Full Eclipse, un film de loup-garou revisité à la mode de John Woo
La liberté accordée par HBO enthousiasme Anthony Hickox qui livre un film musclé, riche en action et échanges de tirs, fortement inspiré de sa rencontre avec À toute épreuve de John Woo deux semaines avant le tournage. En effet, la claque est telle que le réalisateur revoit sa copie et en particulier le story-board pour réécrire les scènes à l’aura de ce que produit alors le nouveau maître du film d’action en ce début des années 90.
Max, flic, est témoin de la mort de son collègue Jim lors d’une intervention. Mais, quelque temps après, Jim revient, en parfaite santé de surcroît. Il est cependant différent : plus agressif et doté d’une force surhumaine. Quelques jours plus tard, Jim décède d’une balle dans la tête, une balle en argent. C’est alors que Max fait la rencontre d’un groupe de policiers radicaux, fanatiques de justice, qui s’injectent un sérum afin de décupler leur force et de débarrasser la ville de ses éléments perturbateurs. Max refuse au départ de faire partie du groupe mais finit par être désigné volontaire…
Pour éviter que l’aspect effrayant de la nature humaine disparaisse sous des prothèses comme dans la plupart des films de loup-garou, Full Eclipse fait le choix de la sobriété en termes de prothèses. Ainsi, à l’état animal, les personnages restent reconnaissables, même si les maquillages tentent, malgré tout, de s’inspirer de ceux, plus lourds, qui étaient appliqués sur le visage d’Oliver Reed dans La Nuit du loup-garou de Terence Fisher en 1961.
Les effets spéciaux accompagnant les transformations des lycanthropes sont également limités. Le film fait donc l’impasse sur les coûteuses métamorphoses chères à Hurlements ou au Loup-garou de Londres. Le budget limité d’un téléfilm pour le câble est peut-être aussi une explication pour ce choix, d’autant plus que le film n’hésite pas à faire appel au morphing pour matérialiser la transformation en loup : un effet bon marché, déjà démodé à l’époque.
Le mythe du loup-garou semble de toute manière ne pas être le souci du scénariste qui considère le métrage plutôt comme une œuvre traitant du problème de la drogue et de ses effets destructeurs puisque les loups garous de Full Eclipse utilisent un sérum pour acquérir une force surhumaine.
L’idée n’est pas nouvelle puisqu’elle avait déjà été appliquée aux vampires, mais elle s’avère particulièrement bien traitée par Anthony Hickox. Sous sa patte, le film évolue comme un film de super-héros puisque le réalisateur est fan de comics. Ainsi, la ressemblance de Mario Van Peebles (New Jack City – 1991) avec le personnage de Wolverine des X-men est tout sauf fortuite.
Intéressant est également le traitement accordé au méchant : Garou (Bruce Payne). Non seulement il ne subit plus sa malédiction, cherchant même à la contrôler, mais il l’exploite même pour protéger ses concitoyens des malfrats à l’instar d’un Inspecteur Harry.
Pour le reste, le film respecte les us et coutumes du genre puisque nos néo loups garous craignent les balles en argent et sont dépendants de la pleine lune pour se transformer. Le thème de l’animalité et de la sauvagerie est également bien présent avec une certaine violence dans les meurtres.
Le film de loup-garou connaissait un regain d’intérêt au début des années 1990 en raison du film hollywoodien Wolf. Même si le film dans lequel Jack Nicholson incarne la bête s’avère plutôt décevant, ce n’est pas le cas de Full Eclipse.