Lycanthropes et Loups-garous au cinéma

Catégorie : Années 50 et 60

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Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony, le héros de Les Griffes du loup-garou, partage des traits de caractère avec Jim Stark, son alter égo de La Fureur de vivre. Fougueux et rebelle, ils sont aussi membres de la génération silencieuse, celle née entre le milieu des années 20 et 1945. Réputés pour leur tendance à la conformité et au traditionalisme, cette génération a pourtant aussi initié la contre-culture des années 60 et est à l’origine du Rock ‘n’ roll… Quoi qu’il en soit, tout comme le film qui a fait de James Dean une légende, Les Griffes du loup-garou est une œuvre charnière entre classicisme et modernité.

La Fureur de vivre, Les Griffes du loup-garou… Même combat !

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Les jeunes, méfiez-vous des adultes

Tout comme La Fureur de vivre et Jim, Les Griffes du loup-garou et Tony sont le symbole d’une jeunesse en manque de repères où déjà pointent l’éclatement de la famille et la défiance vis-à-vis des adultes.

Ainsi, le père de Tony demeure totalement dépassé par l’agitation et les émotions qui grondent à l’intérieur de son fils. En effet, Tony rencontre bien des difficultés à contrôler ses émotions qui s’expriment trop souvent par la violence. Il demande conseil à son paternel qui, impuissant, se contente de lui recommander de faire ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire obéir, se conformer : « Fais ce que les gens attendent de toi et ils te laisseront tranquille ».

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony, en plein marasme, n’a rien à attendre de l’école non plus. L’institution scolaire met même en exergue ses troubles dans une scène décisive durant laquelle Tony se retrouve seul avec une camarade s’entraînant sur un cheval d’arçons. Alors que la jeune fille réalise des figures tendancieuses dans son body moulant, la sirène retentit furieusement aux oreilles du garçon, comme pour le sermonner d’avoir eu des pensées lubriques. Dans le même temps, le sermon provoque par la même occasion la transformation du jeune homme en une créature lycanthrope.

La police, quant à elle, ne connaît que la violence et la répression. Elle n’est pas non plus de bon conseil puisque c’est elle qui invite Tony à se rendre chez un psychologue. Or, le scientifique ne lui sera d’aucune aide…

Tony tombe ainsi entre les mains d’un charlatan obnubilé par ses fantasmes de régression. Il lui promet la guérison. Tristement, jusqu’à sa fin tragique, Tony garde confiance et reste convaincu que seul le Dr Brandon peut l’aider.

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tout ça pour 80 000 $

Le succès de Les Griffes du loup-garou, I Was a Teenage Werewolf dans sa version originale, sera tel qu’il enfantera trois autres I Was a Teenage machin truc… Ce sera un vampire dans Blood of Dracula, un monstre dans How to Make a Monster et une créature de Frankenstein dans I was a Teenage Frankenstein.

Pour une fois, on ne trouve pas de Roger Corman à la baguette, mais un autre briscard de la série B : Samuel Z. Arkoff, fondateur en 1954 de l’American International Pictures. Avec sa société, Arkoff produit des films aux budgets étriqués, mais qui sont presque toujours rentables.

À la réalisation, Gene Fowley Jr. assure tellement bien les arrières de son producteur que l’on ne se rend même pas compte que le bureau du psychologue est le même que celui du proviseur du lycée. L’année suivante, Fowley réalise son chef-d’oeuvre : Les Monstres sur notre planète (I Married a Monster from Outer Space).

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony est interprété avec conviction par le très jeune Michael Landon qui allait devenir mondialement connu en donnant corps à Charles Ingalls de La petite maison dans la prairie. Ainsi, après avoir incarné la jeunesse rebelle, il passera de l’autre côté de la force en devenant adulte… Tout un symbole.

L’infâme Dr Brandon est, pour sa part, incarné par le vétéran Whit Bissell qui a joué dans une liste de classiques aussi longue que le bras (Soleil Vert, La Machine à explorer le temps, L’Étrange Créature du lac noir, Les 7 mercenaires…)

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Un loup-garou respectueux de ses aïeux

Entre tradition et modernité, cette solide série B fait preuve de compromis. Ainsi, le loup-garou bénéficie d’un maquillage respectant parfaitement le loup-garou imaginé par Jack P. Pierce en 1941 dans le film de George Waggner.

