Metalbeast – Lycanthrope scientifiquement modifié
Metalbeast s’illustre par sa générosité débordante, mais aussi à travers un scénario qui laisse sans voix…
Dans un château en Hongrie, deux soldats en mission secrète traquent un loup-garou afin de lui prélever quelques gouttes de sang. Grâce au précieux liquide, la CIA compte mener des expériences à des fins évidemment militaires. Mais, Butler, qui est le seul à être revenu vivant des Carpates ne l’entend pas de cette oreille. Il décide de s’injecter le sang du lycanthrope, espérant ainsi développer une force surhumaine. L’expérience tourne mal et le colonel Miller abat froidement la créature. Afin d’effacer toutes les traces, il décide également d’exterminer l’équipe de scientifiques qui travaillait sous ses ordres. Les cadavres congelés doivent être conservés dans le sous-sol.
Les années passent… Le colonel Miller revient sur les lieux du drame avec une nouvelle équipe de scientifiques. Cette fois-ci avec l’intention de développer un tissu organique fait de métal à destination des grands brûlés. Miller, lui, compte utiliser cette innovation sur le cadavre de Butler.
Les idées fusent
Une histoire abracadabrantesque également truffée d’incohérences… Ainsi, les motivations du colonel Miller, qui change constamment d’avis, resteront à jamais inexpliquées.
En réalité, le film d’Alessandro de Gaetano fait partie de ce que l’on appelle les séries Z ou les nanars. Cette évidence saute aux yeux dès la fin de l’introduction… Une séquence qui se trouve être la plus ambitieuse du métrage d’ailleurs… Même si le tournage de la séquence n’a évidemment pas eu lieu dans les Carpates. Le reste du film se déroule, pour sa part, dans trois ou quatre pièces dépouillées.
L’interprétation est également plutôt quelconque, bien que les interprètes habitués aux téléfilms et séries s’en sortent finalement pas si mal eu égard aux dialogues invraisemblables qu’on leur demande de débiter.
Quoi qu’il en soit, ces tares peu reluisantes n’arrivent pas à plomber Metalbeast. Incroyable mais vrai… Car, en effet, force est de constater que l’entreprise reste honnête.
Une série Z consciencieuse
Malgré l’espace exigu dans lequel se déroule l’intrigue, l’aventure n’est jamais ennuyeuse ou redondante. Plus épatant encore, l’histoire se révèle riche en rebondissements et ne lasse jamais. L’évolution des expériences menées sur le pauvre soldat Miller qui se voit recouvert de plaques de métal organique se laisse voir avec curiosité. D’autant plus que les tests pratiqués sont magnifiés par d’excellents maquillages très peu ragoûtants, signés David Barrett (Carnosaur, Scanner cop…). Et, quand les aléas de la narration l’exigent, le film n’hésite pas non plus à verser dans le gore.
À l’état humain, John Marzilli se montre parfait en militaire taciturne. Une fois transformé en Metalbeast, c’est Kane Hodder, figure emblématique du cinéma d’Horreur, qui prend le relais. Kane Hodder, c’est un habitué des rôles de monstres puisqu’il a incarné Jason Voorhees dans Jason X et Vendredi 13 – Chapitre 9 : Jason va en enfer, ainsi que Leatherface dans le troisième épisode de la saga des Massacre à la tronçonneuse.
Enfin, la créature est superbe. L’élaboration du monstre semble trouver son inspiration dans les lycanthropes du premier Hurlements pour l’allure, de Predator pour les dreadlocks et de l’Alien de Giger pour l’aspect sombre et brillant.
Loup-garou et transhumanisme
Comme il s’agit ici d’une créature génétiquement modifiée, il n’y a pas de transformation à proprement parler. En conséquence, il serait bienvenu de classer Metalbeast parmi les œuvres de science-fiction. Cela n’empêche pas le scénariste de se permettre un peu de fantaisie avec un monstre qui n’en rejette pas moins ses origines surnaturelles… On n’est plus à une ou deux incohérences près… Ainsi, le monstre craint les crucifix et il faudra rien de moins qu’un obus doté d’une tête explosive en argent pour en venir à bout !
Décédé en juin 2023 dans la plus grande discrétion, Alessandro De Gaetano s’est rendu coupable d’une demi-douzaine de nanars. Metalbeast, pour sa part, peut être considéré comme un plaisir délicieusement coupable.
Project: Metalbeast – USA – 1995 ; réalisation : Alessandro De Gaetano ; interprètes : Kim Delaney, Barry Bostwick, Kane Hodder, John Marzilli, Musetta Vander…