La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Grande-Bretagne – 1961 – Titre original : The Curse of the Werewolf – Réalisation : Terence Fisher – Distribution : Oliver Reed, Clifford Evans, Yvonne Romain, Anthony Dawson, Richard Wordsworth…

Après avoir fait renaître de leurs cendres la créature de Frankenstein, le comte Dracula, la momie Kharis et le Dr. Jekyll, la Hammer produit le premier film de loup-garou britannique : La Nuit du loup-garou : La Nuit du loup-garou de Terence Fisher.

Terence Fisher tient bien les rênes la réalisation, lui qui avait remis au goût du jour tous les monstres du bestiaire d’Universal pour le compte de la Hammer. En revanche, ni Peter Cushing ni Christopher Lee ne sont de la partie. Scénariste des précédents films de la Hammer, Jimmy Sangster laisse quant à lui sa place à John Elder. Ce dernier est plus connu sous le nom d’Anthony Hinds, l’un des pontes de la Hammer. Avec La Nuit du loup-garou, il signe son premier script, l’adaptation pour l’écran du roman « Le loup-garou de Paris » de Guy Endore.

Le loup-garou est incarné par Oliver Reed. Ce dernier a été conseillé par le maquilleur Roy Ashton qui l’avait remarqué sur Les Deux Visages du Dr. Jekyll. La mâchoire carré, le visage rude, Oliver Reed crève l’écran et incarne un être maudit, broyé et anéanti par sa condition.

Il se révèle la progéniture d’un viol dont la victime est la belle et jolie servante muette du marquis. Parce qu’elle s’est refusée à lui, elle est jetée dans un cachot. Là, un pauvre bougre, abandonné depuis si longtemps dans sa cellule que la bestialité a pris le pas sur son humanité, commettra l’irréparable.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Alors que le roman de Guy Endore se déroule à Paris, Anthony Hinds place l’action en Espagne afin de pouvoir mettre à profit des décors précédemment utilisés pour un film se déroulant au Mexique.

L’enfant, Léon, est élevé par le bon Don Alfredo et son épouse. Très jeune, il est sujet à des pulsions qui le poussent à sortir la nuit afin d’attaquer de petits animaux. Lorsque les parents adoptifs réalisent le mal dont est atteint leur fils, ils consultent le prêtre de la paroisse. Celui-ci leur conseille d’entourer Léon d’amour pour refreiner sa bestialité. La stratégie fonctionnera plusieurs années, mais à l’âge adulte, la bête finit par prendre possession de Léon. Il sera délivré de ses souffrances par son père grâce à une balle en argent.

Dans le film de 1941, Larry Talbot était victime d’une malédiction surnaturelle, instruite par des gitans. En ce qui concerne Léon, sa malédiction est héritée de la condition de ses parents, pauvres, transformés en bêtes. Le malheur qui frappe Léon est d’autant plus cruel que c’est une injustice sociale perpétrée par les aristocrates sur les gens du peuple qui en est à l’origine.

Le maquillage confectionné par Roy Ashton s’avère excellent. Il permet à Oliver Reed de montrer son talent tout en donnant corps à un loup-garou particulièrement effrayant. Plus proche du lion que du chien, la créature dévoile des crocs et un torse velu qui ajoutent encore à la terreur qu’il suscite.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

Choquée par l’aspect sanglant de la scène, la censure britannique demanda la diminution du nombre de coups de couteau assénés par la servante à son cruel tortionnaire.

Premier film en technicolor, La Nuit du loup-garou utilise de manière judicieuse la couleur et en particulier le vermillon qu’arbore la gueule du loup-garou après avoir fait une victime.

Le film se clôt sur une scène magistrale et impressionnante tirant parfaitement parti de la carrure, du charisme et de l’athlétisme d’Oliver Reed lorsque la créature tente de s’échapper en passant par les toits.

Malheureusement, la Hammer ne produira pas d’autres films de loup-garou. Anthony Hinds, qui proposa une approche différente des origines de la lycanthropie grâce à son scénario, continuera d’écrire pour la Hammer en signant, entre autres, les scripts de Dracula, Prince des Ténèbres et de La Femme Reptile.

La Nuit du loup-garou de Terence Fisher

L’affiche du film fait preuve de beaucoup d’imagination en montrant Léon tenant dans ses bras sa mère, alors que celle-ci est morte en le mettant au monde.

Si La Nuit du loup-garou fait figure de classique du genre, c’est sans conteste en raison de la Hammer Touch qui le traverse du début à la fin (décors sublimes, couleurs éclatantes…) mais aussi en raison de l’interprétation d’Oliver Reed qui deviendra l’un des plus grands acteurs britanniques. On le retrouvera régulièrement œuvrant pour le fantastique dans des films comme Les Aventures du baron de Münchausen de Terry Gilliam, Chromosome 3 de David Cronenberg ou encore Les Diables de Ken Russell.

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Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
D'autres blogs où je suis actif :
ThrillerAllee pour le cinéma de genre allemand.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.