Cependant, Tony n’est pas un loup-garou à proprement parler… Malgré la présence d’un vieux Roumain qui tente de créer un lien entre ce qui arrive au garçon et les créatures qui s’ébattent dans les forêts de sa terre natale, Tony est une créature de la science. En conséquence, une balle en argent n’est pas nécessaire pour en venir à bout et ce n’est pas non plus la lune pleine qui provoque sa transformation. Une singularité qui fait de Les Griffes du loup-garou l’une des rares œuvres du genre à laquelle on peut coller l’étiquette SF.

I Was a Teenage Werewolf, Blood of the Werewolf – USA – 1957 ; réalisation : Gene Fowler Jr. ; interprètes : Michael Landon, Yvonne Lime, Whit Bissell, Charles Willcox, Dawn Richard, Barney Phillips, Ken Miller, Cynthia Chenault…

Bande-annonce

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Orgie Macabre et ribambelle de jolies demoiselles

À partir de quel moment un vidéogramme peut-il être qualifié d’oeuvre cinématographique ? Réponse avec Orgie Macabre, en partie signée par l’homme d’affaires Ed Wood…

Si la présence d’un scénario est indispensable pour faire partie du Septième Art, alors Orgie Macabre relève effectivement le défi, même si c’est tout juste… Un couple roule de nuit dans le désert. Un accident plus tard, les voilà aux portes de l’Enfer où ils doivent subir, jusqu’au petit matin, les danses de jeunes dames à moitié nues.

Orgie Macabre et ribambelle de jolies demoiselles

Pourquoi diable se prendre la tête avec une histoire ?

Après avoir avalé deux ou trois chorégraphies, le cinéphile réalise, avec effroi, qu’Orgie Macabre n’a pas d’autre ambition que de remplir de la pellicule avec des danses plus ou moins lascives. La prise de conscience peut angoisser car le métrage dure tout de même 90 minutes. Mais, et c’est surprenant, l’inquiétude disparaît et l’on se fait finalement assez bien à l’idée étrange de devoir tuer les 90 prochaines minutes à mater des filles au look suranné se dandiner sans pudeur.

Quoi qu’il en soit, s’il s’agit là de l’idée de l’Enfer que se fait le scénariste, avouons qu’on a connu pire comme supplice. Il est fort à parier que de nombreux libidineux n’hésiteraient pas à signer dans l’instant le laissez-passer si les limbes devaient s’avérer un tel délice…

D’autant plus que les demoiselles sont toutes exquises et belles à croquer… Tout droit sorties des années 60, elles arborent des coiffures permanentées et se déhanchent canaillement sur des musiques démodées au gré de mises en scène fantaisistes…

Orgie Macabre et ribambelle de jolies demoiselles

Danser jusqu’à en mourir

Une fois c’est une squaw qui se tortille autour d’un feu de camp, une autre fois c’est une esclave qui dévoile ses courbes en se dandinant au rythme d’une flagellation endiablée… C’est vrai, il n’y a qu’un seul décor. Et le budget effets spéciaux n’a pas permis d’élaborer autre chose qu’une brume évoluant régulièrement devant l’écran. Mais, le cadre est plutôt joli avec des lumières rouges, bleues et vertes attrayantes.

Bien sûr, de nos jours, les danses de nos dévergondées d’un autre temps sont passées de mode. Les mauvais coucheurs diront même ringardes. Les mêmes se pâment devant les danses filmées par George Méliès en saluant le génie du grand-père de la SF… Mais bon, passons…

D’autres concéderont que le ballet proposé est agréablement kitsch, évoquant les films de nudisme des années 50 et 60. En tout cas, c’est un érotisme qui peut faire son effet, si l’on est bon public.

