouver son inspiration dans les lycanthropes du premier Hurlements pour l’allure, de Predator pour les dreadlocks et de l’Alien de Giger pour l’aspect sombre et brillant.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Loup-garou et transhumanisme

Comme il s’agit ici d’une créature génétiquement modifiée, il n’y a pas de transformation à proprement parler. En conséquence, il serait bienvenu de classer Metalbeast parmi les œuvres de science-fiction. Cela n’empêche pas le scénariste de se permettre un peu de fantaisie avec un monstre qui n’en rejette pas moins ses origines surnaturelles… On n’est plus à une ou deux incohérences près… Ainsi, le monstre craint les crucifix et il faudra rien de moins qu’un obus doté d’une tête explosive en argent pour en venir à bout !

Décédé en juin 2023 dans la plus grande discrétion, Alessandro De Gaetano s’est rendu coupable d’une demi-douzaine de nanars. Metalbeast, pour sa part, peut être considéré comme un plaisir délicieusement coupable.

Project: Metalbeast – USA – 1995 ; réalisation : Alessandro De Gaetano ; interprètes : Kim Delaney, Barry Bostwick, Kane Hodder, John Marzilli, Musetta Vander…

loups garous a1

Loups-Garous de Josh Ruben – sans Thiercelieux

Loups-Garous de Josh Ruben est l’adaptation d’un jeu vidéo en réalité virtuelle du même nom, lui-même inspiré du célèbre jeu de société Les Loups-garous de Thiercelieux.

Le nouveau shérif débarque dans le petit village isolé de Gallowston au milieu de l’hiver et découvre des villageois méfiants, voire paranoïaques, s’accusant mutuellement d’être des meurtriers, voire des loups-garous. Quelle once de vérité se cache derrière cette hystérie collective ?

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

À l’origine était un jeu de société

Peut-être connaissez ce divertissement créé en 2001 à mi-chemin entre jeu de société et jeu de cartes ? L’action se déroule dans le village de Thiercelieux où, chaque nuit des villageois se transforment en loups-garous pour dévorer d’autres villageois. Les villageois incarnés par les joueurs découvrent chaque matin la personne qui manque à l’appel. Dès lors, des débats s’ensuivent afin de démasquer les loups-garous se cachant parmi eux. Ce qui fait le sel de ce passe-temps, c’est que les joueurs incarnent différents types de villageois : la petite fille capable de regarder ce qui se passe la nuit quand les autres joueurs sont assoupis, la voyante peut connaître le véritable visage de chacun, la sorcière dispose du don de ramener un mort à la vie ou d’empoisonner un être nuisible. Et, bien sûr, il y a les loups-garous…

Ce principe de base a connu une sacrée évolution entre sa forme originelle et le film. Au point où les amoureux du jeu risque de ne pas retrouver leur loisir favori dans cette transposition cinématographique.

D’une part, le film perd le charme du cadre moyenâgeux puisque l’action s’avère transportée au présent. D’autre part, de nouveaux personnages, absents du matériau d’origine, font leur apparition…

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

Trahison en bonne et due forme

Ces protagonistes se montrent tous outrageusement stéréotypés, unidimensionnels mais surtout totalement superficiels… Du black sympa qu’on a envie d’aimer parce qu’on n’est pas raciste, à la fille juste mignonne ce qu’il faut pour être accessible au premier venu, en passant par le capitaliste cupide comme s’il pouvait en être autrement, jusqu’au couple de gais caricaturant masculinité et féminité grotesquement… aucun personnage n’inspire l’intérêt et encore moins la sympathie.

Or, l’originalité du jeu était justement l’art de la nuance… Mentir, manipuler, jouer un imposteur… Ces innovations trahissent tout simplement l’œuvre originale.

En outre, on peut légitimement s’interroger sur ce choix méprisant de faire incarner à l’écran les joueurs par des personnages non seulement ultra-stéréotypés, mais aussi singulièrement crétins.

En effet, tous sont plus ou moins stupides, pathétiques ou ridicules, habités de sentiments petits de surcroît. Le film met en avant ces caractéristiques comme s’il s’agissait de simples traits de caractères définissant personnages et individus.

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

Consommable et jetable

Ceci étant dit, Loups-Garous fait assurément le travail en termes de divertissement pur… À condition que l’on ne soit pas gêné à l’idée de s’identifier à des personnages inconsistants, bien sûr.

D’ailleurs, si, pour vous, Les Loups-garous de Thiercelieux appartient à la catégorie des jeux bavards et ennuyeux, vous serez assurément conquis par le film de Josh Ruben bien plus facilement assimilable et consommable… Jetable aussi c’est vrai.

Il est vrai que le charme du village médiéval est passé à la trappe. Mais Loups-Garous compense en situant son action en plein milieu de l’hiver. La neige ne cesse de tomber dans ce petit coin perdu de l’Amérique profonde, isolant le village du reste de la civilisation ; le huis-clos est crédible et le charme opère.

Comme le métrage s’inspire d’un jeu de société, l’ambiance est résolument festive. L’humour est omniprésent et Loups-Garous parvient à divertir agréablement son public.

Distraire est le point fort de Loups-Garous qui applique à la lettre un condensé de recettes qui ont fait leur preuve. Mais on peut aussi divertir avec une comédie un peu plus profonde comme l’a démontré Jim Cummings avec The Wolf of Snow Hollow.

