Le train des épouvantes : le film qui lança l‘Amicus dans le fantastique
Jusqu’alors spécialisé dans la comédie musicale avec It’s Trad, Dad! (1962) de Richard Lester et Just for Fun (1963) de Gordon Flemyng, la jeune firme britannique Amicus se spécialise en 1965 dans le fantastique et le film à sketches avec Le train des épouvantes.
L’idée d’une anthologie trottait déjà depuis 1957 dans la tête de Milton Subotsky, co-fondateur de l’Amicus. Et après avoir vu Dead of Night (1945), il savait aussi que le fantastique se prêtait parfaitement à ce format.
Lorsqu’il frappa à la porte de Columbia pour financer son projet, la firme américaine lui fit cependant remarquer qu’en Angleterre, il y avait déjà un producteur spécialisé dans le genre, la Hammer Film Productions.
Milton Subotsky parvint malgré tout à réunir le budget de 105 000 livres sterling nécessaires pour financer la première incursion de la firme britannique Amicus dans le fantastique.
Et pour se différencier de la Hammer, le film produit par Milton Subotsky propose deux arguments de taille. D’abord, il s’agit d’une anthologie, format toujours décliné par la Hammer. Ensuite, alors que la Hammer préférait les histoires gothiques, celles contenues dans Le train des épouvantes sont contemporaines.
Cinq histoires écrites par Milton Subotsky
Le film est composé de cinq histoires, toutes racontées par le Dr. Shreck (Peter Cushing), tirant les cartes de cinq voyageurs pour prédire leur avenir.
Werewolf est la première histoire…
L’architecte Jim Dawson se rend dans la vieille demeure où il a grandi et qui appartient désormais à Dierdre Biddulph. Dans la cave, il fait la découverte d’un sarcophage sur lequel est représentée une tête de loup. Ainsi, il découvre que l’un de ses ancêtres a détruit un loup-garou portant le nom de Cosmo Valdemar. Avant de périr, ce dernier avait maudit tous ceux qui vivraient dans la demeure familiale des Dawson. Craignant le pire pour Dierdre, Jim fait fondre un crucifix en argent pour en tirer des balles. Mais lorsque le loup-garou apparaît, les balles s’avèrent inefficace…
Dans la seconde histoire, une vigne assiège les habitants d’une maison. Dans la troisième, un musicien de jazz engendre la colère d’un loa en subtilisant les notes de musique d’un rituel vaudou. La quatrième histoire met en scène un peintre (Michael Gough), dont la main, tranchée net à la suite d’un accident, réclame vengeance auprès d’un critique d’art (Christopher Lee) qui avait malmené le travail de l’artiste. La cinquième histoire permet de découvrir un jeune Donald Sutherland persuadé que sa femme est un vampire.
Devant et derrière la caméra, une équipe de choc
La passé de caméraman de Freddie Francis, ainsi que ses premières réalisations au début des années 60, Paranoiac (1963) Meurtre par procuration (1964) et L’empreinte de Frankenstein (1964), convainquirent Subotsky non seulement de lui confier la mise en scène, mais également de lui laisser une liberté totale. Cette confiance perdura le temps de six autres films.
Aux côtés de Freddie Francis, on trouve le chef-opérateur Alan Hume qui composera ensuite les images de plusieurs James Bond dans les années 80.
Grâce au format du film à sketches n’imposant pas la présence sur une longue période de comédiens aux gages onéreux, il est possible de faire figurer en haut de l’affiche des noms prestigieux… Amicus ne se priva pas de cette possibilité et s’octroya la présence de deux transfuges de la Hammer : Christophe Lee et Peter Cushing.
Une direction artistique soignée
Même si les histoires souffrent d’un manque d’originalité, elles s’avèrent toutes agréables à suivre. Courtes et rythmées, elles bénéficient également d’une direction artistique soignée ; grâce aux décors entièrement construits en studio, entre autres, le film semble beaucoup plus cher que ce qu’il a réellement coûté.
Par ailleurs, Le duel que se livrent Michael Gough et Christopher Lee dans la quatrième histoire permet aux deux acteurs de nous offrir une confrontation passionnante.
La première histoire mettant en scène Jim Dawson et Ursula Howells confronté à une malédiction ancestrale est certainement l’un des moments forts du film. L’idée de base était d’ailleurs suffisamment originale pour servir un long métrage.
Avec Le train des épouvantes, Freddie Francis établit la formule Amicus, tout comme Terence Fisher le fit pour la Hammer. Ainsi, Amicus persévéra dans le fantastique et le film à sketches avec en particulier Histoires d’outre-tombe (1972), Le caveau de la terreur (1973) et Frissons d’outre-tombe (1974).
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Bande-annonce VOSTF :