Années 70 et 80

Hurlements IV : une désillusion signée John Hough

Sans une incroyable transformation signée Steve Johnson, Hurlements IV ne vaut pas tripette, ce qui s’avère doublement surprenant.

D’une part, parce que Hurlements IV est en réalité l’authentique adaptation du livre de Gary Brandner, considéré comme un excellent roman d’horreur dont les indiscutables qualités sont introuvables dans le film de Joe Dante ; le réalisateur avait délibérément pris de la distance vis-à-vis du matériau d’origine.

D’autre part, parce que le chef d’orchestre de cette terrible désillusion est le talentueux John Hough qui, quelques années auparavant, signe pour les studios Disney les excellents Les Yeux de la forêt, Les Visiteurs d’un autre monde ainsi que La montagne ensorcelée. Avec Les Sévices de Dracula aux débuts des années 70, il offre même, aux studios Hammer, l’un de leurs derniers bons films. Et en 1973, John Hough signe un terrifiant film de maison hantée : La Maison des damnés.

Les loups de la forêt

Hurlements IV : une désillusion signée John Hough

En réalité, John Hough vit un enfer sur le tournage de Hurlements IV où il est constamment en conflit avec le producteur. Celui-ci se fait un malin plaisir à lui mettre sans cesse des bâtons dans les roues, et pas seulement en lui imposant un budget misérable…

Marie est une jeune femme qui connaît le succès grâce à ses romans. Malheureusement, elle est assaillie de visions étranges qui lui pourrissent la vie. Sur les conseils de son médecin, et afin de trouver un peu de repos, elle emménage avec son époux dans un chalet perdu en pleine cambrousse.

Durant la nuit, elle entend les cris des loups qui errent dans les bois, ce qui l’inquiète énormément puisque la forêt n’est pas censée abriter des animaux aussi dangereux. Par ailleurs, son mari n’entend pas les hurlements, ce qui n’est pas fait pour rassurer Marie. Quoi qu’il en soit, ses hallucinations la tourmentent et l’entraînent à chaque fois un peu plus vers la folie.

Dans ses délires, Marie rencontre également une nonne qui essaie de lui dire quelque chose, mais elle ne sait pas quoi… Plus tard, Marie fait la connaissance d’une jeune femme qui cherche à découvrir ce qu’est devenue l’une de ses plus chères amies, disparue depuis peu… Or, cette amie est justement une nonne !

Ensemble, elles décident de mener l’enquête et découvrent que les habitants du village cachent quelque chose. Par exemple, elles surprennent le shérif en train d’effacer les traces du passage de deux touristes arrivés en camping car.

Pendant ce temps, le mari de Marie fait plus ample connaissance avec l’épicière du village, visiblement nymphomane. Leur relation devient de plus en plus sérieuse et, un soir, alors qu’il doit la retrouver dans la forêt, il est attaqué par un loup qui le blesse sérieusement au torse.

Un budget réduit à portion congrue

Hurlements IV : une désillusion signée John Hough

À partir de ce moment, l’époux devient de plus en plus irascible. L’intervention d’un ami de longue date de Marie met alors le feu aux poudres. Marie assiste à une scène atroce : Elle voit son époux se liquéfier sous ses yeux avant de renaître sous la forme d’un loup-garou ! Alors que les habitants du village se rassemblent en une meute macabre, Marie et sa nouvelle amie arriveront-elles à mettre un terme à la malédiction ?

Après le fastueux scénario de Hurlements III où il était question, ni plus ni moins, que de révolutionner la civilisation humaine, celui de Hurlements IV s’avère plus intimiste. Trop intimiste, même dira-t-on car Hurlements IV ne propose ni plus ni moins qu’une relecture du premier film de la série, le talent de Joe Dante en moins.

Ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qui manque à Hurlements IV qui a bénéficié d’un budget encore plus famélique que celui de Hurlements III. En conséquence, les décors et les personnages sont en nombre limités. Ainsi, le film semble tourner en rond entre la cabane dans laquelle vit le couple et le village. Ici, en dehors des clins d’œil salaces de l’épicière et du shérif qui caracole, il ne se passe malheureusement pas grand-chose de bien affolant.

Les habitants du village remplacent la petite communauté du premier Hurlements et font davantage office de figurants que de personnages à part entière. Dès lors, leur transparence ne génère que peu d’inquiétude chez le spectateur.

Même l’enquête que décident finalement de mener Marie et son amie ex-nonne tourne vite court. Les deux détectives du dimanche apprennent tristement qu’il n’y a rien à découvrir et rentrent chez elles, bredouilles.

Après 75 minutes de bavardages même pas agrémentés d’effets spéciaux, d’érotisme ou même d’un peu de mystère, le film précipite son final.

Effets-spéciaux old school

Hurlements IV : une désillusion signée John Hough

À ce moment, Steve Johnson démontre plus de talent que son prédécesseur Bob Maccaron au poste des effets spéciaux et la transformation en loup-garou de l’époux de Marie s’avère impressionnante.

Après une incroyable phase durant laquelle le pauvre homme se liquéfie sous nos yeux désabusés, un loup-garou s’extirpe de la flaque. Le rendu à l’écran est excellent. C’est à coup sûr le clou du film, une apothéose qui peut parfaitement justifier le visionnage du film pour les complétistes.

Par la suite, les effets spéciaux se bornent malheureusement à l’apparition d’un très beau loup-garou et de quelques autres, simplement maquillés, quant à eux.

Steve Johnson n’est pas seulement l’ex-mari de la star de la série B Linnea Quiglea, celle-là même qui se dénudait dans le cimetière du Retour des morts-vivants. Steve Johnson est surtout un grand nom des effets spéciaux. Avant d’entrer sur la série des Hurlements dès le second opus, il avait déjà démontré son talent sur Videodrome et Le Loup-garou de Londres. Par la suite, il signe les effets de bon nombre de séries B prestigieuses de la fin des années 80 et du début des années 90 (Flic ou zombie, Le cauchemar de Freddy, Le Retour des morts-vivants 3, Le Maître des illusions…).

Howling 4 : The Original Nightmare – USA – 1988 ; John Hough ; interprètes : Romy Windsor, Michael T. Weiss, Antony Hamilton, Susanne Severeid, Lamya Derval, Norman Anstey, Kate Edwards, Dennis Folbigge…

Bande annonce :





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Article signé André Quintaine
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