Lycanthropes et Loups-garous au cinéma

Catégorie : Contemporains Page 1 of 2

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Scare Me – Vous n’avez rien vu

Un loup-garou harcèle une famille. Un grand-père terrorise sa petite-fille depuis sa chaise roulante qui couine. Un troll cannibale se cache dans les coursives d’un immeuble… Dans le fond, Scare Me est une simple anthologie mais dans la forme, le film de Josh Ruben propose un concept particulièrement expérimental, et pas bancal.

Fred est un auteur frustré se débattant pour s’extirper de la masse des losers de sa profession. Il espère trouver l’inspiration lors d’un séjour en chalet. Sa voisine, Fanny, en revanche, vient de connaître le succès critique et public à l’occasion de la sortie de son best-seller, réputé comme étant l’un, voire le meilleur livre d’horreur de tous les temps. Rien que ça ! Alors qu’une tempête de neige s’annonce, une panne de courant pousse Fanny à trouver refuge dans l’antre de Fred. Pour tuer le temps, les deux auteurs se lancent dans une compétition consistant à se raconter des histoires effrayantes. Bientôt, ils sont rejoints par un livreur de pizzas…

Scare Me – Vous n’avez rien vu

Des personnages DÉ-TES-TA-BLES

Le projet commence plutôt mal en s’entêtant à nous proposer des personnages franchement antipathiques. C’est clair dès le départ, lorsque le chauffeur de taxi dépose Fred au chalet. Le bonhomme méprise sa conductrice et pique même les idées de la dame qui voulait juste alimenter la discussion.

Fred n’est pas le seul en cause. Il en est de même pour Fanny, tout aussi imbue d’elle-même…

L’attitude douteuse de nos protagonistes trouve son apogée lorsque tout le monde se met joyeusement à consommer de la drogue. Le laxisme dont font preuve nos « héros » sur ce sujet s’avère franchement surprenant.

Pourtant, contre toute attente, le film parvient à dépasser la condition « tête à claques » de ses protagonistes.

Scare Me – Vous n’avez rien vu

Théâtre d’improvisation

Scare Me démontre tout d’abord son amour pour la narration. L’originalité des sujets n’intéresse probablement pas le réalisateur Josh Ruben. Ce qui compte ici, c’est finalement comment sont racontées les histoires et en particulier la capacité des protagonistes à jouer avec leur élément, c’est-à-dire la cabane, plongée dans le noir et éclairée par le seul feu de la cheminée.

Mais pas seulement, puisque les personnages doivent aussi donner de leur personne pour « habiller » l’histoire qu’ils racontent. Ainsi les bruitages incongrus provenant du fond de la gorge de Fred ou de Fanny génèrent une ambiance menaçante, un vieil accent nous transporte en Roumanie, un rire trop appuyé crée un effet inquiétant…

Parfois, l’histoire est racontée avec tellement de passion que pointent à l’écran des éléments de fiction… Ainsi, de manière saugrenue, une patte griffue de loup-garou apparaît dans l’encadrement d’une porte ! Plus loin, la narration s’emballe et pour immerger le spectateur dans l’histoire, la musique ou les sirènes de police se font alors entendre sur la bande-son du film… Quand soudain, tout s’arrête, le silence dévoile alors nos héros s’amusant comme des enfants. L’effet s’avère touchant et surtout très drôle.

Scare Me – Vous n’avez rien vu

Un film ludique

La qualité et l’originalité du divertissement que propose Scare Me impressionne, en particulier lorsque l’on se dit que tout se déroule dans un simple chalet autour de deux ou trois protagonistes et que, finalement, on ne voit même pas la fameuse tempête de neige.

En somme, l’inventivité du script, la dynamique des dialogues, l’énergie de la mise en scène et l’interprétation combative réussissent à faire tenir tout un film avec bien peu d’ingrédients.

Les responsables de ce miracle sont d’abord Aya Cash et Josh Ruben (également réalisateur) qui nous livrent un sacré numéro de théâtre d’improvisation filmé. Chris Redd, pour sa part, s’illustre par son humour et permet même au film de prendre l’allure d’une comédie musicale peu avant son terme.

Espérons que Scare Me leur servira de tremplin puisqu’ils ont tous les trois principalement œuvré dans l’ombre jusqu’à maintenant.

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Wolfman (2010) – Un remake s’imposait-il ?

Depuis une éternité, Hollywood a pris l’habitude d’enfiler les remakes comme des perles. De nouveaux termes ont même été spécialement inventés pour noyer le poisson, comme l’inénarrable « reboot »… Dans le cas de Wolfman, en revanche, difficile de reprocher quoi que ce soit aux producteurs californiens. En effet, l’original date tout de même de 1941. Reste à savoir si ces soixante-dix années valaient l’attente…

Ben Talbot disparaît sans laisser de traces. Gwen, sa fiancée, demande à son beau-frère Lawrence, qui fait actuellement fureur sur les planches londoniennes, de revenir au manoir familial afin d’apporter son aide dans les recherches. En arrivant à Blackmoor, Lawrence découvre que le statut de son frère est passé de celui de disparu à celui de cadavre. Le corps s’avère, de surcroît, horriblement mutilé. De leur côté, les villageois propagent d’invraisemblables rumeurs quant au coupable de la mort du descendant des Talbot.

Wolfman (2010) - Un remake s’imposait-il ?

Benicio Del Toro défenseur de la cause des loups-garous

Personne n’oserait critiquer le choix de Benicio Del Toro pour incarner le personnage qui a rendu célèbre Lon Chaney Jr dans la version de 1941. L’acteur, dont les caractéristiques latines étaient suffisantes pour figurer en 1986 dans le clip de Madonna La Isla Bonita, s’est fait connaître avec Usual Suspects (1995) et Traffic (2000). En 2010, son visage triste et torturé évoque parfaitement celui de son prédécesseur. Par ailleurs, sa carrure rappelle même celle d’Oliver Reed dans un autre classique du film du genre : La Nuit du loup-garou (1961).

Au final, Benicio Del Toro ne trahit par le matériau d’origine. L’acteur est d’ailleurs un admirateur du Loup-garou de 1941 et à l’origine du remake. Producteur, il porte le projet et traverse les difficultés, en particulier les nombreux changements de réalisateurs.

Rick Baker répond présent

Wolfman (2010) - Un remake s’imposait-il ?

