Plongez dans la psyché d’un lycanthrope avec la Nuit du sang
Thomas Tessier cherche à perdre le lecteur dans la psychologie de son personnage principal, Bobby Ives, un américain qui vit à Londres, à la fin des années 70.
Bobby se présente comme un type instable. Mais Bobby est surtout dangereux. Il aime se promener dans Hyde Park la nuit où chaque matin des cadavres sont découverts. À la suite d’une vision, Bobby est persuadé d’avoir été zombie dans un passé éloigné, en Guadeloupe, aux Antilles. Le jeune homme décide alors de consulter un médium qui admet ne pas pouvoir l’aider. En effet, selon elle, Bobby est un homme perdu et maudit : un loup-garou.
Mais Bobby est-il réellement un loup-garou ? Et si par malheur c’est le cas, pourrait-il contrôler la bestialité qui l’habite ?
La Nuit du sang est un roman qui, à l’instar de ces questions, proposent de nombreuses pistes d’exploration. Par exemple, dans son périple, Bobby rencontre aussi Annie, jeune femme qui va s’avérer être capable d’apaiser sa soif de violence. Plus loin, Bobby se remémorera un acte dont il s’est montré coupable au Viet-Nam et qui continue de le hanter. Il raconte aussi qu’il y a été déclaré mort par l’armée…
Ces multiples informations données au lecteur ne forment pas une panoplie de fausses-pistes servant à le perdre. Ces éléments brouillent plutôt notre perception de Bobby. Le discernement du lecteur est d’autant plus mis à mal que Bobby est le narrateur et qu’il est particulièrement persuasif. Dès lors, on ne doute pas de sa bonne foi lorsqu’il nous raconte ses virées nocturnes sous l’apparence d’un loup-garou.
Ainsi La Nuit du sang n’est ni un livre clairement fantastique décrivant la solitude d’un lycanthrope assoiffé de sang, ni un roman décryptant la dérive psychologique d’un tueur en série complètement désaxé. La Nuit du sang c’est un peu les deux. D’ailleurs, par respect vis-à-vis de son choix, La Nuit du sang fait l’impasse sur les transformations et les descriptions d’une bête éclairée par un rayon de pleine lune. Le titre original, the Nightwalker, soit « celui qui marche la nuit, est sans doute plus à propos, mais le titre français évite heureusement d’influencer le lecteur.
Il n’en reste pas moins passionnant de partager la triste descente aux Enfers de Bobby, d’autant plus que l’écriture est particulièrement efficace. Bien que l’approche de l’auteur soit quelque peu psychologique, le roman n’est jamais pompeux ou barbant. Bien au contraire, il apporte des éléments de réflexion sur ce qui crée un monstre, et éventuellement, qui sait, un lycanthrope.
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