Orgie Macabre et ribambelle de jolies demoiselles

Plastique d’un autre temps

Notre couple de héros n’est pas seul à assister au spectacle gracieux de ces jeunes femmes peu avares de leur nudité… Quatre autres personnages suivent ce french cancan des limbes… Criswell, grand medium devant l’Éternel, s’impose comme maître de cérémonie. Dans la vraie vie, il avait prédit que le président Kennedy ne se représenterait pas aux élections de 1964 (mais aussi que la fin du monde se produirait aux alentours d’août 1999). Le médium est ici tout à faire risible, en particulier lorsqu’il lit ses lignes de dialogue à l’aide d’un prompteur comme l’atteste le va-et-vient de ses yeux.

À ses côtés, la brune Fawn Silver, alias Ghoulita, est une créature renversante. Elle ne se dénude pas d’un poil, faisant ainsi ressentir aux érotomanes, au plus profond de leur chair, la signification véritable du mot “frustration”. Quelle tristesse. Néanmoins, le sex-symbol a bon goût puisqu’elle en pince sérieusement pour la rouquine Pat Barrington. Pourtant, Patou est franchement effroyable lorsqu’elle tente de concurrencer Fay Wray sur le terrain des scream queens… Sa tentative lamentable de hurlement apeuré vaut cependant son pesant de cacahuètes quand on a de l’humour.

Orgie Macabre et ribambelle de jolies demoiselles

“Quand j’étais en vie, c’était un cauchemar”

L’humour n’est d’ailleurs pas en reste grâce à la présence de deux véritables bout-en-train : La momie et le loup-garou. Tous les deux contemplent les demoiselles et se hasardent à faire des commentaires qui se veulent drôles… La plupart du temps, la chute s’avère plus obscure que renversante.

En fin de compte, les moments prêtant à rire sont tout sauf rares dans Orgie Macabre. Ces dérapages, en revanche, ne sont pas voulus.

L’aventure n’est pas désagréable pour autant. Le film est même attachant. Mais Orgie Macabre est bien, malgré tout, une entreprise affligeante. Nul autre que le fameux Ed Wood est responsable de cette œuvre consternante. C’est difficile à concevoir, mais il en a écrit le scénario… d’après son roman. Tâche pour laquelle il a touché la rondelette somme de 600 $… Ça laisse songeur… Quoi qu’il en soit, un sacré margoulin. Réputé pour avoir réalisé le plus mauvais de film de l’Histoire du Septième Art : Plan 9 from Outer Space… Mais ceux qui l’affirment n’ont peut-être pas vu Orgie Macabre.

Orgy of the Dead – USA – 1965 ; réalisation : Stephen C. Apostolof, interprères : Criswell, Fawn Silver, Pat Barrington, William Bates, Mickey Jines, Barbara Nordin…

Bande annonce

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Santo en el museo de cera

Réalisé en 1963, Santo en el museo de cera est le huitième film du fameux catcheur masqué…

La légende commence dans les années 30 lorsque Rodolfo Guzmán commence sa carrière de catcheur. Mais c’est en 1942 qu’il revêt pour la première fois le masque d’argent d’El Santo.

Santo en el museo de cera

Grâce à son agilité et sa polyvalence, il rencontre très vite une grande popularité auprès du public. Au point qu’au milieu des années 50, il devient le héros d’une série de bandes dessinées. Plus tard, et grâce au succès du comic cette fois, les producteurs décident d’offrir une carrière cinématographique au héros masqué.

C’est ainsi que naissent en 1958 deux films signés Joselito Rodríguez : Santo contra el cerebro del mal et Santo contra los hombres infernales. C’est le début d’une carrière cinématographique féconde… Pendant une trentaine d’années, Rodolfo Guzmán va s’attacher à combattre les vilains sur le ring.

Santo en el museo de cera

En ce qui concerne Santo en el museo de cera, l’ennemi du catcheur s’avère le Dr. Karol. Le médecin a connu les camps de concentration nazis. À la fin de la guerre, il s’est expatrié au Mexique où il a monté une attraction originale. Il est en effet le fondateur d’un musée de cire dans lequel il expose différents personnages historiques, mais surtout des créatures monstrueuses.