Heureusement, l’acteur peut compter sur un vétéran de la question des loups-garous au cinéma. Ainsi, Rick Baker accepte de rempiler une fois de plus après Le Loup-garou de Londres (1981) et Wolf (1994). Pour le spécialiste des effets spéciaux, Wolfman représente cependant une nouvelle consécration en lui permettant de remporter un Oscar, 30 années après avoir son premier, justement décerné à la suite des transformations conçues pour le film de John Landis.

Le loup-garou qu’il imagine pour Benicio Del Toro n’a cependant rien à voir avec celui précédemment conçu à l’intention du classique de 1981. Rick Baker propose, ni plus ni moins, qu’une véritable mise à jour du maquillage apposé à l’origine sur le visage de Lon Chaney Jr par Jack Pierce. D’ailleurs, contrairement à la créature du Loup-garou de Londres, et conformément au film de 1941, Lawrence Talbot se déplace sur ses jambes et arbore un faciès qui rappelle plutôt le lion du Magicien d’Oz (1939).

Les transformations, pour leur part, s’avèrent entièrement réalisées à l’aide d’effets spéciaux numériques. Un choix douteux, motivé par des problèmes de délai. D’ailleurs, le résultat est loin d’être transcendant. Trente ans après Hurlements et Le Loup-garou de Londres, nul doute que l’on était en droit d’attendre une métamorphose en loup-garou autrement plus spectaculaire, en particulier pour un film de 150 millions de dollars… En revanche, le scénario introduit les deux séquences de transformation de manière intéressante et originale. La première se déroule dans le décor splendide offert par la crypte familiale… La seconde se déploie devant un attroupement de psychologues et de scientifiques à la noix que le spectateur se réjouit de voir massacrés.

Wolfman (2010) - Un remake s’imposait-il ?

Hollywood noir

Violent, le film l’est assurément, comme en témoigne la scène de l’attaque, par la bête, du campement gitan. Certes, le film se contente de montrer le résultat des mutilations générées par les coups de patte de la créature, mais les blessures soulèvent littéralement le cœur. Le film aurait pu aller loin encore mais il fallait conserver une classification permettant d’être vu par un maximum de spectateurs… Une prudence superflue car le film se révélera un flamboyant échec financer.

Probable que les spectateurs lambda, habitués aux héros lisses, aient rencontré quelques difficultés à apprécier celui maltraité par les scénaristes sadiques de Wolfman… Le personnage de Benicio Del Toro fait effectivement peine à voir. Non seulement sa mère a été assassinée alors qu’il était enfant, mais son père, interprété par un Anthony Hopkins au moins aussi détestable que lorsqu’il se prend pour un dangereux psychopathe, ne montre aucune sympathie envers son fils. Même les villageois le moquent. Tandis que la police le harcèle, Talbot a même droit à un passage au Lambeth Asylum où il subit divers sévices infligés par un psychiatre des temps anciens. Le pompon est atteint lorsque notre héros se met à tuer des innocents, et avec sauvagerie de surcroît… Quoi qu’il en soit, bravo à Benicio Del Toro d’être parvenu à incarner un personnage aussi maltraité par le destin sans jamais se montrer pathétique.

Dans ces conditions, inutile d’espérer le moindre trait d’humour dans Wolfman qui choisit la noirceur jusqu’au-boutisme…

Le désespoir se traduit à l’écran à travers une photographie superbe, tirant son essence de l’époque victorienne durant laquelle se déroule le film. Les pontes d’Hollywood refusèrent que le film soit tourné en noir et blanc mais, au final, le film n’a rien de coloré. Le manoir choisi pour le film est aussi déprimant que magnifique. Le résultat à l’écran démontre que le numérique, employé à bon escient, peut aussi générer des images poétiques.

Wolfman (2010) - Un remake s’imposait-il ?

Remake pas définitif

Au final, les deux heures de métrage de la version approuvée par le réalisateur passent comme une lettre à la poste, même si l’histoire ne prévoit aucune surprise. Sur ce point, on dénote certaines facilités, comme des aller-retour inutiles entre Londres et le manoir. Surtout, le personnage d’Emily Blunt n’a clairement rien à faire dans l’histoire et semble totalement inutile.

Cela n’empêche pas Wolfman d’être assurément le meilleur film de Joe Johnston, réalisateur spécialisé dans les films à gros budgets insignifiants, comme Rocketeer (1991) ou Jurassic Park III (2001). Parfois, cependant, il fait preuve de talent, comme pour Jumanji (1995)… Ou Wolfman, qui propose une mise à jour intéressante du film originel. Sans en atteindre évidemment la quintessence.

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A Werewolf in England : Fin et racé

L’humour était l’un des atouts du Loup-garou de Londres (1981) qui, grâce à la magie du cinéma, fonctionnait également comme film d’horreur. Quarante ans après, A Werewolf in England emprunte un chemin semblable, mais avec un humour plus boueux…

Dans l’Angleterre victorienne, Horace Raycraft traque les fauteurs de troubles. Il pense avoir trouvé un excellent candidat à la potence en la personne d’Archie Whittock, accusé de meurtre. C’est pourquoi il emmène son prisonnier afin de le produire devant un tribunal qui, au terme d’un procès équitable et relativement court, devrait le condamner à la corde, même si le gamin clame son innocence… En effet, selon Archie, la personne retrouvée morte à ses côtés n’était pas humaine avant qu’il ne la tue. C’était un loup-garou ! En chemin, une tempête se lève et oblige les deux hommes à se réfugier dans une auberge au milieu de nulle part. Là, la drôle d’équipe se voit accueillie par un couple qui va leur réserver bien des surprises…

A Werewolf in England : Fin et racé

Les drôles de méthode de Charlie Steeds

L’intérêt que chacun de nous porte, un jour ou l’autre, à l’humour « toilettes » trouve, en règle générale, son terme vers l’âge de 7 ans. Pour certains, cette affection se maintient largement au-delà de l’enfance, comme cela semble s’avérer le cas pour Charlie Steeds, le réalisateur de A Werewolf in England.

Ainsi, lors de l’un de ses moments les plus mémorables, le film montre deux protagonistes cachés sous une table assister de très près, et remplis d’effroi, à la défécation d’un loup-garou…

Le ton est donné, mais Charlie Steeds n’en suscite pas moins la curiosité. Sa filmographie comprenant des titres comme Escape from Cannibal Farm (2017), The Barge People (2018), The House of Violent Desire (2018) ou Winterskin (2018) intrigue tant elle fleure bon le cinéma fantastique des années 80.

Les affiches, réalisées avec soin, évoquent même un poil le catalogue d’Empire, la société de production d’Albert Band qui a mis en boîte des films mémorables tels que Troll (1986) ou Castle Freak (1995).

