Au sommaire du numéro 37 de Sueurs Froides :
Val Lewton, Nancy Drew, Ulli Lommel, Flower and Snake, Leprechaun, Patrice Herr Sang, Marian Dora.

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Loup-garou contemporain

Dylan Dog – Vulgariser un monument de la BD


USA - 2010 - Kevin Munroe
Titres alternatifs : Dylan Dog: Dead of Night
Interprètes : Brandon Routh, Anita Briem, Sam Huntington, Taye Diggs, Kurt Angle, Peter Stormare, Kent Jude Bernard, Mitchell Whitfield

Quand un auteur de la trempe de Umberto Eco, grand écrivain-philosophe italien, estime autant Dylan Dog que la Bible et L’Odyssée d’Homère, est-il bien sérieux de confier l’adaptation cinématographique de l’univers imaginé par Tiziano Sclavi à Kevin Munroe, le réalisateur de TMNT: les tortues ninja (2007) ?

Pour mémoire, Dylan Dog est le personnage d’une série de bandes dessinées du même nom créée par Tiziano Sclavi en 1986. L’oeuvre mélange philosophie et gore, le tout revisité par des influences aussi diverses que celles de Wes Craven, Clive Barker ou Edgar Allan Poe. Pour sa part, Kevin Munroe s’est efforcé, depuis ses débuts, de composer une filmographie des plus ennuyeuses.

Dans sa démarche consistant à traduire la BD sur pellicule, le bonhomme se voit secondé par une actrice islandaise, Aníta Briem qui, malgré ses origines, apporte bien peu d’exotisme à l’ensemble. À ses côtés, Brandon Routh propose un Dylan Dog tout aussi terne. Il aura traîné sa coolattitude dans des rôles insignifiants avant que sa carrière prenne son envol en 2006. Cette année-là, il endossa le costume de Superman pour livrer une pâle imitation de Christopher Reeve.

Nous voilà donc dans les starting-blocks pour une adaptation totalement impersonnelle.

Dylan Dog - Vulgariser un monument de la BD

Dylan Dog est un détective privé spécialisé dans les affaires d’adultère. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Il enquêtait sur des affaires mêlant diverses créatures de la nuit : vampires, zombies, loups-garous… Depuis la mort de sa bien-aimée Cassandra, le détective de l’étrange s’est rangé. Mais voilà qu’il doit reprendre du service. En effet, son assistant Marcus vient de mourir et rencontre des difficultés pour s’adapter à sa nouvelle vie de mort-vivant. Par ailleurs, la belle Elizabeth l’engage pour retrouver le loup-garou responsable de la mort de son père. En outre, Dylan se doute que quelque chose se trame du côté des vampires… Se pourrait-il que le diabolique Vargas soit à l’origine d’une conspiration visant à replacer les créatures de la nuit au sommet de la chaîne alimentaire ?

Délocaliser l’action qui se déroulait initialement à Londres à la Nouvelle-Orléans, transformer le fidèle ami de Dylan en zombie, relooker des morts-vivants inspirés par ceux de Romero en créatures plus proches de celles de Shaun of the dead (2004)… Ce n’est plus une tentative d’adaptation, c’est une entreprise de destruction ! Les problèmes de droit ont beau dos mais, en définitive, les trahisons s’avèrent si nombreuses que l’on ne sait plus trop ce qu’il reste de l’oeuvre de départ.

Dylan Dog - Vulgariser un monument de la BD

En réalité, Dylan Dog le film, apparaît comme un pot pourri aux multiples sources différentes, mais certainement pas tirées de Dylan Dog. Kevin Munroe semble d’ailleurs plutôt chercher son inspiration auprès de Buffy contre les vampires (1997), Blade (1998) ou Van Helsing (2004). Dès lors, son film prend l’apparence d’un spectacle pour le plus grand nombre… Une vulgarisation de l’oeuvre originale aspirant à ne surtout pas décontenancer ni contrarier son public. En somme, du cinéma pop-corn qui aurait pu rester sans saveur s’il ne laissait pas en bouche cet arrière-goût désagréable, typique des œuvres qui trahissent le matériau d’origine.

Au cinéma, ce qui ressemble le plus au Dylan Dog initial, c’est le sublime Dellamorte Dellamore (1994) de Michele Soavi. Cela n’a rien d’un hasard puisque le film est tiré d’une histoire de Tiziano Sclavi. Par ailleurs, Michele Soavi a investi Rupert Everett dans le rôle principal ; l’acteur qui a justement inspiré le personnage de Dylan Dog.

Reste que si le Dylan Dog de Tiziano Sclavi et Michele Soavi fascine, celui de Munroe, en revanche, provoque plutôt les soupirs… Il faut dire que les héros sarcastiques, fatigués de vivre et qui ont tout compris de la vie dès le début de la trentaine représentent souvent une calamité pour le cinéma fantastique. En particulier lorsqu’ils sonnent aussi faux que celui-ci… Car, si le pauvre Dylan voit les choses en noir depuis qu’il a perdu l’amour de sa vie, l’amoureux transi va toutefois très vite se remettre de son cœur brisé dès lors qu’une jolie blonde croise son chemin.

Dylan Dog - Vulgariser un monument de la BD

Évidemment, le Dylan Dog américanisé n’a pas connu un accueil très chaleureux dans son pays d’origine italien.

Symbole de ce naufrage, le traitement réservé à l’acolyte de Dylan Dog… Alors que dans la BD, le personnage adopte les traits de Groucho Marx, membre des Marx Brothers, le film transforme donc le protagoniste en simple mort-vivant pullulant. Pour des raisons de droit, le personnage porte même désormais le nom de Marcus. Gageons que le traitement a aussi le mérite de ne pas décontenancer les jeunes générations qui pourraient se demander qui est cet énergumène, ignorant que le bonhomme remontait le moral des troupes pendant les années 30 et 40. Un choix qui, toutefois, reste une trahison de l’oeuvre originale en s’orientant vers un humour beaucoup moins référencé.

Pour leur part, les plaisanteries de cet ersatz de Groucho Marx s’orientent plutôt vers le vulgaire : Marcus mange des chips et vomit, Marcus empeste la voiture avec sa chair pourrissante, Marcus découvre son talent caché : il creuse la terre comme pas deux !

Ceci dit, Marcus apporte avec lui l’élément le plus innovant du film. Une trouvaille qui nous change des banalités peu inspirées comme les vampires chics qui gèrent l’inévitable boîte de nuit ou les loups-garous baraqués spécialistes du déménagement. En effet, l’organisation mise en place par les zombies s’avère plus originale et amusante. Ainsi, les morts-vivants gèrent des boutiques pour changer les parties abîmées de leurs corps, créent des groupes de parole, se font embaucher dans les morgues…

Dylan Dog reste néanmoins un divertissement moyen. Action, effets spéciaux, blagues plus ou moins bonnes, loups-garous bourrins, vampires élégants, zombies marrants, héros cool, la Nouvelle-Orléans… La macédoine pourra satisfaire les moins exigeants. Les gourmets, en ce qui les concerne, opteront plutôt pour un cru plus ancien comme Flic ou Zombie (1988).


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Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
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