When Animals Dream, récit initiatique sur fond de loup-garou.
Avec When Animals Dream, Jonas Alexander Arnby emprunte à la mythologie du loup-garou pour mettre en image le récit initiatique d’une jeune fille qui tente de s’extirper de son quotidien insignifiant.
Marie vit avec ses parents dans un village en bord de mer au Nord du Danemark. Pour la jeune fille, la vie n’a rien d’exaltant. L’ambiance dans la bourgade est triste, sordide. Tout est gris, le ciel, le paysage, les gens qui travaillent presque tous dans la conserverie de poissons locale.
Mais Marie est différente : elle est indépendante et elle étouffe.
Sa mère était comme elle. Mais maintenant elle végète à la maison, dans un fauteuil roulant. Petit à petit, Marie se rend compte qu’elle est en train d’hériter de sa maladie, et aussi de sa condition dans la société.
Elle décide alors de refuser l’ordre imposé par les hommes du village (père, pasteur, médecin, patron). Mais plus elle résiste, plus la pression qu’ils exercent sur elle est forte. Leurs menaces finissent par engendrer un changement dans le corps de Marie qui doit se défendre : des poils poussent à des endroits incongrus, du sang coule sous ses ongles…
Malheureusement, ce changement n’engendre que peur et intolérance chez les hommes. L’absence de bienveillance, l’ignorance et le sectarisme nourrissent la violence chez la louve-garou qui doit devenir menaçante pour se défendre.
Marie trouvera-t-elle l’apaisement chez Daniel, le seul homme qui s‘intéresse réellement à sa différence ?
Avec ce premier long métrage, Jonas Alexander Arnby démontre ses qualités de créateur d’ambiance. La nature, la lumière, les gens, la bande-son qui évoque le vent balayant constamment la côte, tout évoque une atmosphère triste, grise, tendue, effrayante, un monde sans mouvement ni espoir de changement dans lequel Marie refuse de se laisser enliser. Finalement, la transformation de Marie s’avère bien peu inquiétante comparée au quotidien sans saveur auquel elle tente de se soustraire.
Rien ne rattache le loup-garou de When Animals Dream au folklore habituel. Ici, il est victime d’une malédiction sociale. En conséquence, la transformation, considérée comme catastrophique pour l’entourage de Marie, se révèle être pour elle une libération. La transformation de Marie débutant à la puberté, on peut imaginer que le film évoque la découverte de la sexualité comme outil d’émancipation.
La transformation de Marie en lycanthrope ne mise pas sur les effets choc ni même sur les maquillages qui se limitent à des yeux jaunes et à de longs poils sur les joues. Les séquences montrant Marie lâcher sa bestialité sur les hommes s’avèrent malgré tout violentes et effrayantes. Cependant, la modération dans les effets est tout à fait pertinente pour ce film intimiste.