D’ailleurs, les techniques de production mises en œuvre par le bonhomme ne sont probablement pas très éloignées de celles employées par le parton d’Empire, transformant chaque limitation en dynamique.

A Werewolf in England : Fin et racé

Une série Z tendant vers le B

Ainsi, le casting n’est pas composé d’acteurs renommés mais de proches témoignant d’une entreprise résolument familiale et attachante. En général, si les personnages stéréotypés surjouent, ils s’avèrent néanmoins tous sympathiques. Y compris Horace, inquisiteur zélé, capable de démontrer de l’intelligence en acceptant de vérifier les élucubrations du criminel qu’il emmène à l’échafaud.

Plus loin, et bien que le cadre de l’action se limite à la seule auberge, le bâtiment se voit joyeusement réduit à l’état de ruine à la fin des péripéties vécues par Archie et Horace… Portes défoncées à coups de hache, murs criblés de balles, vaisselle jetée au sol, plafond et plancher démolis. Pendant ce temps, la musique gronde et les personnages crient ou hurlent à l’unisson…

Enfin, modeste, la production ne dispose pas des moyens nécessaires pour proposer des créatures qui permettraient de faire illusion face aux cadors du genre, comme celles de Dog Soldiers (2002) par exemple. Néanmoins, en nombre suffisant, les déguisements parviennent à faire croire que plusieurs lycanthropes sont bien à l’oeuvre en même temps.

A Werewolf in England : Fin et racé

Un film somme toute sympa

Au final, Charlie Steed démontre un talent évident pour le système D, faculté que le metteur en scène met au service du divertissement.

Toute proportion gardée, A Werewolf in England s’inscrit dans la veine d’Une nuit en Enfer (1996)… Certes, il ne suffit pas de remplacer les vampires par des loups-garous dans une auberge du 18e plutôt que du 20e pour faire quelque chose qui se rapproche du classique sexy de Quentin Tarantino, mais les deux films partagent néanmoins ce goût de l’action non-stop.

Au point que le film évoque également Evil Dead 2 (1987), et pas seulement lorsque le héros, un sous-Ash, subit l’attaque d’un bras de loup-garou sectionné et baladeur.

La volonté de tuer les temps morts se révèle d’ailleurs évidente. Et le film ne perd jamais de temps en situations convenues et barbantes… Même avant l’apparition des loups-garous, nous avons droit à un joli couple d’aubergistes psychopathes qui n’aurait pas fait tache dans Nuits de cauchemar (1980) de Kevin Connor.

Roland Topor disait que s’il suffisait d’un gramme de merde pour gâcher un kilo de caviar, un gramme de caviar n’améliorait en rien un kilo de merde. Pour sa part, Charlie Steeds démontre des talents de cuisinier évidents, capable de générer une symphonie de saveurs d’un simple navet.

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The Hunting – nanarwolf

The Hunting ne tient pas les promesses faites sur son affiche qui présente un superbe loup-garou. En effet, le premier film de Mark Andrew Hamer est bien trop modeste pour pouvoir s’enorgueillir d’une créature aussi réussie. Un manque de moyens qui se voit à tous les niveaux, néanmoins saupoudré d’une petite touche de subversion.

Le lieutenant Connor reste traumatisé depuis son affectation en Afghanistan. Cela ne l’empêche pas d’enquêter sur les nombreuses disparitions qui rendent la vie morose aux habitants de la petite ville endormie dont il est shérif. Finalement, l’un des disparus est retrouvé mort dans la forêt. L’inspection du corps laisse à penser qu’un loup immense serait responsable de la boucherie. Maggie, spécialiste des animaux sauvages, est appelée à la rescousse.

Des faiblesses en pagaille

The Hunting - nanarwolf

L’acolyte de Hillis, c’est le fils du shérif, un looser de première qui n’a rien d’un flic. Aucune écoute, aucune auto-discipline, absence totale de patience… Les personnages sont décidément peu crédibles…

Plus loin, le scénario se facilite la vie avec des raccourcis tout aussi peu plausibles. Ainsi, notre shérif du dimanche n’hésite pas à divulguer des informations confidentielles à qui veut les entendre, du moment que cela fait avancer l’histoire.

Les techniques « professionnelles » utilisées pour récolter les indices sur les lieux du crime sont tout sauf conventionnelles… C’est le moins que l’on puisse dire…

Les stéréotypes usés jusqu’à la moelle s’invitent à la fête, comme l’Indien, évidemment plein de sagesse, naturellement le seul à connaître le fin mot de l’histoire.

Il faudra aussi admettre la facilité avec laquelle le personnage de Peyton Hillis accepte l’hypothèse que la créature qui se livre à toutes ces exactions puisse être un loup-garou…

Amis des effets spéciaux… Vous ne trouverez aucun effet de transformation dans The Hunting. Le film passe plus de temps à suivre son héros râblé que le loup-garou… Pire, une fois transformé en monstre, seuls le torse et le visage bénéficient d’un maquillage ou d’un costume… Pour le reste, on s’est contenté de mouler le bas du corps dans un simple jean.

Pour changer, un film de loup-garou réac

The Hunting - nanarwolf

De façon surprenante, The Hunting est un film à contre-courant. En effet, il refuse de dépeindre la jeunesse d’une manière positive. Ainsi, vous y trouverez une adolescente tournée en ridicule lorsqu’elle se moque de manière grotesque d’une femme qui vient de perdre son mari. Plus loin, un homosexuel se ridiculise à son tour en refusant de respecter le couvre-feu instauré par les forces de l’ordre alors motivé par la présence d’un tueur en série. Les deux écervelés héritent des sarcasmes du réalisateur qui n’hésitera pas une seconde à les supprimer.

En revanche, Mark Andrew Hamer met en exergue son héros bodybuildé, vétéran de l’Afghanistan, et qui parcourt des rues où flotte fièrement le drapeau américain.

À ce titre, on notera les extérieurs, nombreux, et de surcroît variés. The Hunting est un film de terroir et l’ambiance “petite ville des USA” est même bien rendue.

Le champion est interprété par Peyton Hillis qui n’a décidément rien d’un acteur. Tout comme sa petite amie qui joue aussi un rôle anodin dans le film. En réalité, Hillis a brillé, par le passé, dans le football américain. De son passage à la NFL, il a gardé sa carrure musculeuse. C’est un peu étrange pour le policier d’une petite ville, mais Peyton Hillis dégage effectivement une impression rassurante. Les difficultés qu’il rencontre pour faire illusion devant la caméra le rendent même sympathique.

