Teen Wolf (1985) – Une star et ça change tout
Lorsque papy vous ennuie en radotant en boucle que les films des années 80, c’était quand même autre chose que les productions contemporaines, parlez-lui donc de Teen Wolf, réalisé en 1985 par Rod Daniel et mettant en scène Michael J. Fox. Ça devrait suffire à le faire taire…
Scott Howard est un adolescent comme les autres. Néanmoins, quelque chose d’inhabituel va se produire lors d’un match de basket-ball, alors que lui et ses camarades sont à nouveau en train de perdre contre l’une des équipes les moins brillantes du championnat universitaire… Scott intercepte le ballon… Ses yeux se mettent alors à briller et ses cheveux à pousser de manière démesurée…
Dès lors, Teen Wolf va essentiellement tourner autour des problèmes futiles d’adolescents comme : comment acheter de l’alcool quand on est mineur, s’appliquer à séduire la plus belle fille du lycée alors qu’une autre à la beauté cachée est toute offerte, subir le mépris des anciennes générations envers les nouvelles…
Nanar inconsistant style années 80
Parmi ces adolescents, on trouve une panoplie de personnages pâlots : de la petite amie dévouée attendant son tour (la jolie brunette Susan Ursitti), au papa compréhensif (James Hampton) en passant par le copain souffrant d’embonpoint (Mark Holton vu dans Leprechaun). Ces personnages s’avèrent à l’image du meilleur ami de Scott incarné par Jerry Levine : un peu barjo, mais pas trop. Rien à voir avec le très marginal Evil Ed (Stephen Geoffreys) de Vampire, vous avez dit vampire ? (1985). Au final, nous avons affaire à une tripotée de stéréotypes sur pattes, sans aucune profondeur.
Thomas Burman, nominé aux Oscars pour L’Invasion des profanateurs (1978), se contente également du minimum en termes d’effets permettant à l’adolescent de prendre l’apparence d’un loup-garou. En fin de compte, les trucages consistent principalement en des gonflements de poches appliquées sur les joues et le front de notre héros. Certes, nous avons ici affaire à une comédie évitant d’effrayer le public, mais il faut aussi remettre les choses dans leur contexte… Et quatre années après Le Loup-garou de Londres, force est de constater que l’apport du spécialiste en effets spéciaux en matière “lycanthropique” est particulièrement décevant.
Quoi qu’il en soit, une fois transformé, Scott est beau comme un camion dans son smoking et fin prêt pour participer au bal de fin d’année. Avec ses longs poils roux, il évoque les barbus chevelus des Bee Gees, dont on peut d’ailleurs entendre quelques notes du mythique Staying Alive, légèrement déformées pour que YouTube ne crie pas au plagiat… À l’instar de son comparse aux effets spéciaux, Miles Goodman ne s’est pas foulé non plus pour la musique de Teen Wolf. Le thème principal semble d’ailleurs avoir été composé sur un clavier Bontempi 12 touches.
Les belles valeurs du sport
Plus qu’un film pour adolescent, Teen Wolf est un film de sport. De Youngblood (1986) à Over the Top (1987), l’époque faisait effectivement l’éloge des beaux athlètes quelque peu marginaux. La dernière partie du film est d’ailleurs consacrée au match de basket qui oppose l’équipe de Scott à celle de son principal rival. Le suspens est loin de valoir celui que propose n’importe quel match de Nationale 3 française, mais le film trahit surtout alors ses bonnes intentions de départ.
En effet, pendant près de 90 minutes, Rod Daniel et ses scénaristes tentent de nous convaincre que c’est mal d’essayer d’être populaire. Pourtant, lors de la finale, seule la victoire est envisageable.
Les intentions peu honnêtes du métrage se voient même révélées lorsque l’intendant du lycée est humilié par le père du teen wolf. Une séquence gratuite et malaisante. L’humiliation, voilà la véritable valeur défendue par Rod Daniel, réalisateur spécialisé dans les comédies genre Chien de Flic (1989) ou Beethoven 2 (1993)…
Teenage Marty McFly Werewolf
Cela n’empêche pas Teen Wolf de jouir d’une évidente sympathie, que seules la nostalgie et une mansuétude bien compréhensible envers Michel J. Fox peuvent expliquer.
Lors de la production de Teen Wolf, Michael J. Fox jouit déjà d’une popularité importante, puisque l’acteur est alors l’un des piliers de la série Sacrée famille (1982-1989). Une renommée évidemment sans commune mesure avec celle que le comédien va acquérir grâce au film de Robert Zemeckis…
De manière amusante, les tournages de Teen Wolf et de Retour vers le futur se déroulent en même temps. Et Michael J. Fox déteste l’idée de jouer les loups-garous alors que qu’un film produit par Steven Spielberg est mis en boîte à quelques mètres du plateau. Finalement, après l’éviction d’Eric Stolz, Fox pourra endosser la peau du jeune McFly.
Michael J. Fox semble d’ailleurs utiliser Teen Wolf pour répéter ce rôle qui le rendra immortel. On retrouve effectivement tous les traits caractéristiques du personnage qui a séduit la Terre entière dans le chef-d’oeuvre intemporel de Robert Zemeckis. Tout comme Marty, Scott est hyperactif mais agréable et facile à vivre. Il est aussi courageux, calme et intelligent. Scott se révèle même tout aussi maladroit que Marty lorsqu’il manque de se vautrer dans les couloirs récemment récurés du lycée.
Au final, la prestance de l’acteur permettra à Teen Wolf d’engendrer une suite et mêmes plusieurs séries, jusque dans les années 2010, s’inscrivant alors dans le boom des shows pour adolescents, dans la lignée de Vampire Diaries.
Retour vers les années 50
Dans les années 80, les films pour adolescents étaient également très populaires. Certains se montraient sérieux comme Breakfast Club (1985). D’autres se révélaient complètement barges, à l’instar de Une créature de rêve (1985). Teen Wolf tentent de trouver une place quelque part entre les deux catégories. Mais son loup-garou trop lisse, ainsi que les relations père-fils trop superficielles, engendrent un produit fade.
Ces mêmes intrigues étaient d’ailleurs déjà au cœur d’un film comme Les griffes du Loup-garou (I Was a Teenage Werewolf, 1957). Une œuvre que Teen Wolf pourrait revendiquer vouloir remettre au goût du jour.
La petite série B réalisée par Gene Fowley Jr s’avérait néanmoins bien plus intéressante en dépeignant la situation des jeunes Américains au cœur des années 50. En manque de repères, ceux-ci subissaient le début de l’éclatement de la cellule familiale ainsi que la défiance des adultes à leur encontre.
On ne trouve rien de tout ça dans Teen Wolf qui se contente de proposer une comédie légère. Déplaisante de surcroît, puisque prônant la réussite personnelle, au détriment d’adversaires que l’on n’hésitera pas à humilier si l’occasion se présente.