A Werewolf in England : Fin et racé
L’humour était l’un des atouts du Loup-garou de Londres (1981) qui, grâce à la magie du cinéma, fonctionnait également comme film d’horreur. Quarante ans après, A Werewolf in England emprunte un chemin semblable, mais avec un humour plus boueux…
Dans l’Angleterre victorienne, Horace Raycraft traque les fauteurs de troubles. Il pense avoir trouvé un excellent candidat à la potence en la personne d’Archie Whittock, accusé de meurtre. C’est pourquoi il emmène son prisonnier afin de le produire devant un tribunal qui, au terme d’un procès équitable et relativement court, devrait le condamner à la corde, même si le gamin clame son innocence… En effet, selon Archie, la personne retrouvée morte à ses côtés n’était pas humaine avant qu’il ne la tue. C’était un loup-garou ! En chemin, une tempête se lève et oblige les deux hommes à se réfugier dans une auberge au milieu de nulle part. Là, la drôle d’équipe se voit accueillie par un couple qui va leur réserver bien des surprises…
Les drôles de méthode de Charlie Steeds
L’intérêt que chacun de nous porte, un jour ou l’autre, à l’humour « toilettes » trouve, en règle générale, son terme vers l’âge de 7 ans. Pour certains, cette affection se maintient largement au-delà de l’enfance, comme cela semble s’avérer le cas pour Charlie Steeds, le réalisateur de A Werewolf in England.
Ainsi, lors de l’un de ses moments les plus mémorables, le film montre deux protagonistes cachés sous une table assister de très près, et remplis d’effroi, à la défécation d’un loup-garou…
Le ton est donné, mais Charlie Steeds n’en suscite pas moins la curiosité. Sa filmographie comprenant des titres comme Escape from Cannibal Farm (2017), The Barge People (2018), The House of Violent Desire (2018) ou Winterskin (2018) intrigue tant elle fleure bon le cinéma fantastique des années 80.
Les affiches, réalisées avec soin, évoquent même un poil le catalogue d’Empire, la société de production d’Albert Band qui a mis en boîte des films mémorables tels que Troll (1986) ou Castle Freak (1995).
D’ailleurs, les techniques de production mises en œuvre par le bonhomme ne sont probablement pas très éloignées de celles employées par le parton d’Empire, transformant chaque limitation en dynamique.
Une série Z tendant vers le B
Ainsi, le casting n’est pas composé d’acteurs renommés mais de proches témoignant d’une entreprise résolument familiale et attachante. En général, si les personnages stéréotypés surjouent, ils s’avèrent néanmoins tous sympathiques. Y compris Horace, inquisiteur zélé, capable de démontrer de l’intelligence en acceptant de vérifier les élucubrations du criminel qu’il emmène à l’échafaud.
Plus loin, et bien que le cadre de l’action se limite à la seule auberge, le bâtiment se voit joyeusement réduit à l’état de ruine à la fin des péripéties vécues par Archie et Horace… Portes défoncées à coups de hache, murs criblés de balles, vaisselle jetée au sol, plafond et plancher démolis. Pendant ce temps, la musique gronde et les personnages crient ou hurlent à l’unisson…
Enfin, modeste, la production ne dispose pas des moyens nécessaires pour proposer des créatures qui permettraient de faire illusion face aux cadors du genre, comme celles de Dog Soldiers (2002) par exemple. Néanmoins, en nombre suffisant, les déguisements parviennent à faire croire que plusieurs lycanthropes sont bien à l’oeuvre en même temps.
Un film somme toute sympa
Au final, Charlie Steed démontre un talent évident pour le système D, faculté que le metteur en scène met au service du divertissement.
Toute proportion gardée, A Werewolf in England s’inscrit dans la veine d’Une nuit en Enfer (1996)… Certes, il ne suffit pas de remplacer les vampires par des loups-garous dans une auberge du 18e plutôt que du 20e pour faire quelque chose qui se rapproche du classique sexy de Quentin Tarantino, mais les deux films partagent néanmoins ce goût de l’action non-stop.
Au point que le film évoque également Evil Dead 2 (1987), et pas seulement lorsque le héros, un sous-Ash, subit l’attaque d’un bras de loup-garou sectionné et baladeur.
La volonté de tuer les temps morts se révèle d’ailleurs évidente. Et le film ne perd jamais de temps en situations convenues et barbantes… Même avant l’apparition des loups-garous, nous avons droit à un joli couple d’aubergistes psychopathes qui n’aurait pas fait tache dans Nuits de cauchemar (1980) de Kevin Connor.
Roland Topor disait que s’il suffisait d’un gramme de merde pour gâcher un kilo de caviar, un gramme de caviar n’améliorait en rien un kilo de merde. Pour sa part, Charlie Steeds démontre des talents de cuisinier évidents, capable de générer une symphonie de saveurs d’un simple navet.