Plus sérieusement, Peyton Hillis est surtout un héros. En effet, en janvier 2023, le bonhomme a risqué sa vie pour sauver de la noyade ses deux fils. Mais héros et acteur, ce n’est pas la même carrure… carrière… et quoi qu’il en soit, Peyton Hillis ne souhaitera probablement pas réitérer l’expérience de jouer la comédie.

The Hunting - nanarwolf

Il ne sera pas difficile de trouver des films qui ont plus d’éclat que The Hunting… La quasi-totalité de ce qui se produit actuellement en matière de fantastique bénéficie de moyens de production plus convenables. Pour autant, la plupart ne sont rien d’autre que des produits de consommation courante, aussi vite oubliés que votre dernier hamburger. Mark Andrew Hamer livre, pour sa part et bon an mal an, un film qui possède une certaine âme, révélant plus de personnalité que bon nombre de productions lambda…

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Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Le Chaperon rouge est un produit à destination des adolescentes qui fantasment sur le fait d’être l’enjeu de la lutte entre deux beaux garçons. Le premier, beau brun ténébreux, un brin dangereux, promet une vie d’aventure. Le second est joli, blond et de bonne famille : le choisir, c’est s’assurer un avenir confortable… En la personne de la glamour Amanda Seyfried (Lovelace – 2013), le public visé trouvera de quoi s’identifier à cette mascarade réactionnaire consistant à faire croire que les femmes attendent gentiment que le prince charmant veuille bien venir les cueillir.

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Twilight bis

Dans le village isolé de Daggerhorn, un dangereux prédateur terrorise la population. Cela n’empêche pas la jolie Valerie d’avoir ses prétendants. Ainsi, le modeste mais impétueux bûcheron Peter rivalise avec le prospère forgeron Henry pour apprivoiser le cœur de la belle. Valerie, pour sa part, préfère Peter. Mais sa mère a promis sa fille à Henry. Pendant ce temps, le loup-garou n’est pas un sujet puisque le village apaise la bête par des sacrifices d’animaux. Mais voilà, pour la première fois depuis des décennies, la bête a fait une victime, malgré les offrandes. Pour se débarrasser du vorace prédateur, les villageois appellent à la rescousse Père Salomon. Très vite cependant, le célèbre chasseur de lycanthropes en vient à soupçonner les villageois eux-mêmes…

Le Chaperon rouge navigue dans l’ombre de la saga Twilight, dont le premier opus est sorti en 2008. C’est d’autant plus évident que la réalisatrice s’avère justement la responsable des frasques de Bella Swan et d’Edward Cullen. Par ailleurs, Catherine Hardwicke, spécialiste du teenie movie, n’est pas la seule transfuge de Twilight. Pour attirer le chaland, Billy Burke reprend son rôle de père torturé de la saga Twilight.

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Une galerie de personnages variés malgré les stéréotypes

Une fois évoqués les deux freluquets qui tentent de ravir le cœur de Valerie en usant des mêmes stéréotypes éculés, Le Chaperon rouge bénéficie, pour le reste, d’un casting prestigieux. Virginia Madsen, Julie Christie et bien sûr, Gary Oldman, apportent une bonne dose de respectabilité à l’ensemble. Ceci étant dit, la rescapée du Candyman (1992) ne dispose pas d’un rôle franchement marquant. Quant à l’épouse de Donald Sutherland dans le traumatique Ne vous retournez pas (1973), elle hérite d’un rôle de sorcière particulièrement décevant. Au point que l’aïeule de Valerie pourrait presque concourir avec la Mamie Poupette de la Boum (1980) pour le titre de grand-mère la plus cool du cinéma…

Bien plus intéressant, Gary Oldman offre une version sombre d’un Van Helsing du lycanthrope. Il traumatise, jusqu’à les faire pleurer, ses enfants avec des histoires de loups-garous en quête de chair humaine. On comprend très vite qu’il ne sera pas le sauveur prétendant débarrasser le village de sa malédiction. Bien au contraire, torturé et fanatisé par son combat, il est amené à prendre des décisions radicales qui mettront en péril la quiétude de chacun. Tel un virus, la paranoïa du rédempteur va alors se répandre dans tout le village.

C’est à ce moment-là que Le Chaperon rouge offre la possibilité à de nombreux personnages secondaires d’émerger, trahisons et jalousies s’invitant alors autour de Valerie. Pendant ce temps, le suspens autour de l’identité du loup-garou est agréablement entretenu, livrant même une révélation savoureuse, presque tendancieuse. Attendue peut-être même, venant de David Leslie Johnson-McGoldrick, scénariste de Esther (2009). Quoi qu’il en soit, une surprise perturbante, mais logique, car c’est le moment pour Valerie de grandir et de quitter la maison…

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Un loup-garou à croquer

Avec tout ça, notre loup-garou passe un peu au second plan. Et pas seulement à cause de la prestance du tyrannique Gary Oldman. De manière surprenante, notre lycanthrope dispose de toute sa tête une fois à l’état animal. Il peut même s’exprimer intelligemment et discutailler avec Valerie. La bête féroce n’agit donc pas sous l’influence de la pleine lune mais est motivée par des raisons plus personnelles. Et comme la bête doit convaincre Valerie de la suivre, pas question d’en faire une créature assoiffée de sang sous l’emprise de la nature. Le résultat laissera dubitatif, dévoilant une créature ressemblant comme deux gouttes d’eau à une grosse peluche qu’on aura plus envie de cajoler que de fuir.

Twilight proposait quelques innovations pour renouveler le mythe du vampire, comme par exemple ces morts-vivants scintillant au soleil. Le Chaperon rouge fait de même en proposant ni plus ni moins qu’une nouvelle légende… Désormais, le loup-garou a la possibilité de transformer un être humain en semblable, uniquement lors des lunes de sang qui surviennent tous les 13 ans…

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Un conte pas féerique

Le Chapeau rouge s’installe également dans des décors moyenâgeux puisant fortement dans une imagerie proche des contes de fées. Dès lors, La Compagnie des loups (1984) est probablement le film auquel on pense le plus en regardant celui de Catherine Hardwicke. Ainsi, après un survol du cadre enneigé où se déroule l’action, un château gothique juché sur un pic rocheux nous accueille avant l’accession au village isolé de Daggerhorn. C’est très joli.