Parmi elles, on trouve par exemple la reproduction en cire d’un véritable lycanthrope. Le pauvre bougre aurait été la victime d’une malédiction pesant sur sa famille depuis que son père a été mordu au Tibet par le yéti. Selon la légende, chaque septième enfant de la famille se transforme en monstre assoiffé de chair fraîche les soirs de pleine lune…

Santo en el museo de cera

Santo en el museo de cera vaut surtout pour ce fameux Dr. Karol qui pense avoir vu le véritable visage de l’âme humaine dans les camps. Dorénavant, il tente de retranscrire sa révélation sur les visages de ses statues de cire. C’est pourquoi ses œuvres reproduisent majoritairement des monstres.

Le Dr. Karol est un vrai fanatique et l’entendre déclamer ses convictions à la face de ses ennemis est confondant. Ennemis qu’il n’hésite pas à transformer en statue de cire pour effacer les traces de ses crimes.

Santo en el museo de cera

Comme notre héros est un sportif, les films de la série des Santo ne manquent pas d’action bondissante… Santo en el museo de cera ne déroge pas à la règle. Concrètement, cela se traduit par une intrigue fréquemment entrecoupée de combats de catch. Santo ravit alors son public dans la plus pure tradition de ce sport spectacle.

Ainsi, le lutteur masqué affronte trois affreux, dont un Français. Ce passage est particulièrement drôle. En effet, à travers ce personnage ultra stéréotypé, il est possible de voir comment nous perçoivent les Mexicains… À savoir comme des individus prétentieux, méprisants, et imbus de notre personne. Voilà qui démontre une bonne fois pour toutes que les clichés sont bel et bien sans fondement…

Santo en el museo de cera

Dynamiques, les joutes endiablées sont tout à fait réjouissantes. Elles apportent un peu d’exotisme et nous changent des sempiternelles ambiances gothiques généralement mises à profit pour ce genre de films… Si tant est que l’on puisse se lasser de ces atmosphères surannées…

Quoi qu’il en soit, avouons que Santo en el museo n’est pas vraiment un loup-garou… En effet, la créature qu’affronte le catcheur à la fin du métrage n’est ni la vedette du film ni même un véritable loup-garou… Tant pis, trop tard…

Santo in the Wax Museum – Mexique – 1963 ; réalisation : Alfonso Corona Blake, Manuel San Fernando ; interprètes : Santo (Rodolfo Guzmán), Claudio Brook, Norma Mora, Rubén Rojo, Roxana Bellini…

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Extrait

Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique

Jusqu’alors spécialisé dans la comédie musicale avec It’s Trad, Dad! (1962) de Richard Lester et Just for Fun (1963) de Gordon Flemyng, la jeune firme britannique Amicus se spécialise en 1965 dans le fantastique et le film à sketches avec Le train des épouvantes.

Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique

L’idée d’une anthologie trottait déjà depuis 1957 dans la tête de Milton Subotsky, co-fondateur de l’Amicus. Et après avoir vu Dead of Night (1945), il savait aussi que le fantastique se prêtait parfaitement à ce format.

Lorsqu’il frappa à la porte de Columbia pour financer son projet, la firme américaine lui fit cependant remarquer qu’en Angleterre, il y avait déjà un producteur spécialisé dans le genre, la Hammer Film Productions.

Milton Subotsky parvint malgré tout à réunir le budget de 105 000 livres sterling nécessaires pour financer la première incursion de la firme britannique Amicus dans le fantastique.

Et pour se différencier de la Hammer, le film produit par Milton Subotsky propose deux arguments de taille. D’abord, il s’agit d’une anthologie, format toujours décliné par la Hammer. Ensuite, alors que la Hammer préférait les histoires gothiques, celles contenues dans Le train des épouvantes sont contemporaines.

Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique

Cinq histoires écrites par Milton Subotsky

Le film est composé de cinq histoires, toutes racontées par le Dr. Shreck (Peter Cushing), tirant les cartes de cinq voyageurs pour prédire leur avenir.

