Le Chaperon rouge est un produit à destination des adolescentes qui fantasment sur le fait d’être l’enjeu de la lutte entre deux beaux garçons. Le premier, beau brun ténébreux, un brin dangereux, promet une vie d’aventure. Le second est joli, blond et de bonne famille : le choisir, c’est s’assurer un avenir confortable… En la personne de la glamour Amanda Seyfried (Lovelace – 2013), le public visé trouvera de quoi s’identifier à cette mascarade réactionnaire consistant à faire croire que les femmes attendent gentiment que le prince charmant veuille bien venir les cueillir.

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Twilight bis

Dans le village isolé de Daggerhorn, un dangereux prédateur terrorise la population. Cela n’empêche pas la jolie Valerie d’avoir ses prétendants. Ainsi, le modeste mais impétueux bûcheron Peter rivalise avec le prospère forgeron Henry pour apprivoiser le cœur de la belle. Valerie, pour sa part, préfère Peter. Mais sa mère a promis sa fille à Henry. Pendant ce temps, le loup-garou n’est pas un sujet puisque le village apaise la bête par des sacrifices d’animaux. Mais voilà, pour la première fois depuis des décennies, la bête a fait une victime, malgré les offrandes. Pour se débarrasser du vorace prédateur, les villageois appellent à la rescousse Père Salomon. Très vite cependant, le célèbre chasseur de lycanthropes en vient à soupçonner les villageois eux-mêmes…

Le Chaperon rouge navigue dans l’ombre de la saga Twilight, dont le premier opus est sorti en 2008. C’est d’autant plus évident que la réalisatrice s’avère justement la responsable des frasques de Bella Swan et d’Edward Cullen. Par ailleurs, Catherine Hardwicke, spécialiste du teenie movie, n’est pas la seule transfuge de Twilight. Pour attirer le chaland, Billy Burke reprend son rôle de père torturé de la saga Twilight.

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Une galerie de personnages variés malgré les stéréotypes

Une fois évoqués les deux freluquets qui tentent de ravir le cœur de Valerie en usant des mêmes stéréotypes éculés, Le Chaperon rouge bénéficie, pour le reste, d’un casting prestigieux. Virginia Madsen, Julie Christie et bien sûr, Gary Oldman, apportent une bonne dose de respectabilité à l’ensemble. Ceci étant dit, la rescapée du Candyman (1992) ne dispose pas d’un rôle franchement marquant. Quant à l’épouse de Donald Sutherland dans le traumatique Ne vous retournez pas (1973), elle hérite d’un rôle de sorcière particulièrement décevant. Au point que l’aïeule de Valerie pourrait presque concourir avec la Mamie Poupette de la Boum (1980) pour le titre de grand-mère la plus cool du cinéma…

Bien plus intéressant, Gary Oldman offre une version sombre d’un Van Helsing du lycanthrope. Il traumatise, jusqu’à les faire pleurer, ses enfants avec des histoires de loups-garous en quête de chair humaine. On comprend très vite qu’il ne sera pas le sauveur prétendant débarrasser le village de sa malédiction. Bien au contraire, torturé et fanatisé par son combat, il est amené à prendre des décisions radicales qui mettront en péril la quiétude de chacun. Tel un virus, la paranoïa du rédempteur va alors se répandre dans tout le village.

C’est à ce moment-là que Le Chaperon rouge offre la possibilité à de nombreux personnages secondaires d’émerger, trahisons et jalousies s’invitant alors autour de Valerie. Pendant ce temps, le suspens autour de l’identité du loup-garou est agréablement entretenu, livrant même une révélation savoureuse, presque tendancieuse. Attendue peut-être même, venant de David Leslie Johnson-McGoldrick, scénariste de Esther (2009). Quoi qu’il en soit, une surprise perturbante, mais logique, car c’est le moment pour Valerie de grandir et de quitter la maison…

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Un loup-garou à croquer

Avec tout ça, notre loup-garou passe un peu au second plan. Et pas seulement à cause de la prestance du tyrannique Gary Oldman. De manière surprenante, notre lycanthrope dispose de toute sa tête une fois à l’état animal. Il peut même s’exprimer intelligemment et discutailler avec Valerie. La bête féroce n’agit donc pas sous l’influence de la pleine lune mais est motivée par des raisons plus personnelles. Et comme la bête doit convaincre Valerie de la suivre, pas question d’en faire une créature assoiffée de sang sous l’emprise de la nature. Le résultat laissera dubitatif, dévoilant une créature ressemblant comme deux gouttes d’eau à une grosse peluche qu’on aura plus envie de cajoler que de fuir.

Twilight proposait quelques innovations pour renouveler le mythe du vampire, comme par exemple ces morts-vivants scintillant au soleil. Le Chaperon rouge fait de même en proposant ni plus ni moins qu’une nouvelle légende… Désormais, le loup-garou a la possibilité de transformer un être humain en semblable, uniquement lors des lunes de sang qui surviennent tous les 13 ans…

Le Chaperon rouge (2011) – Teddy wolf

Un conte pas féerique

Le Chapeau rouge s’installe également dans des décors moyenâgeux puisant fortement dans une imagerie proche des contes de fées. Dès lors, La Compagnie des loups (1984) est probablement le film auquel on pense le plus en regardant celui de Catherine Hardwicke. Ainsi, après un survol du cadre enneigé où se déroule l’action, un château gothique juché sur un pic rocheux nous accueille avant l’accession au village isolé de Daggerhorn. C’est très joli.

Ceci étant dit, difficile néanmoins de se sentir enchanté par ces arbres que l’on s’est contenté d’orner d’épines pour feindre la forêt enchantée. Quant au conte de Charles Perrault, il n’est que simplement évoqué. Et hors de question de voyager à travers l’inconscience de l’enfance. Petite, Valerie a tué un mignon petit lapin. Voilà pour l’introspection… Les cruautés d’un Hansel et Gretel ne sont pas à l’ordre du jour non plus. Le Chaperon rouge est un naïf film pour adolescents et ne suggère aucune profondeur. La réalisatrice préfère largement surfer sur la vague du romantisme à l’eau de rose.

Il y a beaucoup de “oui, mais” concernant Le Chaperon Rouge… Ainsi, si vous avez 14 ans et que vous êtes de sexe féminin, vous serez fort probablement emballée par Shiloh Fernandez et Max Irons. Si vous répondez à d’autres critères, vous privilégierez peut-être d’autres films avec Amanda Seyfried…


Canada
- 2011 - Catherine Hardwicke
Titres alternatifs : Red Riding Hood
Interprètes : Amanda Seyfried, Gary Oldman, Billy Burke, Shiloh Fernandez, Max Irons, Virginia Madsen, Lukas Haas, Julie Christie






BANDE ANNONCE :

Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
D'autres blogs où je suis actif :
ThrillerAllee pour le cinéma de genre allemand.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.