Hurlements de Joe Dante : la renaissance du film de loup-garou
Le début des années 80 fut marqué par une certaine renaissance du film de loup-garou avec les sorties de Wolfen (1981), Hurlements (1981), Le loup-garou de Londres (1981), El retorno del Hombre Lobo (1981), La Compagnie des loups (1984) et, dans un tout autre genre, Teen Wolf (1985). Hurlements de Joe Dante et Le Loup-garou de Londres de John Landis seront cependant ceux qui marqueront le plus les esprits en injectant un sang neuf aux films de loups-garous.
Une journaliste obtient un entretien avec un maniaque qui attaque et éventre des jeunes femmes. L’entrevue se transforme en piège pour la jeune femme sauvée in extremis par la police. La journaliste ne sort cependant pas totalement indemne de sa mésaventure. Dans son inconscient, elle refoule ce qu’elle a vu juste avant que la police n’abatte son agresseur, à savoir la transformation de ce dernier en loup-garou. Comme traitement thérapeutique, un psychiatre lui conseille de se rendre dans une communauté reculée et spécialisée afin de se rétablir. Elle ignore que le groupe « au vert » est composé de loups-garous.
En assimilant le mythe du loup-garou à celui des sectes secrètes, les scénaristes sont parvenus à édifier des schémas différents autour de ce personnage trop souvent relégué à la victime d’une malédiction ancestrale. Désormais, ils sont bien implantés parmi nous, et se déchirent même entre deux groupes antagonistes. D’un côté, il y a ceux qui, menés par le psychiatre (Patrick Macnee de Chapeau Melon et Bottes de cuir), plaident pour l’harmonie entre les humains et les lycanthropes. De l’autre côté, on trouve des personnages comme celui campé par John Carradine qui ne voient en la race humaine rien de plus que des têtes de bétail.
Sur la forme, et plus particulièrement en ce qui concerne les effets spéciaux, Hurlements proposait à l’aube des années 80 un fabuleux bond en avant au regard des précédents films de loup-garou. Grâce aux maquillages imaginés par Rob Bottin et à l’animation image par image de David Allen, c’en était fini des superpositions d’images pour feindre la transformation en bête poilue. Désormais, les poils surgissent, les mâchoires se déforment, le nez se transforme en museau… Corporellement, les loups-garous s’éloignent également radicalement de la silhouette humaine. Ils deviennent immenses et arborent des formes allongées qui évoquent non plus un être humain ressemblant vaguement à une bête mais bien un loup qui marcherait sur deux pattes. A ce moment-là, l’évolution technique permet l’évolution artistique des loups-garous.
À ce sujet, le film ne manque en outre pas d’humour lorsque Karen décide de se transformer devant une caméra de télévision afin de révéler au monde l’existence des loups-garous. Son sacrifice est inutile comme le démontre un téléspectateur dans un bar qui admet, avec admiration et guère d’intérêt, que le cinéma sait désormais tout faire en termes d’effets spéciaux.
Hurlements ne mise pas tout sur ses trucages. En effet, l’interprétation est excellente, dominée par deux monstres, l’un du cinéma fantastique, l’autre de la télévision. Sans oublier la présence de Dee Wallace qui débutait là une formidable carrière également placée sous le signe du fantastique : E.T., l’extra-terrestre, Cujo, Critters… Esthétiquement, le film dispose d’une atmosphère qui lui est propre et d’images de toute beauté. Quant à l’histoire, originale et passionnante, elle est toujours aussi brillante aujourd’hui.