Werewolf est la première histoire…

L’architecte Jim Dawson se rend dans la vieille demeure où il a grandi et qui appartient désormais à Dierdre Biddulph. Dans la cave, il fait la découverte d’un sarcophage sur lequel est représentée une tête de loup. Ainsi, il découvre que l’un de ses ancêtres a détruit un loup-garou portant le nom de Cosmo Valdemar. Avant de périr, ce dernier avait maudit tous ceux qui vivraient dans la demeure familiale des Dawson. Craignant le pire pour Dierdre, Jim fait fondre un crucifix en argent pour en tirer des balles. Mais lorsque le loup-garou apparaît, les balles s’avèrent inefficace…

Dans la seconde histoire, une vigne assiège les habitants d’une maison. Dans la troisième, un musicien de jazz engendre la colère d’un loa en subtilisant les notes de musique d’un rituel vaudou. La quatrième histoire met en scène un peintre (Michael Gough), dont la main, tranchée net à la suite d’un accident, réclame vengeance auprès d’un critique d’art (Christopher Lee) qui avait malmené le travail de l’artiste. La cinquième histoire permet de découvrir un jeune Donald Sutherland persuadé que sa femme est un vampire.

Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique

Au départ, Milton Subotsky souhaitait produire un film de 150 minutes comportant sept histoires afin de pouvoir également le commercialiser sous la forme d’une série à destination du petit écran.

Devant et derrière la caméra, une équipe de choc

La passé de caméraman de Freddie Francis, ainsi que ses premières réalisations au début des années 60, Paranoiac (1963) Meurtre par procuration (1964) et L’empreinte de Frankenstein (1964), convainquirent Subotsky non seulement de lui confier la mise en scène, mais également de lui laisser une liberté totale. Cette confiance perdura le temps de six autres films.

Aux côtés de Freddie Francis, on trouve le chef-opérateur Alan Hume qui composera ensuite les images de plusieurs James Bond dans les années 80.

Grâce au format du film à sketches n’imposant pas la présence sur une longue période de comédiens aux gages onéreux, il est possible de faire figurer en haut de l’affiche des noms prestigieux… Amicus ne se priva pas de cette possibilité et s’octroya la présence de deux transfuges de la Hammer : Christophe Lee et Peter Cushing.

Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique

Si Freddie Francis ne jouit pas d’une renommée à la hauteur de celle de Terence Fisher, cela s’explique par le fait que les anthologies sont moins estimées qu’un long métrage (on a tendance à se contenter de comparer les histoires entre elles). Par ailleurs, The Deadly Bees, le deuxième film de Freddie Francis pour l’Amicus, s’est avéré un échec artistique flagrant.

Une direction artistique soignée

Même si les histoires souffrent d’un manque d’originalité, elles s’avèrent toutes agréables à suivre. Courtes et rythmées, elles bénéficient également d’une direction artistique soignée ; grâce aux décors entièrement construits en studio, entre autres, le film semble beaucoup plus cher que ce qu’il a réellement coûté.

Par ailleurs, Le duel que se livrent Michael Gough et Christopher Lee dans la quatrième histoire permet aux deux acteurs de nous offrir une confrontation passionnante.

La première histoire mettant en scène Jim Dawson et Ursula Howells confronté à une malédiction ancestrale est certainement l’un des moments forts du film. L’idée de base était d’ailleurs suffisamment originale pour servir un long métrage.

Avec Le train des épouvantes, Freddie Francis établit la formule Amicus, tout comme Terence Fisher le fit pour la Hammer. Ainsi, Amicus persévéra dans le fantastique et le film à sketches avec en particulier Histoires d’outre-tombe (1972), Le caveau de la terreur (1973) et Frissons d’outre-tombe (1974).

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Grande-Bretagne – USA – 1965 – Titre original : Dr. Terror’s House of Horrors – Réalisation : Freddie Francis – Distribution : Christopher Lee, Michael Gough, Bernard Lee, Peter Cushing…

Bande-annonce VOSTF :

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Grande-Bretagne – 1961 – Titre original : The Curse of the Werewolf – Réalisation : Terence Fisher – Distribution : Oliver Reed, Clifford Evans, Yvonne Romain, Anthony Dawson, Richard Wordsworth…

Après avoir fait renaître de leurs cendres la créature de Frankenstein, le comte Dracula, la momie Kharis et le Dr. Jekyll, la Hammer produit le premier film de loup-garou britannique : La Nuit du loup-garou : La Nuit du loup-garou de Terence Fisher.

