Werewolves (2024) – Cauchemar américain

Steven C. Miller réalise depuis 2005 de solides séries B. Sa spécialité, c’est le film d’action musclé et décérébré. Des films du calibre de First Kill (2017), Marauders (2016) et Arsenal (2017) permettent alors à des cadres du genre tels que Bruce Willis et Nicolas Cage de reprendre un peu du service. Avec Werewolves, Steven C. Miller s’attache cette fois-ci les services d’un autre tôlier du film d’action, le vaillant Frank Grillo. Les fans connaissent surtout l’acteur pour avoir repris la franchise American Nightmare désertée par Ethan Hawke dès le second épisode… Un recrutement pertinent eu égard à un scénario finalement très proche de celui du film signé James DeMonaco en 2013…


Il y a un an, une super lune a transformé en loups-garous les humains exposés à ses rayons. Le Dr Aranda et ses assistants Amy et Wesley pensent avoir trouvé un vaccin pour protéger leurs concitoyens qui se préparent à une nouvelle nuit de terreur…
En imaginant des familles américaines se barricader chez elles pendant une période de 12 heures durant laquelle tout crime devenait légal, American Nightmare exploitait malicieusement un traumatisme contemporain tendant au repli sur soi. Werewolves exploite le même filon avec des familles confinées dans leur « home sweet home », investissant leurs économies dans la vidéo surveillance, entassant des provisions dans leurs placards et se mettant en quête d’armes diverses et variées pour se protéger de leurs redoutables concitoyens. Toutefois, dans Werewolves, le credo de la franchise American Nightmare va très vite passer au second plan pour permettre au film de livrer au spectateur un film d’action avec des loups-garous.
Ainsi, dès que les scientifiques ont constaté leur échec, le héros doit traverser la ville dans laquelle règne le chaos pour rejoindre sa famille. Il lui faut alors éviter les créatures qui errent dans les rues sombres, tout en esquivant les rayons de la super lune qui pourraient le transformer lui aussi en bête assoiffée de sang.

L’épisode s’avère d’autant plus ludique que les loups-garous sont superbes. Avec leur dos recourbé et leur museau long et élancé, les monstres déconcertent les premiers temps mais, très vite, on adopte leur allure, preuve que les concepteurs se sont trituré les méninges pour faire un peu dans l’originalité. Surtout, les créatures se révèlent entièrement confectionnées à l’ancienne, c’est-à-dire avec les petites mains de spécialistes en effets spéciaux. Cerise sur le gâteau, le travail délivré par les artisans est subtilement exploité par Steven C. Miller qui met tout son savoir-faire au service des créatures. Éclairages judicieux, mouvements de caméra parfaitement étudiés, effets de montage intelligents… Tout est mis en œuvre pour sublimer de biens beaux costumes et rendre crédible la menace de ces monstres d’un soir.
Auparavant, lorsque les scientifiques testent leur vaccin sur des volontaires maintenus dans des cages soit-disant indestructibles, Werewolves va nous gratifier de l’une des plus belles séquences de transformation en loup-garou du cinéma. Évidemment, comme on pouvait s’y attendre, le vaccin élaboré en quelques mois va se montrer totalement inefficace. Bien sûr, le spectateur qui n’est pas dupe s’attend à cette triste conclusion.
Steven C. Miller exploite intelligemment cette attente pour créer une jolie petite montée d’adrénaline avant qu’arrivent les transformations attendues. Ainsi, les cobayes, qui ne connaissent pas encore l’efficacité du remède, attendent chacun de manière différente leur sort, générant une tension palpable, que ce soit dans le laboratoire ou devant l’écran… L’un des sujets s’affole, l’autre fait preuve de sagesse, le troisième manifeste son impatience. Car, effectivement, les personnes qui ont subi la transformation l’année précédente ne s’en sont pas forcément tirées sans séquelle…


Lorsque les métamorphoses surviennent, elles s’avèrent franchement bestiales, utilisant subtilement les images de synthèse. La panique qui s’ensuit dans l’officine est alors tout aussi efficacement retranscrite à l’écran par Steven C. Miller qui s’inspire, à ce moment-là, de la cultissime séquence d’Aliens (1986) où les troufions, caméra à l’épaule, tombaient les uns après les autres sous les coups de leurs assaillants d’un autre monde.
De belles réussites à mettre au crédit de Steven C. Miller, dont la spécialité est pourtant le film d’action. Dans ce domaine, le réalisateur ne déçoit pas non plus d’ailleurs, livrant de nombreuses séquences suffisamment dynamiques pour faire oublier un scénario au déroulé somme toute prévisible. Toutefois, pour contrer ce point noir, le scénario a l’intelligence de puiser dans la mythologie de loup-garou pour tout de même enrichir de questions morales le récit. Par exemple, les héros doivent se défendre face aux loups-garous sans pour autant les trucider puisque les malheureux demeurent des victimes qui retrouveront forme humaine au petit matin.
Enfin, il y a quand même quelques exceptions à la règle, en particulier quand le voisin est un nationaliste va-t-en-guerre. Alors, Frank Grillo peut laisser ses scrupules de côté et arracher la tête de l’opportun dans une joyeuse effusion de sang et de barbaque. Une violence saupoudrée de gore qui, dans une certaine mesure et toute proportion gardée, parviendrait même à conférer à Werewolves des airs de Dog Soldiers (2002) des années 2020.
Informations complémentaires :
Werwolves, c’est aussi le bonheur de retrouver dans un petit rôle le Ritchie Valens de La Bamba et l’un des Youngs Guns (1988) : Lou Diamond Phillips.
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=> Wolves – qu’on aurait tant aimé voir franchisé
=> Wer (2013) – Le loup-garou de Lyon
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
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ThrillerAllee pour le cinéma allemand qui vibre.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.