Ceci étant dit, difficile néanmoins de se sentir enchanté par ces arbres que l’on s’est contenté d’orner d’épines pour feindre la forêt enchantée. Quant au conte de Charles Perrault, il n’est que simplement évoqué. Et hors de question de voyager à travers l’inconscience de l’enfance. Petite, Valerie a tué un mignon petit lapin. Voilà pour l’introspection… Les cruautés d’un Hansel et Gretel ne sont pas à l’ordre du jour non plus. Le Chaperon rouge est un naïf film pour adolescents et ne suggère aucune profondeur. La réalisatrice préfère largement surfer sur la vague du romantisme à l’eau de rose.

Il y a beaucoup de “oui, mais” concernant Le Chaperon Rouge… Ainsi, si vous avez 14 ans et que vous êtes de sexe féminin, vous serez fort probablement emballée par Shiloh Fernandez et Max Irons. Si vous répondez à d’autres critères, vous privilégierez peut-être d’autres films avec Amanda Seyfried…

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Wer (2013) – Le loup-garou de Lyon

Le réalisateur William Brent Bell s’est fait remarquer dans le fantastique avec le décrié Devil Inside (2012) et l’intéressant The Boy (2016). Quoi qu’il en soit, à chaque fois, le metteur en scène est parvenu à moderniser des thématiques classiques tout en restant parfaitement fidèle aux conventions du genre. Il en est de même dans Wer : de la pleine Lune jusqu’aux origines roumaines, en passant par la famille qui vit esseulée dans les bois, difficile de se sentir perdu.

En France, près de Lyon, une famille est retrouvée dans la forêt, massacrée. Pour la police, il ne fait aucun doute que le coupable est un certain Talan Gwynek, un type immense recouvert de poils et vivant dans la forêt avec sa maman d’origine roumaine. Cependant, l’avocate américaine Kate Moore et ses deux adjoints, qui s’occupent de la défense du présumé coupable, sont affirmatifs : aucun être humain ne peut avoir généré les horribles blessures constatées sur le petit garçon ou le père. L’avocate se met donc en tête d’innocenter Talan. D’ailleurs, en étudiant le suspect, elle découvre que celui-ci souffre de porphyrie, une maladie qui se manifeste par une faiblesse osseuse. Cette révélation invalide l’éventualité qu’il ait pu se rendre coupable de la brutale attaque subie par la famille de touristes américains.

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Une cure de chair fraîche

En général, Wer tente de prendre l’aspect d’un faux documentaire, voire d’un Found footage même parfois. Ainsi, la caméra n’arrête pas de bouger. Une mode du début du millénaire, bien déplaisante, générant certains effets secondaires comme le mal de mer. Néanmoins, reconnaissons que les qualités du film parviennent à faire passer au second plan cet inconvénient…

D’ailleurs, Wer se révèle extrêmement agréable à regarder. L’homme suspecté d’être le loup-garou se montre incroyablement effrayant et dans le même temps touchant. Le loup-garou, quant à lui, s’avère même carrément glaçant. Grâce à un effet technique malin, William Brent Bell parvient même à rendre crédible sa puissance et surtout sa vélocité.

Les meurtres se déroulent avec sauvagerie, comme cela devrait être le cas pour n’importe quel massacre perpétué par nos amis à quatre pattes. Les résultats des carnages témoignent de leur violence, et ne nous sont pas épargnés non plus. Ils démontrent aussi l’excellence des effets spéciaux conçus par des gens de toute évidence compétents et habitués à la série B fantastique.

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Le petit monde de Wer

Pour entretenir le suspens, plusieurs intrigues se déroulent en même temps : les études consacrées à la maladie générant la transformation en loup, l’enquête afin de découvrir qui est contaminé, la corruption dans laquelle semblent tremper flics et hommes politiques.

Dans sa dernière partie, Wer se transforme en film d’action convaincant mené tambour battant. On se rend compte alors à quel point les films de série B contemporains ont perdu le sens du système D. Auparavant, dans les années 80 pour ne pas les citer, l’argent ne coulait pas à flot mais il se voyait investi là où il le fallait. Chaque franc dépensé était visible à l’écran. Dans Wer, c’est pareil… Ainsi, lorsqu’un ours surgit à l’improviste, c’est un vrai ours en chair et en os auquel on a affaire et pas un truc vaguement ressemblant composé avec Paint.

Le manque de moyens se voit quand même… claustrophobes préparez-vous… Petit, exigu, étriqué, réduit.. sont aussi des mots qui définissent Wer… Ainsi, tous les plans sont serrés, à tel point qu’on a parfois l’impression de regarder un film cinémascope recadré en 4/3… Et si le film peut sembler oppressant, ce n’est pas en raison de son atmosphère, mais plutôt parce que le cameraman filme au plus près pour éviter que l’on ne découvre que l’action ne se situe pas dans un commissariat mais dans les couloirs d’un HLM…

Wer (2013) - Le loup-garou de Lyon

Cocorico !

Comme le film se déroule en France, nous avons droit à quelques clins d’oeil humoristiques toujours plaisants quand il s’agit de recevoir des fleurs… Ainsi, lorsque l’un des protagonistes se plaint d’être malade et attribue son incommodité au dîner, son collègue lui lance un bien senti : « Oui bien sûr, c’est vrai que la France est réputée pour sa malbouffe ». Venant d’Américains, ça fait toujours plaisir.

Dans le rôle du flic imbuvable, on retrouve le Français Sebastian Roché. Convaincant, ses réparties bien senties sont balancées avec talent. Malheureusement, son personnage se cantonne trop souvent à râler, ne montrant l’étendue de sa personnalité que trop tard à la fin du métrage.

En général, on regrettera les acteurs sélectionnés qui ne génèrent pas d’identification possible avant une bonne heure de métrage. En effet, les trois compères ressemblent plus à des chanteurs de pop rock qu’à des avocats. Probable qu’ils aient plutôt été choisis pour leur carrière passée que pour leur adéquation avec le rôle.

Par exemple, la jolie A.J. Cook fait partie des Virgin Suicides tandis que Sebastian Roché s’est illustré dans Le Dernier des Mohicans et Le Pacificateur.

Il n’empêche que Wer sait divertir. Le film de William Brent Bell impressionne même, en réussissant là où beaucoup ont échoué : faire un film moderne réellement inquiétant avec un loup-garou.

