Werewolves on Wheels – mourir d’ennui, mais en chanson

Werewolves on Wheels est une téméraire tentative de combiner plusieurs sous-genres de l’exploitation comme la drugsploitation, le film de biker et l’horreur…
Adam parcourt les routes du désert californien avec sa bande de motards : les Devil’s Advocates. Par hasard, la troupe assiste à une messe satanique durant laquelle, Helen, l’amie d’Adam, est transformée en louve-garou. Le lendemain, le gang groggy reprend la route. Mais peu de temps après, deux membres sont découverts sauvagement assassinés…


Une révision s’impose avant de prendre la route
Werewolves on Wheels est le premier film réalisé par Michel Levesque. L’année suivante, le bonhomme issu de l’écurie Corman accouche de Sweet Sugar, un sexploitation dans lequel figure Phyllis Davis. Une beauté suffisamment marquante pour se retrouver devant la caméra de Russ Meyer dans La vallée des plaisirs (1970).
Par la suite, sans doute refroidi par ses défaillances en matière de mise en scène, Michel Levesque se tourne vers d’autres postes. D’entre tous, c’est le métier de chef décorateur qui se montrera le moins ingrat. C’est ainsi que le réalisateur reconverti devient un collaborateur régulier de Russ Meyer, encore lui, par exemple sur Supervixens (1975) ou Megavixens (1976). Dans un tout autre genre, Levesque participe également au mythique Le monstre qui vient de l’Espace (1977).
Toujours est-il que Werewolves on Wheels, comme les films précédemment cités, patauge dans les mêmes eaux troubles de l’exploitation US des années 70. Époque bénie de la série B où tout était possible, permis, voire encouragé.
Fidèle à ces principes, Werewolf on Wheels a été tourné aux tout débuts des années 70 en 15 jours, montre en main. Surtout, le film exploite, allègrement et sans autorisation, les décors, finalement libres de droit c’est vrai, que mettent à disposition le désert et le bitume californiens.
Par ailleurs, quand les natifs du coin ne sont pas utilisés pour jouer leur propre rôle, à bord de leurs propres deux roues de surcroît, on fait appel pour jouer les satanistes aux hippies de la communauté qui a élu domicile à deux pas de là. Un procédé qui interpellera Jess Franco, au point d’imiter Michel Levesque quelques années plus tard pour son mémorable Deux espionnes avec un petit slip à fleurs (1980)…
De toute évidence, il se dégage de Werewolves on Wheels un parfum de liberté intrinsèquement lié à son époque puisque le film paraît deux années après Easy Rider. Au demeurant, le classique de Dennis Hopper inspirera de nombreux cinéastes américains et changera même la face de Hollywood car, dès lors, tourner un film pouvait se faire pour une bouchée de pain et malgré tout rapporter très gros.


Sur la route, toute la maudite journée
Mais Levesque n’est pas Hopper. Ni même De Palma. Werewolves on Wheels, pour sa part, ne rapportera pas un kopeck. Peut-être est-ce dû au fait que le film n’a pas compris la philosophie de l’époque ? En effet, alors que dans Easy Rider deux jeunes Américains sur leur belle moto découvrent les limites du rêve américain en rencontrant les culs-terreux qui peuplent leur belle nation, les rôles s’avèrent inversés dans le film de Michel Levesque… Cette fois-ci, les bikers censés symboliser la liberté sont de mauvais garçons, méprisant les autochtones, ainsi que les femmes. Difficile d’apprécier la troupe, et encore moins de s’identifier à ces malotrus. Film d’horreur oblige, la morale sera heureusement respectée puisque les vilains subiront la malédiction du loup-garou.
Sur ce point, l’absence de technologie, ou plutôt de moyens, ne permet pas de faire des folies en matière d’effets spéciaux. Dès lors, les créatures s’avèrent moyennement spectaculaires, adoptant l’apparence de celles qui sévissaient alors en Espagne dans les films portant le sceau Paul Naschy.
Notons néanmoins que, malgré son budget famélique, Levesque tente malgré tout d’en donner pour son argent au spectateur. Au point que les nombreuses balades à deux roues, les feux de joie en plein désert la nuit, ainsi que quelques séquences gentiment sexy constituent les aspects les plus positifs du film. Autant de preuves témoignant du talent de Michel Levesque comme futur directeur artistique… Dès lors qu’il s’agit de dénicher et de mettre en valeur des décors naturels, uniquement cependant.

Pas de doute, ils auraient dû s’écouter
Car, pour le reste, force est de constater que c’est la panne sèche. Ces quelques atouts ne permettent pas de braver l’ennui qui s’installe assez rapidement lors du visionnage du film.
En cause, un développement de l’histoire sacrifié au bénéfice de balades motorisées trop nombreuses… Et au profit de dialogues débités par de jeunes paumés qui ne se montrent jamais à la hauteur d’un film générationnel de base.
Dès lors, Werewolves on Wheels s’affiche comme une suite d’épisodes peu inspirés ne cherchant pas à construire une histoire à part entière.
Dans ce contexte, le produit ne fonctionne pas non plus en tant que film fantastique et d’horreur. En effet, comment développer un semblant de suspens à partir du moment où les protagonistes ne tirent aucune conséquence, ne serait-ce que pour se protéger, lorsqu’ils constatent les disparitions et les décès parmi leurs proches ?
Avant de terminer sur une note plus positive, il est important de dénoncer une faute de goût mémorable dont se rendent coupables les membres de la secte satanique… En trempant le pain… Dans le vin ! Une folie qui a probablement coûté à Werewolves on Wheels son certificat d’exploitation puisque le film n’a jamais été diffusé dans notre beau pays qui ne rigole pas avec ces deux symboles de la France profonde.

Derrière chaque image…
Plus sérieusement, l’élément le plus remarquable du film reste la musique de Don Gere. Celui-ci n’aura travaillé qu’à deux occasions pour le cinéma, à chaque fois avec Michel Levesque. Son passé dédié à l’écriture de chansons pop & folk et de musique country ne laissait franchement pas présager qu’il allait composer pour Wherewolves on Wheels une brillante BO empreinte d’accents proches d’un rock psychédélique. Dès lors, à défaut d’être convaincantes, les images de Werewolves on Wheels bénéficient d’un accompagnement musical fort agréable.
Informations complémentaires :
En plus des autochtones embauchés comme figurants, le film bénéficie de la présence de nombreux acteurs chevronnés, certes pour des petits rôles, dans des films plus ou moins importants… Généralement plutôt moins bons encore que Werewolf on Wheels...Sauf en ce qui concerne Donna Anderson qui a débuté sa carrière aux côtés de Gregory Peck et d’Ava Gardner dans Le dernier rivage (1959). Elle figurait également auprès de Spencer Tracy et de Gene Kelly dans Procès de singe (1960). Ici âgée d’une trentaine d’année, elle incarne Helen.
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Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
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