Peur Bleue est l’adaptation du roman L’Année du loup-garou (titre original : Cycle of the Werewolf) écrit par Stephen King et paru en 1983. Alors que le film condense la durée de l’action sur un été, le roman, quant à lui, se divise en douze chapitres, un pour chaque mois de l’année. Autre différence, le roman est centré sur le loup-garou et décrit comment des citoyens calmes et respectueux de l’ordre réagissent de manière hystérique face aux cadavres mutilés que laisse derrière lui le loup-garou. En ce qui le concerne, le film préfère suivre Marty, jeune paraplégique de dix ans.

Peur Bleue, la contribution de Stephen King aux films de loup-garou

Marty se dispute souvent avec sa sœur Jane et souffre de la sollicitude trop appuyée à son goût que lui témoignent ses parents. C’est pourquoi il voue une véritable adoration à son oncle Red, un looser alcoolique mais qui lui offre le moyen de s’échapper de l’étouffante attention de ses parents. C’est ainsi que Marty se voit offrir par son oncle une magnifique moto surnommée Silver Bullet (balle d’argent).
La nuit même, Marty s’échappe du cocon familial avec l’aide de son engin pour tirer des fusées à l’écart du village. Seul en pleine campagne, Marty est attaqué par une créature gigantesque. Il parvient néanmoins à s’échapper après avoir blessé son agresseur à l’œil.

Conscient que la créature ne peut être qu’un loup-garou, Marty tente de démasquer l’assassin avec l’aide de sa sœur. Stupéfaits, ils découvrent que le révérend Lowe arbore un pansement sur l’œil droit.

Peur Bleue arrive quelques années après Hurlements (1981) et Le Loup-garou de Londres (1981) qui avaient clairement renouvelé le genre. Et le film de Daniel Attias fait lui aussi montre de quelques solides atouts.

Peur Bleue dispose tout d’abord d’une esthétique séduisante. Par exemple, durant une séquence, les villageois qui ont soif de justice s’enfoncent dans la forêt lors d’une nuit bleutée du plus bel effet. Le sol, recouvert d’une épaisse brume, leur sera fatidique. Un à un, ils disparaissent sous la couche brumeuse dans une séquence parfaitement mise en scène. De même, lorsque Marty est confronté pour la première fois au loup-garou, c’est sur un pont en bois durant une nuit illuminée par de tranchants flots de lumière disséminés ; la scène est bien jolie.

Peur Bleue peut également s’enorgueillir des magnifiques effets spéciaux de Carlo Rambaldi. Auteur des trucages de Alien, le huitième passager (1979), E.T., l’extra-terrestre (1982) et Rencontres du troisième type (1977), ce spécialiste compétent délivre transformations diverses et une présence accrue du loup-garou. Au final, le film de Daniel Attias est spectaculaire. Et il est également parfaitement rythmé, malgré le fait qu’il ne soit pas cadencé en douze chapitres comme le roman.

Peur Bleue, la contribution de Stephen King aux films de loup-garou

Le loup-garou, quant à lui, est immense et impressionne. Il s’inscrit dans la droite lignée de ceux de Hurlements. Poilu et musclé, il a perdu sa physionomie humaine et s’éloigne des représentations classiques, même s’il se tient encore debout sur ses membres inférieurs.

Le révérend Lowe, qui est donc frappé par la malédiction, est interprété par Everett McGill. Acteur de théâtre, Everett McGill avait attiré l’attention sur lui après sa prestation dans la Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud. Il reste cependant plus particulièrement connu grâce au personnage de Big Ed dans la série Twin Peaks de David Lynch. Les fans de fantastique se souviennent également de sa performance dans Le Sous-sol de la peur (1991) de Wes Craven où, en combinaison SM, il pourchassait, fusil au poing, les enfants qui se cachaient dans les murs de sa maison.

Pour Peur Bleue, il s’approprie un personnage intéressant dans la mesure où le voici confronté à une contradiction blasphématrice : par quel cynisme Dieu peut-il infliger une telle épreuve à un homme qui s’est dévoué à Lui ? Que cherche-t-Il à prouver ? Tant bien que mal, le révérend Lowe tente de trouver une explication. Ses convictions religieuses ne l’aident cependant pas vraiment. Il ne peut pas se suicider et sa solitude ne lui permet pas de trouver de l’aide. Dès lors, il cherche à justifier sa condition et ce faisant, il continue chaque nuit à perpétrer ses crimes.

Everett McGill n’est pas le seul comédien à tirer son épingle du jeu. Peur Bleue dispose en effet d’un casting riche et attachant.

Corey Haim interprète Marty. L’acteur, qui connaîtra une certaine célébrité deux années plus tard grâce à Génération Perdue de Joel Schumacher, offre une interprétation touchante de ce jeune paraplégique de dix ans. Il est très rare qu’une personne handicapée soit le héros, en particulier dans un film d’épouvante comprenant, qui plus est, de nombreuses scènes d’action. Ce parti pris risqué est tout à l’avantage de Peur Bleue.

L’oncle Red est interprété par Gary Busey. L’acteur a été nominé aux Oscars pour son interprétation dans The Buddy Holly Story (1978) avant de tomber dans l’oubli et de finalement revenir sur le devant de la scène grâce au rôle de tueur de flics dans L’Arme fatale en 1987. Dans Peur Bleue, grâce à son regard malicieux et charmeur, il est parfait dans ce rôle dans lequel il doit incarner l’oncle d’un gamin handicapé qui a besoin d’être considéré comme un enfant normal.

Même si le personnage de Jane (Megan Follows), sœur de Marty, est un peu en retrait, il reste néanmoins important. En effet, il se dégage de Peur Bleue l’image d’un film positif sur la famille, capable de surmonter toutes les difficultés, qu’elles soient liées à la santé de l’un de ses membres ou aux dangers extérieurs auxquels elle est exposée ; contrairement à la religion qui elle ne peut pas faire face.

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USA – Pays-Bas – 1985 – Titre original : Silver Bullet – Réalisation : Daniel Attias – Distribution : Gary Busey, Everett McGill, Corey Haim…

Bande-annonce VOSTF :


Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
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