USA – 2013 – réalisation : William Brent Bell ; interprètes : A.J. Cook, Sebastian Roché, Stephanie Lemelin, Vik Sahay, Oaklee Pendergast, Simon Quarterman, Alexandra Pirici, Brian Johnson, Corneliu Ulici

Bande-annonce

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Loups-Garous de Josh Ruben – sans Thiercelieux

Loups-Garous de Josh Ruben est l’adaptation d’un jeu vidéo en réalité virtuelle du même nom, lui-même inspiré du célèbre jeu de société Les Loups-garous de Thiercelieux.

Le nouveau shérif débarque dans le petit village isolé de Gallowston au milieu de l’hiver et découvre des villageois méfiants, voire paranoïaques, s’accusant mutuellement d’être des meurtriers, voire des loups-garous. Quelle once de vérité se cache derrière cette hystérie collective ?

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

À l’origine était un jeu de société

Peut-être connaissez ce divertissement créé en 2001 à mi-chemin entre jeu de société et jeu de cartes ? L’action se déroule dans le village de Thiercelieux où, chaque nuit des villageois se transforment en loups-garous pour dévorer d’autres villageois. Les villageois incarnés par les joueurs découvrent chaque matin la personne qui manque à l’appel. Dès lors, des débats s’ensuivent afin de démasquer les loups-garous se cachant parmi eux. Ce qui fait le sel de ce passe-temps, c’est que les joueurs incarnent différents types de villageois : la petite fille capable de regarder ce qui se passe la nuit quand les autres joueurs sont assoupis, la voyante peut connaître le véritable visage de chacun, la sorcière dispose du don de ramener un mort à la vie ou d’empoisonner un être nuisible. Et, bien sûr, il y a les loups-garous…

Ce principe de base a connu une sacrée évolution entre sa forme originelle et le film. Au point où les amoureux du jeu risque de ne pas retrouver leur loisir favori dans cette transposition cinématographique.

D’une part, le film perd le charme du cadre moyenâgeux puisque l’action s’avère transportée au présent. D’autre part, de nouveaux personnages, absents du matériau d’origine, font leur apparition…

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

Trahison en bonne et due forme

Ces protagonistes se montrent tous outrageusement stéréotypés, unidimensionnels mais surtout totalement superficiels… Du black sympa qu’on a envie d’aimer parce qu’on n’est pas raciste, à la fille juste mignonne ce qu’il faut pour être accessible au premier venu, en passant par le capitaliste cupide comme s’il pouvait en être autrement, jusqu’au couple de gais caricaturant masculinité et féminité grotesquement… aucun personnage n’inspire l’intérêt et encore moins la sympathie.

Or, l’originalité du jeu était justement l’art de la nuance… Mentir, manipuler, jouer un imposteur… Ces innovations trahissent tout simplement l’œuvre originale.

En outre, on peut légitimement s’interroger sur ce choix méprisant de faire incarner à l’écran les joueurs par des personnages non seulement ultra-stéréotypés, mais aussi singulièrement crétins.

En effet, tous sont plus ou moins stupides, pathétiques ou ridicules, habités de sentiments petits de surcroît. Le film met en avant ces caractéristiques comme s’il s’agissait de simples traits de caractères définissant personnages et individus.

Loups-Garous de Josh Ruben - sans Thiercelieux

Consommable et jetable

Ceci étant dit, Loups-Garous fait assurément le travail en termes de divertissement pur… À condition que l’on ne soit pas gêné à l’idée de s’identifier à des personnages inconsistants, bien sûr.

D’ailleurs, si, pour vous, Les Loups-garous de Thiercelieux appartient à la catégorie des jeux bavards et ennuyeux, vous serez assurément conquis par le film de Josh Ruben bien plus facilement assimilable et consommable… Jetable aussi c’est vrai.

Il est vrai que le charme du village médiéval est passé à la trappe. Mais Loups-Garous compense en situant son action en plein milieu de l’hiver. La neige ne cesse de tomber dans ce petit coin perdu de l’Amérique profonde, isolant le village du reste de la civilisation ; le huis-clos est crédible et le charme opère.

Comme le métrage s’inspire d’un jeu de société, l’ambiance est résolument festive. L’humour est omniprésent et Loups-Garous parvient à divertir agréablement son public.

Distraire est le point fort de Loups-Garous qui applique à la lettre un condensé de recettes qui ont fait leur preuve. Mais on peut aussi divertir avec une comédie un peu plus profonde comme l’a démontré Jim Cummings avec The Wolf of Snow Hollow.

Werewolves – USA – 2021 ; réalisation : Josh Ruben ; interprètes : Sam Richardson, Milana Vayntrub, George Basil, Sarah Burns, Michael Chernus, Catherine Curtin, Wayne Duvall, Harvey Guillén…

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Ginger Snaps : Résurrection – sans compromis

Le second volet de la trilogie Ginger Snaps pourrait presque se laisser voir sans prendre connaissance du premier tome. À nouveau, la saga se démarque radicalement du tout-venant en matière de film d’horreur en évitant soigneusement d’aligner les morts sanglantes les unes après les autres. Signé Brett Sullivan, monteur sur le premier opus, Ginger Snaps : Résurrection est d’abord un drame, plus qu’un film de loup-garou.

Brigitte, désormais seule depuis le décès de Ginger, a hérité de la maladie de sa sœur. Des comprimés lui permettent de ralentir la propagation de son mal-être et de retarder sa transformation en loup-garou, mais les crises sont brutales. À la suite de l’une de ces attaques, Bridget se réveille au sein d’une institution spécialisée dans le traitement des toxicomanies. Enfermée et coupée du reste du monde contre son gré, elle sympathise avec une jeune fille au point d’envisager de s’évader ensemble. En parallèle, depuis peu, une série de crimes monstrueux sont commis dans les environs de l’hôpital. Ginger s’interroge : est-elle elle responsable de ce nouveau massacre ?

Ginger Snaps : Résurrection - sans compromis

Emily Perkins n’est pas seule

Dans le film de John Fawcett, Emily Perkins personnifiait une adolescente qui rejetait violemment les mensonges et la médiocrité. Désormais, c’est une adulte. Avec ses grands yeux sombres et sa mine sinistre, elle s’efforce tout de même de lutter contre sa féminité. Elle s’est endurcie, mais elle est également plus vulnérable, puisqu’elle ne bénéficie plus du support que lui procurait Ginger, décédée. Celle-ci n’est plus qu’une voix qui lui susurre des remarques aigries à l’oreille. Une compagnie néanmoins rassurante pour notre héroïne, mais également plaisante pour le spectateur qui se réjouit de la présence de la belle Katharine Isabelle.

