Sieben Monde, un film d’horreur amusant mais dans lequel l’humour ne prend jamais le dessus
Malgré quelques fulgurants épisodes sanglants, Sieben Monde est un film léger. Tour à tour comédie romantique teintée de fantastique, film introspectif puis thriller à suspens lors de sa dernière partie, il se dégage un charme séduisant du film de Peter Fratzscher.
Alors qu’il est en train de travailler sur la synchronisation d’un film d’horreur, Thomas Krömer, romancier tout aussi modeste que les films sur lesquels il intervient, est appelé par sa grand-mère pour surveiller sa maison de campagne. Le lendemain, celle-ci est retrouvée morte assassinée, Thomas devient un suspect tout désigné pour les forces de l’ordre.
La police enquête depuis plusieurs semaines sur une série de crimes sadiques et sanglants commis à Münich. Comme les meurtres sont perpétrés les soirs de pleine lune, que les corps sont découverts déchiquetés et que des poils de loup sont à chaque fois retrouvés sur les lieux des massacres, la population commence à évoquer la possibilité que le coupable soit un loup-garou. Pour élucider l’affaire, le commissaire Lasinger confie l’enquête à deux inspecteurs dont les méthodes sont radicalement différentes. Becker croit au surnaturel et applique des méthodes non conventionnelles qui lui attirent les moqueries de ses collègues. De son côté, Graf est beaucoup plus terre à terre.
Au centre de toutes les attentions, Thomas est donc suspecté d’être, soit un dangereux psychopathe, soit une affreuse créature mi-homme, mi-loup. Lui-même s’interroge depuis qu’il a été attaqué en pleine nuit par un animal sauvage non identifié. Son appétit, très récent, pour les plats à base de viande saignante ainsi que ses amnésies les soirs de pleine lune l’incitent à envisager le pire.
Sieben Monde a été co-financé par la chaîne de télévision allemande Pro7 qui projetait de l’inclure à sa grille de programmation. Finalement, eu égard à la qualité du produit final et grâce à l’insistance de Buena Vista International qui souhaitait produire des films pour le cinéma, Sieben Monde eut droit à une sortie en salle.
Une fois n’est pas coutume, voici un loup-garou qui ne parle ni américain ni espagnol mais aux doux accents germaniques C’est Nils-Morten Osburg qui a eu le courage d’écrire un scénario mettant en scène un lycanthrophe. Par la suite, il continua à œuvrer pour la télévision.
Sieben Monde (littéralement « sept lunes ») se démarque du cinéma hollywoodien par des références massives au folklore allemand et en particulier aux contes de Jacob et Wilhelm Grimm, auteurs de Hansel et Gretel, les Musiciens de Brême ou encore Raiponce. Ainsi, on reconnaîtra des emprunts à La Capuche rouge lorsque la grand-mère du héros est dévorée ou encore à Blanche-Neige lorsqu’une pomme empoisonnée est offerte au héros.
Même si le film tente très longtemps de nous faire croire le contraire, il n’y a pas de loup-garou dans Sieben Monde. L’assassin agit en s’inspirant des contes des frères Grimm.
Ainsi, le spectateur n’aura droit à aucune transformation. À la place, le film nous propose une véritable réflexion sur le genre, comme lors de cette scène dans laquelle Krömer attend, terrorisé, sa transformation.
Par ailleurs, Thomas, auteur qui cherche à être édité, rencontre régulièrement son éditeur. Celui-ci lui conseille d’écrire un roman d’horreur mettant en scène un loup-garou avec un maximum d’effets macabres. Les échanges entre les deux hommes alimentent encore la réflexion sur le genre.
En définitive, Sieben Monde se rapproche par certains aspects de Scream qui avait connu un grand succès deux années auparavant (1996). Une forme de distance se créé entre le sujet initial (film de loup-garou) au fur et à mesure que le film progresse, comme dans le film de Wes Craven et le slasher.
Plus loin, la crainte du héros de se transformer en bête fait écho à son insécurité sociale (un métier dont l’activité est aléatoire) mais surtout sentimentale puisqu’il n’arive pas à conclure avec Alexandra, son amie d’enfance.
L’humour, voire l’ironie, qui soutient l’intrigue accentue encore cette distance et donc prise de recul par rapport au genre. On sent que le fantastique n’était pas l’intérêt principal des auteurs, ce qui ne signifie pas que le film soit mauvais pour autant.
Peter Frastscher réalise Sieben Monde en 1998. À l’époque, il était âgé de 48 ans et s’était déjà fait remarquer en 1980 avec Asphaltnacht, une comédié musicale sur le thème de la culture punk. Entre de nombreux travaux à différents postes, il s’occupa des scènes d’action d’un film mineur de Jack Arnold : The Swiss Conspiracy (1976). Malgré les qualités de Sieben Monde, Peter Frastscher ne fut ensuite actif qu’à la télévision où il participa à diverses séries comme Tatort.
On notera les interpétrations de Josef Liefers (Krömer) et de Marie Bäumer (Alexandra). En effet, l’interprétation sincère des deux acteurs permet grandement de crédibiliser l’histoire de Sieben Monde.
Il convient de signaler la présence dans un petit rôle de Christoph Waltz, devenu mondialement célèbre depuis que Quentin Tarantino lui a donné le rôle du colonel Hans Landa dans Inglourious Basterds en 2009.
Sources : www.sdb-film.de – www.artechock.de
Bande-annonce VO :