Horror of the Wolf – loup-garou kawaii
Kazumasa Hirai est principalement connu en raison de sa participation à la création du manga d’action et de science-fiction Eightman mettant en scène un super-héros cyborg. Mais il est également à l’origine de la série de romans présentant cette fois-ci une créature proche du loup-garou : Wolf Guy. Réalisé par Masashi Matsumoto, Horror of the Wolf est la première adaptation cinématographique du manga.
Akira Inugami a grandi parmi les loups avec sa mère jusqu’à ce qu’elle soit assassinée sous ses yeux. Désormais, il habite à Tokyo et va au lycée. Élève taciturne, Akira montre néanmoins beaucoup d’affection pour sa professeure. Mais Akira est aussi victime de gangs scolaires qui s’en prennent à lui tous les jours. Pourtant, Akira, alias Wolf Guy, survivant d’une tribu dont les membres sont capables de se transformer en loup, refuse de se défendre. Cet héritage, il n’en veut pas. Mais a-t-il le choix ? En particulier lorsque sa professeure préférée devient elle aussi la cible de gangsters.
Exotisme nippon
Horror of the Wolf propose un loup-garou à l’aspect franchement surprenant. Plutôt joli, voire mignon même diront certains. On doit cette apparence à un maquillage franchement adorable. Enfin, tant que l’on ne sait pas que le masque est élaboré à partir de véritables poils de loups de Sibérie…
Ainsi, la créature proposée par Horror of the Wolf n’a rien de commun avec celles mises en avant par Lon Chaney Jr. ou Paul Naschy. Les traits du visage de l’acteur Tarô Shigaki, transformé en créature fantastique, se font d’ailleurs même plus doux.
Plus surprenant encore, une fois sa transformation achevée, le monstre ressemble à s’y méprendre à un joli berger allemand…
Quant à la composition de l’acteur, on la qualifiera de monolithique. Tarô Shigaki est certainement un beau brun ténébreux mais son visage inexpressif s’avère bien rébarbatif. Pour la suite de sa carrière, le comédien dut d’ailleurs se contenter de jouer dans des séries ou de doubler des animés comme Lady Oscar à la fin des années 70.
Heureusement, Yûsaku Matsuda est là pour bousculer ce lycanthrope taciturne et pleurnichard.
Celui qui acquit en 1989 une aura internationale en affrontant Michael Douglas dans Black Rain de Ridley Scott, marque franchement de son empreinte son premier film pour le cinéma. Alors qu’il n’en est même pas le héros !
Dans les années 70 et 80, Yûsaku Matsuda devient l’un des plus importants acteurs nippons, alternant, avec la même réussite, films d’action et œuvres plus dramatiques. Réputé pour son injustice, le destin ne lui fit pas don d’une longue existence. Malgré tout, l’acteur reste populaire au Japon grâce aux créateurs de manga et d’animés qui s’inspirent de son charisme pour composer leurs héros… Ainsi, Ken le survivant, c’est lui. Tout comme Aokiji de One Piece (1999).
Même s’il n’a que 24 ans au moment de tourner Horrror of the Wolf, son aura lui permet déjà de faire illusion dans ce rôle de journaliste averti. Informé du passé du héros, il est le seul à pouvoir secouer les puces de ce loup-garou de pacotille afin qu’il accepte, enfin, d’endosser son rôle de champion. Son argument : « Seuls les humains s’apitoient sur leur sort et acceptent de se faire taper dessus ! ».
Un sermon qui nous renvoie à cette séquence folle durant laquelle les lycéens, imprégnés de culture hippie, se regroupent au stade pour organiser la contestation. Alors qu’ils clament leur attachement à la paix et à l’amour, la police, quant à elle, s’apprête à faire ce qu’elle fait le mieux : cogner sur du jeune. S’ensuit une émeute plus vraie que nature durant laquelle Wolf Guy n’aura pas d’autre choix que de prendre position. Et de démontrer, par la même occasion, les limites de la non-violence.
Effusions d’extravagances
D’ailleurs, Horror of the Wolf ne lésine pas sur les effusions de sang. Emprunter la voie de la sexploitation ne l’effraie pas outre mesure non plus… Sauf que les séquences concernées n’ont franchement rien d’érotique. Par exemple, dans l’une de ces séquences, le vilain du film entreprend de faire de sa compagne sa partenaire de judo. Comme elle ne fait pas le poids, au sens propre comme au figuré, le résultat s’avère plutôt spectaculaire. En effet, la jeune femme, nue de surcroît, est balancée de droite à gauche comme une vulgaire poupée de chiffon. L’étrange valse a au moins le mérite de nous changer des préliminaires convenus…
Ceci étant dit, c’est pour cela que l’on aime le cinéma de genre japonais. Ainsi, difficile de ne pas se montrer séduit par l’ambiance désordonnée et extravagante qui se dégage de Horror of the Wolf. Renforcée, en outre, par une narration tout aussi chaotique, caractéristique de l’époque, probablement.
Dès lors, avec ses bagarres entre filles, ses femmes hystériques que le héros corrige d’une gifle bien placée, ses pantalons Pattes d’Eph, son style déco aux couleurs vives et psychédéliques composé de motifs géométriques, ses geysers de sang, et sa musique funky, Horror of the Wolf est bien un film des années 70.
Aux manettes, on retrouve Masashi Matsumoto qui signe ici le second film d’une carrière qui se prolongera jusqu’à l’orée des années 80. Principalement occupé à adapter des mangas à l’écran, il filme un scénario signé Jun Fukuda. Un personnage que les amateurs de Kaiju Eiga connaissent bien, puisque c’est lui qui signera aussi d’innombrables suites au Godzilla d’Inoshiro Honda… Dénaturant le produit d’origine, soit dit en passant…