Ginger Snaps : Résurrection - sans compromis

Dans Ginger Snaps : Résurrection, le personnage qui donne la réplique à Brigitte est, cette fois-ci, une gamine passionnée de bandes dessinées. Encore une fois, la seule amie de Brigitte est une enfant et l’on peut aisément interpréter cette incongruité comme un nouveau refus de grandir et de quitter le monde rassurant de l’enfance. Ce personnage ambigu, interprété par Tatiana Maslany, future héroïne de la série Orphan Black, va cependant s’avérer aussi intéressant que l’était Ginger dans le film précédent tant ses motivations semblent insaisissables. Elle porte en tout cas légitimement son surnom de Ghost (fantôme)…

Ginger Snaps : Résurrection - sans compromis

Une histoire riche en idées mais sombre

La thématique de l’éveil à l’adolescence est cependant soigneusement mise de côté dans cette suite et fait place à une multitude de sujets tels la solitude lors de l’adolescence, les faveurs sexuelles exigées contre services, l’hypocrisie et les arrières-pensées… Autant de travers qui définissent l’âge adulte et qui peuvent motiver, chez toute personne saine d’esprit, le refus de grandir. Mais cette évolution est inévitable et vouloir s’en affranchir est aussi vain qu’essayer de s’opposer à une transformation en loup-garou.

Ginger Snaps : Résurrection - sans compromis

Si les effets spéciaux, excellents, sont peu nombreux et la présence du loup-garou presque anecdotique, Ginger Snaps : Résurrection demeure, quoi qu’il en soit, à la hauteur du premier opus. Cohérent, le film tourné dans un véritable hôpital psychiatrique à l’abandon illustre des motifs graves et sérieux en employant une image avare en couleurs. La description d’un monde stérile en proie à la dépression est franchement saisissante. Sans surprise, la bande son se met au diapason avec une musique électronique déprimante. Effrayant et sombre, Ginger Snaps : Résurrection n’accepte aucun compromis, jusqu’au final sordide d’une grande noirceur. Un bijou.

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Ginger Snaps – contre nature

La fin du précédent millénaire était une période bénie. La guerre froide appartenait à l’histoire. Le 11 septembre était inimaginable. Culturellement, internet se démocratisait et promettait liberté et connaissance. Pour être rebelle dans ces années-là, il ne reste que la fascination pour la mort. C’est le terrain que décident d’explorer les adolescentes Ginger (Katharine Isabelle) et Brigitte (Emily Perkins) dans Ginger Snaps. Fascinées pas le morbide, les deux sœurs passent leur temps à mettre en scène leur propre mort, si possible de la manière la plus terrifiante possible.

Ginger Snaps – contre nature

Angoisses adolescentes

Cette fascination pour le morbide fait écho aux événements du 20 avril 1999 lorsque deux adolescents ouvrent le feu dans leur lycée en banlieue de Denver, à Columbine. Ils exécutent treize personnes avant de se donner la mort. Plus rien ne sera comme avant après cette tuerie de masse. La première à être autant médiatisée aux États-Unis. À partir de ce moment-là, les sociétés occidentales sont envahies par la peur et la sécurité devient une obsession. On installe des caméras dans les écoles et dans les rues. On laisse entrer les policiers dans les lycées. Des exercices de prévention contre les fusillades sont organisés, donnant lieu à une sensation de peur généralisée pour des situations restant pourtant relativement rares.

Ginger et Brigitte, pourraient parfaitement être les alter ego des deux garçons auteurs du massacre de Columbine, l’un était psychopathe atteint d’un complexe de supériorité, l’autre dépressif et paranoïaque.

Les sœurs Fitzgerald sont, quant à elles, deux adolescentes marginales qui refusent de grandir, de se confronter à l’ennui que génèrent en elles leurs camarades de classe ou leurs parents. En réaction, elles s’adonnent à la marginalité et en particulier au subversif. Elles se soustraient aux flirts avec les garçons, s’habillent pour ne pas se faire remarquer, refusent la puberté, etc. C’est naturellement sur le ton de l’humour noir que leur caractère singulier est présenté, générant un élan de sympathie probablement unanime chez les spectateurs.

La situation devient cependant plus sérieuse lorsque Ginger est mordue par un loup-garou. Le résultat ne se fait pas attendre et Ginger ne reste pas asexuée bien longtemps. Ses centres d’intérêt sont également altérés… Dès lors, la jeune fille est plus intéressée par les garçons que par sa sœur. Elle fait attention à son apparence et perd peu à peu le désir de choquer son entourage. Si son corps et son attitude changent, c’est tout à la fois en raison de sa malédiction et de sa puberté. Lentement, les relations entre les deux sœurs se désagrègent…

Ginger Snaps – contre nature

Les règles, c’est pour les autres

La plupart des films à traiter les problèmes adolescents évoquent la peur d’entrer dans le monde adulte, d’embrasser une vie bourgeoise et monotone. Ginger Snaps parle aussi de ce problème mais d’une manière beaucoup plus viscérale.

Certes, la vie de classe moyenne que mènent les parents Fitzgerald dans la modeste banlieue de Bailey Downs, aux maisons ternes et identiques, est suffisamment calme et ennuyeuse pour susciter le rejet de leurs rejetons.

Mais le film propose aussi une profonde réflexion sur les carcans imposés par la société. En particulier lorsque Ginger se révolte brutalement en découvrant son futur rôle d’adulte. C’est sa mère qui lui enseigne alors sa fonction, assurant la pérénité d’une vision conservatrice des relations hommes-femmes. Il n’est alors pas étonnant de voir Ginger s’opposer à son passage à l’âge adulte, au point de refuser les changements naturels de son corps.

La mutation de Ginger en loup-garou est calquée sur les transformations liées à la puberté. C’est le sang, l’apparition des poils. Mais aussi le rayonnement : ce corps qui prend des formes pour séduire. Enfin, c’est aussi cette attirance que Ginger commence à ressentir pour les garçons. Dès lors, la puberté est logiquement vécue telle la malédiction de la lycanthropie. La mère, conservatrice, devient alors l’alter ego contemporain de la gitane du Loup-Garou de George Waggner. Elle avertit sa fille des dangers liés à sa transformation en adulte, tout comme le faisait la bohémienne pour Lawrence Talbot qui devenait, lui, un lycanthrope.

Ginger Snaps – contre nature

L’habit fait le moine

Rares sont les films de loup-garou à avoir su exploiter de manière aussi intelligente la thématique de la transformation pour retranscrire les sensations de son époque. La modernité de Ginger Snaps caractérise un film de grande valeur.

