The Monster Squad – sermon pour adultes
Les héros en culottes courtes de The Monster Squad affrontent avec courage les dangers qui les menacent dans un film pour toute la famille, s’inscrivant pleinement dans la lignée des Goonies. Les moyens financiers ne sont certes pas les mêmes que ceux dont a bénéficié la production Spielberg deux années auparavant mais Fred Dekker réunit tout de même 12 millions de dollars autour d’une équipe prestigieuse… Ainsi, la présence du producteur Rob Cohen (Les Sorcières d’Eastwick – 1987) et du scénariste Shane Black (L’Arme Fatale – 1987), démontre que The Monster Squad n’est pas qu’une banale série B, même si, le temps passant, le film est un peu, et tristement, tombé dans les oubliettes.
Van Helsing à la sauce Goonies
Tous les cent ans, les portes de l’Enfer s’ouvrent à la faveur d’une sinistre nuit de pleine lune. Les créatures les plus abominables de la création en profitent alors pour tenter de s’incruster dans notre monde. La dernière fois, c’était le valeureux Van Helsing qui avait contraint Dracula à rebrousser chemin. De nos jours, l’immortel comte vampire tente à nouveau sa chance. Cette fois-ci, afin de garantir sa réussite, Dracula s’entoure de glorieux acolytes comme le loup-garou, le monstre de Frankenstein, la momie et même l’étrange créature du lac noir. C’est alors qu’une bande de gamins d’une douzaine d’années décide de contrer ces sombres desseins…
Après avoir été célébrés dans une tradition gothique pendant plus d’un demi-siècle, les monstres classiques du fantastique, tels imaginés par l’Universal, bénéficient, dans les années 80, d’un dépoussiérage en bonne et due forme. L’époque exigeait des adaptations plus sympas, drôles et sensationnelles…
Or, et sans conteste, The Monster Squad assure dans le domaine du spectaculaire. Et ce, grâce à l’un des spécialistes des effets spéciaux les plus en vue de la décennie : Stan Winston. The Monster Squad se révèle même une véritable aubaine pour celui qui s’est précédemment rendu responsable de la genèse de l’extra-terrestre du Starman (1984) de John Carpenter. En effet, comme Dracula tient sous sa coupe la plupart des monstres majeurs du bestiaire fantastique, Stan Winston bénéficie d’une grande latitude pour faire parler son talent… Il peut même faire fonctionner son imagination, puisque le studio n’a pas les droits pour réutiliser à l’identique les maquillages originaux. Créer des monstres singuliers, tout en faisant en sorte qu’ils restent reconnaissables… Un défi que Stan Winston relève haut la main.
Des monstres en pagaille
Parmi tous ces montres, la créature du lagon noir et la momie obéissent sans montrer trop de personnalité. En revanche, la créature de Frankenstein dispose d’un temps de présence à l’écran plus important et devient même la mascotte du Monster Squad. Il faut dire que l’invention de Mary Shelley, popularisée par des séries comme Les monstres (1964), est devenue petit à petit le monstre préféré des enfants.
À peine reconnaissable, Tom Noonan incarne la créature créée à partir de débris humains. Désormais l’acteur est bien connu des fans de fantastique qui l’ont croisé dans des œuvres mémorables du nouveau millénaire telles que The House of the Devil (2009) ou Late Phases (2014).
Le loup-garou, interprété par le peu prolifique Carl Thibault, se révèle néanmoins le personnage le plus intéressant du lot. Si, une fois transformé, Dracula peut entièrement compter sur la participation du lycanthrope dans l’accomplissement de ses projets, le malheureux tente tout de même de prévenir les autorités. Bien sûr, personne ne prend au sérieux ses avertissements, en particulier lorsqu’il se met en tête de préciser qu’il est justement sur le point de se transformer en loup-garou. Quoi qu’il en soit, le film respecte la dualité du lycanthrope initiée par Henry Dull dans Le Monstre de Londres (1935) mais surtout Lon Chaney Jr. à l’occasion du film Le Loup-garou (1941).
La transformation, quant à elle, s’avère plutôt modeste. La métamorphose se contente de montrer à l’écran quelques gonflements de poches savamment fixées sur le front et les joues de l’acteur. Mais nous ne nous trouvons pas dans un film de loup-garou pur et dur. En conséquence le public ne peut prétendre à une métamorphose comme clou du spectacle. On se contentera donc largement de ces quelques artifices, somme toute sympathiques… D’autant plus que le costume est superbe !
L’amour du fantastique par Fred Dekker
Pour autant, les monstres et les effets spéciaux ne représentent pas le seul point fort du métrage… Tout comme Extra-sangues (Night of the Creeps – 1986), précédent bijou signé Fred Dekker, le film mêle affectueusement clins d’oeil au genre et humour émouvant. Ainsi, sur la carte de la ville où se livre la bataille du Bien contre le Mal, on trouve par exemple, en face du manoir du comte Dracula, un certain lycée Chaney…
Plus tard, l’humour léger n’hésite pas à se montrer quelque peu sarcastique envers ces adultes qui sermonnent leurs gamins et leur passion pour le fantastique… Dénigrer cette passion, sous prétexte qu’il faut bien grandir, à un moment ou à un autre, ce n’est, ni plus ni moins, que renier sa propre enfance et refuser de transmettre son héritage culturel aux générations futures.
La leçon est parfaitement administrée par Fred Dekker qui livre un film réussi à tout point de vue. Exempt de temps mort, joyeux, agréable et joli à regarder, The Monstre Squad s’avère également un digne représentant de l’esprit des années 80. Malheureusement, l’enthousiasme du metteur en scène, pourtant prometteur, se verra grandement refroidi par un fiasco dénommé RoboCop 3 (1993). Par la suite, jamais plus Fred Dekker ne livrera des œuvres aussi attachantes que The Monster Squad.