Hurlements n°2 : Loups-garous mexicains
Avec Hurlements n°2, Gary Brandner livre une suite directe à son roman paru en 1977…
Trois années après la destruction du village de Drago, Karen est toujours hantée par des visions épouvantables de hordes de loups-garous se ruant sur elle. La jeune femme consulte bien un psychiatre, mais les interventions du médecin ne l’aident pas beaucoup à traverser son traumatisme car, évidemment, il ne croit pas à ces histoires d’êtres humains capables de se transformer en loup.
Par ailleurs, Karen, l’héroïne du premier livre, ne vit plus avec Chris avec qui elle a affronté les loups-garous ; ils ne sont pas parvenu à surmonter la terrible expérience.
Elle s’est remariée, mais son nouveau compagnon est également incapable de croire à son histoire.
Au final, Karen est donc dans une impasse.
De son côté, Marcia, la rivale louve qui a dérobé à Karen son mari Roy dans le premier livre, nourrit une haine tenace envers elle depuis qu’elle l’a gravement blessée. Désormais, elle est incapable de se transformer en un loup-garou digne de ce nom et prend l’apparence d’une créature pitoyable. Honteuse, elle n’ose même plus se montrer à Roy qui doit dorénavant arpenter seul les bois lors des nuits de pleine lune.
Sang Pour Sang
C’est pourquoi Marcia exige vengeance. Le moment venu, le couple diabolique décide donc de se rendre à Seattle avec la ferme intention de faire payer à Karen le prix de la déchéance de Marcia.
À de nombreux égards, le premier livre se distinguait beaucoup de son adaptation cinématographique. Le second opus de la saga littéraire, quant à lui, a également bénéficié d’une version cinéma qui n’a strictement rien en commun avec son pendant imprimé sur papier…
D’ailleurs, à la suite de cette mésaventure, Gary Brander jura sur sa tête qu’il ne participerait plus jamais à un épisode cinématographique de la franchise….
Au final, Hurlements n°2 s’avère bien plus sérieux que son adaptation cinématographique. D’une part, l’action intense est souvent rythmée par des drames violents et sanglants. D’autre part, le roman évite soigneusement de verser dans l’humour.
En réalité, le livre est empreint d’une véritable dépression.
Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir
La plupart des histoires d’horreur imposent un voyage en enfer à leurs héros mais aussi une bienheureuse rédemption en guise de conclusion.
Plus les épreuves traversées sont horribles, plus l’allégresse du happy end est gratifiante pour le lecteur qui s’est identifié aux personnages.
Celui qui se sera attaché au personnage de Karen aura, quant à lui, constamment l’impression que son salut est impossible. Son trouble post-traumatique semble effectivement insurmontable, même en tuant un ou deux loups-garous supplémentaires. On a ainsi l’impression d’assister à une lutte perdue d’avance. Ce choix dramatique apporte une dimension touchante et particulièrement crédible à l’histoire, ainsi qu’au personnage de Karen.
Les autres protagonistes de Hurlements n°2 n’en sont pas moins intéressants. Tous bénéficient d’un développement qui les rend uniques et intrigants. Autour de Karen, il y a les incrédules sympathiques comme son nouveau mari. D’autres sont détestables comme la nouvelle maîtresse de Chris ; elle n’hésite pas à tendre un piège qui aurait pu être fatal à Karen.
Chris est aussi un personnage passionnant. Même s’il correspond un peu trop au cliché du beau mec qui abandonne tout pour venir au secours de la belle en détresse, il y a quelque chose de déchirant dans son attitude qui le ramène toujours vers Karen. Lui aussi est incapable de reconstruire sa vie, la preuve en est sa collection stérile de conquêtes féminines…
Bien sûr le couple formé par Marcia et Roy suscite également l’intérêt. Marcia est aveuglée par sa haine tandis que Roy est incapable de prendre ses propres décisions tant il est sous la coupe de sa louve.
Laisse les filles
Le contexte des personnages offre ainsi de nombreuses possibilités d’intrigues, et pas seulement horrifiques comme en témoigne cet épisode doucement sensuel durant lequel Marcia séduit Audrey, la maîtresse de Chris.
L’épouvante répond bien sûr également présent lors de plusieurs attaques monstrueuses, de surcroît dans des endroits différents qui nous font voyager aux États-Unis pour nous rendre au Mexique.
Quelques aventures auprès de la population gitane offrent également leur lot de dépaysement avec la présence d’une sorcière qui vit en ermite dans la montagne.
Tout comme dans le premier opus, les loups-garous ressemblent plutôt à de simples loups, ce qui les rend très vulnérables, offrant une possibilité de survie aux protagonistes, seul rayon d’espoir de cet excellent roman…