La compagnie des loups, le recueil qui inspira Neil Jordan
La compagnie des loups est un recueil de nouvelles écrits par la britannique en 1979 Angela Carter.
Angela Carter commence sa carrière comme journaliste avant de devenir écrivain et de publier des romans, des nouvelles, des contes de fées et des livres pour enfants. Elle écrit aussi des essais, parmi eux, The Sadeian Woman : An Exercise in Cultural History où elle explore la relation entre la sexualité et le pouvoir. En 1968, elle décroche le prix Somerset Maugham, décerné à des écrivains de moins de 35 ans considérés comme les meilleur parmi leurs pairs.
Le recueil La compagnie des loups est composé de nouvelles pour adultes reprenant différents contes de fées classiques en accentuant l’aspect violent et érotique. L’anthologie, auréolée du prix littéraire du festival de Cheltenham en 1979, se voit adaptée pour la radio avant d’être une nouvelle fois arrangée pour le cinéma. C’est Neil Jordan qui, en 1984, s’est occupé de cette version cinéma reprenant plusieurs nouvelles dans celle donnant le titre français du recueil (dont le titre original est The Bloody Chamber).
Lors de la lecture du recueil, les spectateurs qui ont vu le film de Neil Jordan reconnaîtront sans problème les deux nouvelles qui ont inspirées La Compagnie des Loups. Cependant, la grande réussite de Neil Jordan est aussi d’avoir su coloré son film de l’ambiance du livre, de son lyrisme et de son féminisme à peine voilé.
D’ailleurs, le recueil ne traite pas uniquement d’histoires de loups garous. Ainsi, Barbe Bleue, Le Chat botté, Blanche Neige, Alice au pays des merveilles, et même la BD Vampirella sont adaptés dans des nouvelles, pour la plupart de plusieurs dizaines de pages.
Le cabinet sanglant : Une jeune fille se marie avec un homme riche qu’elle n’aime pas. Avant de partir en voyage d’affaires, il remet à sa jeune épouse un trousseau de clés tout en lui déconseillant formellement d’utiliser l’une d’elle qui ouvre une pièce qui lui est interdite…
M. Lyon fait sa cour : Un homme s’égare en voiture et trouve une rose blanche dans un jardin. Pour l’offrir à sa fille, il cueille la fleur ce qui provoque la colère d’une créature ressemblant à un lion.
La jeune épouse du Tigre : Aux cartes, un père joue et perd sa fille au profit d’un homme masqué qui ressemble à un tigre.
Le chat botté : Le matou Figaro mène une vie dissolue avec son maître qu’il aide à tricher et gagner aux cartes mais voilà que le jeune homme tombe amoureux d’une femme accablée, mariée à un homme plus âgé et avare.
Le roi des Aulnes : En errance dans les bois, une jeune femme est attirée dans un piège par le sinistre roi des Aulnes.
L’enfant de la neige : un comte souhaite adopter une fille à la peau blanche comme la neige. Lorsque le souhait se réalise, c’est au grand dam de son épouse.
La dame de la maison d’amour : Un jeune soldat traverse la Roumanie à bicyclette et arrive dans un village déserté où Il découvre un manoir habité par une séduisante créature de la nuit.
Le loup-garou et la compagnie des loups : Une jeune fille rend visite à sa grand-mère qui vit au centre de la forêt. En chemin, elle rencontre un loup-garou qui se dissimule sous son apparence humaine.
Louve Alice : Une sauvageonne à civiliser découvre sa transformation de jeune fille en femme.
L’ensemble des textes bénéficie d’une écriture magnifique s’inscrivant parfaitement dans une littérature classique. Mais le second degré est également présent, ainsi qu’une certaine causticité, car Angela Carter s’amuse à égratigner la morale des contes qu’elle a en ligne de mire.
En effet, grâce à une prose éclairée par la psychanalyse, Angela Carter retourne les situations et étonne. Ainsi, Par exemple, dans sa version de “La Belle et la Bête” intitulée La Fiancée du Tigre, la Bête ne se transforme pas en être humain. C’est la Belle qui se transforme en bête. Métamorphosée, elle est emmenée nue dans la chambre de la Bête… Ainsi, les histoires sont souvent frivoles (Le chat botté) et impudiques (Le cabinet sanglant). Mais l’ensemble des contes est également féministe comme dans Le cabinet sanglant qui revisite Barbe-Bleue : ce ne sont plus les frères qui arrivent au galop pour sauver leur sœur, mais la propre mère de l’héroïne.
Avec une plume flamboyante, Angela Carter réécrit des contes célèbres et les transforment en nouvelles fantastiques. Les textes, très féminins dans leur tournure sont truffés d’émotions et d’esprit, offrant une nouvelle interprétation à ces mythes qui nous accompagnent depuis l’enfance.
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