Werewolves – USA – 2021 ; réalisation : Josh Ruben ; interprètes : Sam Richardson, Milana Vayntrub, George Basil, Sarah Burns, Michael Chernus, Catherine Curtin, Wayne Duvall, Harvey Guillén…

Bande annonce :

nuit de noce chez les fantomes a1

Nuit de noces chez les fantômes

Nuit de noces chez les fantômes est un joli hommage aux films d’épouvante de la Universal des années 30.

Larry Abbot (Gene Wilder) et Vickie Pearle (Gilda Radner) sont des vedettes radiophoniques qui animent sur les ondes des pièces horrifiques gothiques. Alors qu’ils s’apprêtent à célébrer leurs noces, Larry est de plus en plus souvent sujet à des troubles de la parole. Vickie pense qu’il n’y a pas à s’en inquiéter et qu’il s’agit de symptômes dus au stress prénuptial ! Mais l’oncle de Larry, le Dr. Paul Abbot, demeure persuadé que ces troubles proviennent d’un traumatisme profond. En guise de remède, le médecin propose une thérapie de choc. Celle-ci doit se dérouler dans le château où Larry a passé son enfance. La sinistre demeure, poussiéreuse et remplie de toiles d’araignées, est en outre habitée par d’excentriques membres de la famille. Arriveront-ils à lui donner la peur de sa vie ?

Nuit de noces chez les fantômes

Old dark house comedy

Parmi toutes les références citées par Nuit de noces chez les fantômes, celle qui nous intéresse le plus s’avère le nom assigné au personnage principal interprété par Gene Wilder. Larry Abbot est un clin d’œil au patronyme attribué au protagoniste incarné par Lon Chaney Jr. dans Le loup-garou signé George Waggner en 1941 : Lawrence Talbot.

Contrairement au héros du film de George Waggner, son succédané n’est pas réellement maudit, lui. La grande tante de Larry a beau informer la famille attablée qu’un loup-garou rôde dans le parc autour du château, le film n’essaye pas longtemps de nous faire croire que le fantastique est la source des étranges événements qui rythment le séjour de Larry Abbot.

Nuit de noces chez les fantômes

Très vite, l’intrigue dévoile le pot aux roses. On apprend alors que l’un des héritiers cherche tout simplement à faire passer son parent pour fou. Il souhaite tout simplement s’emparer de l’héritage.

Afin de parvenir à ses sombres desseins, le sinistre personnage n’hésite pas à user de différents stratagèmes. Par exemple, il utilise des bras articulés sortant de la terre pour faire croire à la présence d’un zombie dans le potager. Plus tard, il suspend sa fiancée à des fils devant la fenêtre pour la transformer en fantôme flottant… C’est d’ailleurs lui qui donnera de sa personne en se déguisant en loup-garou afin d’affoler la galerie. Le maquillage rappelle évidemment celui appliqué sur le visage de Lon Chaney dans le film de la Universal.

Succès d’estime

Nuit de noces chez les fantômes est le cinquième et dernier film réalisé par Gene Wilder. L’acteur passé maître dans la comédie bénéficie à l’époque d’un visage connu de tous. On se rappelle sa prestation dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe… Sans jamais oser le demander.

Au milieu des années 70, on trouve Gene Wilder en tête d’affiche d’un autre film au sujet assez proche… Frankenstein Junior. Malheureusement, Gene Wilder ne rencontrera pas le même succès que Mel Brooks. Fort heureusement, le film rattrapera sa désastreuse carrière en salle grâce au marché de la VHS. Il en profitera alors pour s’octroyer, au bout du compte, un joli petit succès d’estime.

Nuit de noces chez les fantômes

L’humoriste nous offre ici un film agréable et sympathique. L’œuvre mésestimée est en outre dotée d’une ambiance résolument fidèle à celle de l’âge d’Or du cinéma d’épouvante.

L’humour, bon enfant, est assuré par des acteurs investis. Aux côtés de Gene Wilder, on trouve Gilda Radner, membre du Saturday Night Live, émission humoristique culte aux USA qui a débuté en 1975. Décédée d’un cancer quelques années plus tard, elle brille aux côtés d’autres comédiens habitués à la comédie comme Jonathan Pryce (Jumpin’ Jack Flash) ou Dom DeLouise (La Folle Histoire du monde).

La durée trop courte du film et le scénario expéditif laissent cependant supposer que tout ne s’est pas déroulé comme prévu lors de la production.

Haunted Honeymoon – USA 1986 ; réalisation : Gene Wilder ; interprètes : Gene Wilder, Gilda Radner, Dom DeLuise, Jonathan Pryce, Bryan Pringle…

Page 2 of 8

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén

Campagne de don pour L'Écran Méchant Loup

Si vous le souhaitez, vous pouvez soutenir notre site dédié aux loups garous en nous offrant quelques euros.



Abonnez-vous

C'est gratuit et vous recevrez nos articles par mail.

Vous avez bien été abonné à la newsletter

Il y a eu une erreur en essayant d’envoyer votre demande. Veuillez essayer à nouveau.

L'Écran Méchant Loup will use the information you provide on this form to be in touch with you and to provide updates and marketing.