Tony, le héros de Les Griffes du loup-garou, partage des traits de caractère avec Jim Stark, son alter égo de La Fureur de vivre. Fougueux et rebelle, ils sont aussi membres de la génération silencieuse, celle née entre le milieu des années 20 et 1945. Réputés pour leur tendance à la conformité et au traditionalisme, cette génération a pourtant aussi initié la contre-culture des années 60 et est à l’origine du Rock ‘n’ roll… Quoi qu’il en soit, tout comme le film qui a fait de James Dean une légende, Les Griffes du loup-garou est une œuvre charnière entre classicisme et modernité.

La Fureur de vivre, Les Griffes du loup-garou… Même combat !

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Les jeunes, méfiez-vous des adultes

Tout comme La Fureur de vivre et Jim, Les Griffes du loup-garou et Tony sont le symbole d’une jeunesse en manque de repères où déjà pointent l’éclatement de la famille et la défiance vis-à-vis des adultes.

Ainsi, le père de Tony demeure totalement dépassé par l’agitation et les émotions qui grondent à l’intérieur de son fils. En effet, Tony rencontre bien des difficultés à contrôler ses émotions qui s’expriment trop souvent par la violence. Il demande conseil à son paternel qui, impuissant, se contente de lui recommander de faire ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire obéir, se conformer : « Fais ce que les gens attendent de toi et ils te laisseront tranquille ».

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony, en plein marasme, n’a rien à attendre de l’école non plus. L’institution scolaire met même en exergue ses troubles dans une scène décisive durant laquelle Tony se retrouve seul avec une camarade s’entraînant sur un cheval d’arçons. Alors que la jeune fille réalise des figures tendancieuses dans son body moulant, la sirène retentit furieusement aux oreilles du garçon, comme pour le sermonner d’avoir eu des pensées lubriques. Dans le même temps, le sermon provoque par la même occasion la transformation du jeune homme en une créature lycanthrope.

La police, quant à elle, ne connaît que la violence et la répression. Elle n’est pas non plus de bon conseil puisque c’est elle qui invite Tony à se rendre chez un psychologue. Or, le scientifique ne lui sera d’aucune aide…

Tony tombe ainsi entre les mains d’un charlatan obnubilé par ses fantasmes de régression. Il lui promet la guérison. Tristement, jusqu’à sa fin tragique, Tony garde confiance et reste convaincu que seul le Dr Brandon peut l’aider.

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tout ça pour 80 000 $

Le succès de Les Griffes du loup-garou, I Was a Teenage Werewolf dans sa version originale, sera tel qu’il enfantera trois autres I Was a Teenage machin truc… Ce sera un vampire dans Blood of Dracula, un monstre dans How to Make a Monster et une créature de Frankenstein dans I was a Teenage Frankenstein.

Pour une fois, on ne trouve pas de Roger Corman à la baguette, mais un autre briscard de la série B : Samuel Z. Arkoff, fondateur en 1954 de l’American International Pictures. Avec sa société, Arkoff produit des films aux budgets étriqués, mais qui sont presque toujours rentables.

À la réalisation, Gene Fowley Jr. assure tellement bien les arrières de son producteur que l’on ne se rend même pas compte que le bureau du psychologue est le même que celui du proviseur du lycée. L’année suivante, Fowley réalise son chef-d’oeuvre : Les Monstres sur notre planète (I Married a Monster from Outer Space).

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Tony est interprété avec conviction par le très jeune Michael Landon qui allait devenir mondialement connu en donnant corps à Charles Ingalls de La petite maison dans la prairie. Ainsi, après avoir incarné la jeunesse rebelle, il passera de l’autre côté de la force en devenant adulte… Tout un symbole.

L’infâme Dr Brandon est, pour sa part, incarné par le vétéran Whit Bissell qui a joué dans une liste de classiques aussi longue que le bras (Soleil Vert, La Machine à explorer le temps, L’Étrange Créature du lac noir, Les 7 mercenaires…)

Les Griffes du loup-garou – Regard sur la jeunesse des années 50

Un loup-garou respectueux de ses aïeux

Entre tradition et modernité, cette solide série B fait preuve de compromis. Ainsi, le loup-garou bénéficie d’un maquillage respectant parfaitement le loup-garou imaginé par Jack P. Pierce en 1941 dans le film de George Waggner.

Cependant, Tony n’est pas un loup-garou à proprement parler… Malgré la présence d’un vieux Roumain qui tente de créer un lien entre ce qui arrive au garçon et les créatures qui s’ébattent dans les forêts de sa terre natale, Tony est une créature de la science. En conséquence, une balle en argent n’est pas nécessaire pour en venir à bout et ce n’est pas non plus la lune pleine qui provoque sa transformation. Une singularité qui fait de Les Griffes du loup-garou l’une des rares œuvres du genre à laquelle on peut coller l’étiquette SF.

I Was a Teenage Werewolf, Blood of the Werewolf – USA – 1957 ; réalisation : Gene Fowler Jr. ; interprètes : Michael Landon, Yvonne Lime, Whit Bissell, Charles Willcox, Dawn Richard, Barney Phillips, Ken Miller, Cynthia Chenault…

Bande-annonce


Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
D'autres blogs où je suis actif :
ThrillerAllee pour le cinéma de genre allemand.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.