Terence Fisher tient bien les rênes la réalisation, lui qui avait remis au goût du jour tous les monstres du bestiaire d’Universal pour le compte de la Hammer. En revanche, ni Peter Cushing ni Christopher Lee ne sont de la partie. Scénariste des précédents films de la Hammer, Jimmy Sangster laisse quant à lui sa place à John Elder. Ce dernier est plus connu sous le nom d’Anthony Hinds, l’un des pontes de la Hammer. Avec La Nuit du loup-garou, il signe son premier script, l’adaptation pour l’écran du roman « Le loup-garou de Paris » de Guy Endore.

Le loup-garou est incarné par Oliver Reed. Ce dernier a été conseillé par le maquilleur Roy Ashton qui l’avait remarqué sur Les Deux Visages du Dr. Jekyll. La mâchoire carré, le visage rude, Oliver Reed crève l’écran et incarne un être maudit, broyé et anéanti par sa condition.

Il se révèle la progéniture d’un viol dont la victime est la belle et jolie servante muette du marquis. Parce qu’elle s’est refusée à lui, elle est jetée dans un cachot. Là, un pauvre bougre, abandonné depuis si longtemps dans sa cellule que la bestialité a pris le pas sur son humanité, commettra l’irréparable.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Alors que le roman de Guy Endore se déroule à Paris, Anthony Hinds place l’action en Espagne afin de pouvoir mettre à profit des décors précédemment utilisés pour un film se déroulant au Mexique.

L’enfant, Léon, est élevé par le bon Don Alfredo et son épouse. Très jeune, il est sujet à des pulsions qui le poussent à sortir la nuit afin d’attaquer de petits animaux. Lorsque les parents adoptifs réalisent le mal dont est atteint leur fils, ils consultent le prêtre de la paroisse. Celui-ci leur conseille d’entourer Léon d’amour pour refreiner sa bestialité. La stratégie fonctionnera plusieurs années, mais à l’âge adulte, la bête finit par prendre possession de Léon. Il sera délivré de ses souffrances par son père grâce à une balle en argent.

Dans le film de 1941, Larry Talbot était victime d’une malédiction surnaturelle, instruite par des gitans. En ce qui concerne Léon, sa malédiction est héritée de la condition de ses parents, pauvres, transformés en bêtes. Le malheur qui frappe Léon est d’autant plus cruel que c’est une injustice sociale perpétrée par les aristocrates sur les gens du peuple qui en est à l’origine.

Le maquillage confectionné par Roy Ashton s’avère excellent. Il permet à Oliver Reed de montrer son talent tout en donnant corps à un loup-garou particulièrement effrayant. Plus proche du lion que du chien, la créature dévoile des crocs et un torse velu qui ajoutent encore à la terreur qu’il suscite.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Choquée par l’aspect sanglant de la scène, la censure britannique demanda la diminution du nombre de coups de couteau assénés par la servante à son cruel tortionnaire.

Premier film en technicolor, La Nuit du loup-garou utilise de manière judicieuse la couleur et en particulier le vermillon qu’arbore la gueule du loup-garou après avoir fait une victime.

Le film se clôt sur une scène magistrale et impressionnante tirant parfaitement parti de la carrure, du charisme et de l’athlétisme d’Oliver Reed lorsque la créature tente de s’échapper en passant par les toits.

Malheureusement, la Hammer ne produira pas d’autres films de loup-garou. Anthony Hinds, qui proposa une approche différente des origines de la lycanthropie grâce à son scénario, continuera d’écrire pour la Hammer en signant, entre autres, les scripts de Dracula, Prince des Ténèbres et de La Femme Reptile.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

L’affiche du film fait preuve de beaucoup d’imagination en montrant Léon tenant dans ses bras sa mère, alors que celle-ci est morte en le mettant au monde.

Si La Nuit du loup-garou fait figure de classique du genre, c’est sans conteste en raison de la Hammer Touch qui le traverse du début à la fin (décors sublimes, couleurs éclatantes…) mais aussi en raison de l’interprétation d’Oliver Reed qui deviendra l’un des plus grands acteurs britanniques. On le retrouvera régulièrement œuvrant pour le fantastique dans des films comme Les Aventures du baron de Münchausen de Terry Gilliam, Chromosome 3 de David Cronenberg ou encore Les Diables de Ken Russell.

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