Monster Dog – Alice Sweet Alice

Si le nom de Claudio Fragasso évoque quelque chose aux cinéphiles, ce n’est certainement pas pour le prestige de sa filmographie. Mais plutôt parce que, peu chères, les productions signées du bonhomme ressortent régulièrement en VHS, DVD, Blu-ray… Dès lors, difficile de passer à côté de Zombi 3 (1988), After Death (1989) ou encore Au-delà des ténèbres (1990). D’autant plus que les affiches, alléchantes, accrochent l’oeil. Mais on ne juge pas un film par son affiche et, logiquement, la désillusion se trouve souvent au bout des 90 minutes réglementaires. Car, contrairement à Bruno Mattei, son comparse des années 80 qui truffait ses films d’excès divers et variés, Claudio Fragasso n’aura pas réussi à tirer son épingle du jeu. Même à l’occasion de Monster Dog dans lequel il bénéficiait de la présence notable de l’un des enfants terrible du rock : Alice Cooper…

Alice Cooper rencontre le succès au début des années 70 avec des titres désormais légendaires comme I’m Eighteen, School’s Out ou encore Billion Dollar Babies. Les mélomanes nécrophiles se souviennent sans doute également de la ballade romantique I Love the Dead… Toutefois, en 1983, c’est acculé qu’Alice Cooper s’engage pour Monster Dog. Son dernier album, DaDa, sorti la même année, est un four et son label en a assez de ses frasques d’alcoolique et de drogué. Alice Cooper craint alors de ne plus pouvoir travailler dans la musique et se dit que le rôle que lui propose Claudio Fragasso pourrait lui permettre, peut-être, de rebondir dans le 7e art. Le chanteur a alors 36 ans mais, en raison de ses excès antérieurs, en paraît dix de plus…
Dans le film, Alice Cooper incarne la rock star Vince Raven qui revient en Californie où il a grandi. Avec sa petite amie et une équipe réduite de techniciens, il envisage de tourner le clip de son dernier 45 tours dans la demeure familiale. Il faut dire que le cadre se prête bien à la réalisation d’une vidéo empreinte de surnaturel avec cette grande demeure isolée dans une région désertique balayée par le vent. Le shérif avertit toutefois les artistes qu’une meute de chiens hors de contrôle attaque les promeneurs, sans distinction de race ou d’origine. Mais le danger va venir d’ailleurs… En effet, le lendemain, des bandits armés à la mine patibulaire tout droit sortis d’un western italien accusent Vincent d’être, comme son père vingt ans plus tôt, condamné à se transformer en un monstre capable de commander les chiens affamés de la région…


L’attaque de la demeure de Vince par les autochtones qui entendent arrêter ses méfaits avant même qu’il ne se fasse rattraper par la malédiction représente le moment fort du film. L’assaut survient après trois quarts d’heure de métrage. Auparavant, la menace « lycanthropique » se limite à des on-dit. L’attende s’avère donc plutôt longue même si, auparavant, Claudio Fragasso tente d’insuffler un peu de rythme en gratifiant son film des clips de deux chansons qu’Alice Cooper a spécialement écrites pour l’occasion. See Me in the Mirror ne fera tomber personne de sa chaise. En revanche, Identity Crisies et ses paroles rigolotes ont la fâcheuse tendance à vouloir s’incruster dans la tête et y rester plusieurs jours…
Sometimes I’m James Bond, Sometimes I’m Billy the Kid, Sometimes I feel like Sherlock Holmes, Sometimes I feel like Jack the Ripper, ‘Cause I got an image out of control, Identity Crisies…
Malheureusement, Claudio Fragasso ne cherche même pas à bonifier des paroles qui évoquent à la fois la crise d’identité du chanteur Alice Cooper et celle du héros Vince Raven, reléguant les questions existentielles du rocker en produit de série Z. C’est d’autant plus dommage que l’icône du rock et des clips vidéos se révèle plutôt crédible pour sa première apparition dans un long métrage. Par ailleurs, Monster Dog détone un peu avec sa malédiction revenant aux fondamentaux à une époque où Hurlements et Le Loup-garou de Londres revisitent le genre.


Dans la carrière de Claudio Fragasso, Monster Dog représente toutefois son acmé, principalement parce que le film bénéficie d’un budget suffisant pour mettre en images des éléments qui feraient baver d’envie les séries B d’aujourd’hui : château isolé et fastueux, homme-torche, meute de chiens affamés, photographie soignée avec de jolies couleurs vives. Des atouts qui permettent de générer une ambiance capable de faire oublier un instant le rythme lancinant. La brume épaisse, quant à elle, sert surtout à dissimuler ce qu’il reste du buste de la créature, abîmé par un technicien maladroit, nous privant, malencontreusement, d’une transformation en bonne et due forme.
L’expérience calamiteuse aura tout de même le mérite de servir de leçon à notre bon Alice en l’incitant à revenir à ses premières amours. En retrouvant le chemin de la sobriété, il se hissera tout en haut du classement des ventes en 1986 avec l’album Constrictor. Le chanteur continuera à s’inspirer du cinéma en infusant une aura sombre et ténébreuse à ses performances sur scène. Il deviendra même un symbole du fantastique dans les années 80, s’offrant quelques caméos dans Prince des Ténèbres (1987) ou La Fin de Freddy : L’Ultime Cauchemar (1991). Il composera même le cultissime He’s Back (The Man Behind the Mask) pour Vendredi 13, chapitre VI : Jason le mort-vivant.
![]() |
Cher lecteur, nous avons besoin de votre retour. Au choix : |
Vous appréciez notre travail, c’est important pour nous motiver à continuer. Merci ! |
Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons :
=> Achetez Monster Dog chez Le Chat qui fume
=> Horror of the Wolf – loup-garou kawaii
=> Werewolves on Wheels – mourir d’ennui, mais en chanson
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
D'autres blogs où je suis actif :
ThrillerAllee pour le cinéma allemand qui vibre.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.