Ginger Snaps brille aussi techniquement. La photographie est particulièrement jolie avec ses tons automnaux. La partition musicale, entre modernité et classicisme, est mélancolique à souhait. Elle s’avère à la hauteur de la tragédie qui se déroule à l’écran. Emily Perkins et Katharine Isabelle sont tellement charismatiques que l’on peut à jamais les associer à leur personnage.

Katharine Isabelle connaîtra cependant d’autres succès. Elle excelle dans la seconde et troisième saison de Hannibal. Elle y dégage un érotisme morbide, faisant d’ailleurs écho à son personnage dans la saga Ginger Snaps. Emily Perkins, de son côté était la petite Beverly dans le téléfilm Ça de 1990. Ici, elle est excellente en adolescente introvertie s’affublant de vêtements sombres et amples. Mimi Rogers qui joue leur maman est investie, et incarne une mère sincère, plus émouvante que détestable.

Enfin, Ginger Snaps est un film habilement construit. Après une partie mêlant analyse sociologique et humour pour ne pas barder son audience, le film intensifie son suspens pour finir de manière sombre, laissant derrière lui la légèreté des premières minutes. De fil en aiguille, l’oeuvre laisse de plus en plus la place à l’horreur, jouant ainsi sur tous les tableaux. Les effets spéciaux sont excellents et occupent généreusement une large partie du final, dévoilant un loup-garou imberbe mais superbe, sous tous les angles.

Canada – 2000 ; réalisation : John Fawcett ; interprètes : Emily Perkins, Katharine Isabelle, Kris Lemche, Mimi Rogers, Jesse Moss, Danielle Hampton, John Bourgeois…

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The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo

The Wolf of Snow Hollow est nanti d’un capital de sympathie considérablement élevé. Une petite ville isolée dans une vallée enneigée. Des habitants agréables qui se connaissent tous. Un loup-garou battant joyeusement la Calabre et surtout… La présence de Jim Cummings. Révélé en 2016, l’acteur est surprenant dans un rôle au carrefour de Christian Bale pour American Psycho et de Jim carey.

<strong>The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo</strong>

Juchée au creux d’une vallée enneigée, Snow Hollow est une petite ville paisible où il ne se passe jamais rien. Par conséquent, on peut aisément comprendre la stupeur des autochtones après la découverte d’une jeune touriste salement amochée. Parmi les restes, une empreinte informe les autorités qu’ils ont affaire à un animal sauvage. John Marshall (Jim Cummings) fait partie de la police locale et sait qu’il doit rapidement mettre la main sur le coupable. Trouver d’autres victimes desservirait les profits de la station d’hiver… Malheureusement, voilà déjà qu’un deuxième cadavre est découvert… Comme les crimes se produisent les nuits de pleine lune, un bruit court désormais suggérant que le coupable pourrait être un loup-garou…

<strong>The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo</strong>

Jim Cummings s’est fait remarquer avec un court métrage, Thunder Road, dans lequel il joue un policier faisant l’éloge funèbre de sa mère. Deux ans plus tard, il décide de transformer son court en long métrage et reçoit de nombreux prix dans divers festivals, dont le grand prix du jury au festival du cinéma américain de Deauville.

Pour The Wolf of Snow Hollow, Jim Cummings reprend son personnage de flic désabusé, dont le caractère acariâtre n’égale que la mauvaise foi. Il n’est pas aidé par ses problèmes personnels… Ainsi, son père qui travaille avec lui vient de subir une crise cardiaque et les relations qu’il entretient avec sa fille Jenna sont désastreuses. Quant à son agressivité et ses problèmes d’alcool, ils n’œuvrent aucunement à redorer sa popularité auprès de ses collègues… Jim aimerait être un super flic. Mais rien n’y fait, il n’écoute pas les avis de ses proches et prend constamment les mauvaises décisions.

<strong>The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo</strong>

Pour autant, ce n’est pas un mauvais bougre. Même si l’on peut ressentir une vive irritation le concernant au départ, on arrive finalement à l’apprécier malgré son caractère atypique. Et l’on finit même par ressentir de la sympathie pour ce flic raté. Au point que l’on se surprend à espérer qu’il parvienne à mettre la main sur l’assassin qui rôde les nuits de pleine lune.

De manière surprenante, The Wolf of Snow Hollow est passé inaperçu lors de sa sortie en 2020 alors que le film dispose de tout ce qu’il faut pour agréablement divertir. L’atmosphère d’une petite ville isolée dans la neige charme. Les acteurs s’amusent et communiquent leur bonne humeur. Le film s’est donné pour objectif de surprendre, ce qu’il parvient souvent. Par exemple, de nouveaux personnages font régulièrement leur apparition. Ils sont systématiquement présentés à l’aide à une scène touchante, pour mieux passer l’arme à gauche peu de temps après.

<strong>The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo</strong>

Cette singularité démontre la volonté de soigner les personnages secondaires, de sorte qu’ils existent à côté de l’envahissant Jim Cummings. À ce titre, ces protagonistes surprennent souvent grâce à des personnalités plus riches qu’il n’y paraît de prime abord. Moins superficiels que de coutume. En outre une interaction bienvenue existe entre les seconds rôles et le héros. Le résultat permet des séquences étranges, surprenantes et parfois très drôles (à ce jeu, le médecin légiste décroche le pompon).

The Wolf of Snow Hollow mélange également avec subtilité les genres horreur et comédie. Mais on s’amuse aussi à y trouver une once de polar avec l’enquête des flics de province. Un brin de satire sociale figure aussi au programme par le biais du drame personnel que vit le protagoniste principal…

<strong>The Wolf of Snow Hollow : La rencontre de Hurlements et de Fargo</strong>

Euphorique au début de l’aventure, une suite de mauvais choix finit par le mettre en difficulté. Son mauvais caractère perce alors et se fait de plus en plus évident. Petit à petit la violence verbale fait place à la brutalité physique. Tel un effet papillon, son incompétence s’impose et les autres se détournent de lui. Son alcoolisme prend alors le dessus et l’on en vient même à le soupçonner d’être le loup-garou…

Simultanément, cette traversée du désert le rend plus humain et à la fin du métrage, on vibre pour cet énergumène qui agaçait pourtant auparavant.

The Wolf of snow Hollow invite à ne pas s’arrêter aux premières impressions, à découvrir ce qui se cache derrière la façade que l’on réserve pour les autres. En fin de compte, une thématique pas si bête pour un film de loup-garou…

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En savoir + sur Jim Cummings

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