L'Écran Méchant Loup

Lycanthropes et Loups-garous au cinéma

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Même si tout le monde se souvient de Wes Craven comme d’un grand réalisateur, force est de constater que la constance n’était pas son fort. En effet, sa carrière a connu des hauts (L’Emprise des Ténèbres), des bas (La Créature du marais ), des très hauts (La Dernière Maison sur la gauche), des très bas (La colline a des yeux n° 2), etc. Chez Wes Craven, il n’y a pas de demi-mesure. Avec Cursed, son unique confrontation avec le mythe du loup-garou, il n’est clairement pas au sommet de son art.

La dream team composée de Wes Craven et Kevin Williamson réunie

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie
Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Le scénariste Kevin Williamson serait un coupable tout désigné si l’on devait chercher un responsable à cet échec… Effectivement, après Scream, son coup d’éclat en 1996, il s’est rendu coupable, avant d’être relégué aux séries télé (genre Vampire Diaries), de Souviens-toi… l’été dernier, The Faculty et Mrs. Tingle…

Spécialisé, donc, dans les teenie movies, Kevin Williamson livre un scénario qui semble avoir été formaté pour plaire au plus grand nombre : Protagonistes jeunes, riches, beaux et sexy (même la voyante de la fête foraine est attirante), harcèlement à l’école, références bienvenues comme celle à Happy Days (avec la présence de la star Scott Baio) où à Lon Chaney Jr (qui avait interprété le Loup-Garou de 1941). Pour plaire à encore plus de monde, le scénariste ancre même l’histoire dans des milieux toujours appréciés et glamours : le lycée et Hollywood…

En raison de graves problèmes de production, les scènes avec plusieurs acteurs cultes comme Heather Langenkamp (héroïne des Griffes de la nuit) ou Corey Feldman (figure emblématique des films d’ados des années 80) n’ont pas pu être utilisées. La sortie du film a même été retardée d’une année afin de permettre à l’équipe de retourner certaines séquences.

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

En pleine nuit, Ellie et son frère Jimmy ont un accident de la route avec une autre voiture. Alors qu’ils portent secours à l’inconnue, ils sont attaqués et blessés par un animal sauvage qu’ils ne parviennent pas à identifier. Les jours suivants, ils remarquent que leurs sens s’aiguisent, qu’ils développent un appétit pour la viande crue et que leur rayonnement sexuel s’accroît fortement. Comme l’animal ressemblait à un loup immense, que son chien ne veut plus rien à voir à faire avec lui et que leur accident s’est déroulé lors d’une une nuit de pleine lune, Jimmy en conclut qu’ils sont très certainement que sa sœur et lui sont en train de devenir des loups-garous…

Tout ce qui brille n’est pas or

Le résultat n’est pas forcément un film ennuyeux, mais l’impression ne nous lâche pas d’assister à un produit trop calibré, à l’instar d’un hamburger. Ainsi, par exemple, l’emballage est chouette avec des acteurs sympathiques. On retrouve en effet Christina Ricci (Mercredi dans La famille Addams de 1991), Jesse Eisenberg (que tout le monde a déjà vu au moins une fois tellement il joue un peu dans tout) ou encore Joshua Jackson (dont la popularité a explosé quelques années plus tard grâce à la série Fringe). L’atmosphère, quant à elle, est séduisante avec de jolies images et des scènes d’horreur bien chorégraphiées. Le film bénéficie d’un bon tempo avec une alternance de scènes d’horreur efficacement chorégraphiées, d’humour mignon et inclusif (incompréhensions entre homosexualité et lycanthropie), d’une violence cartoonesque et d’une bande-son composée de riffs de rock entraînants…

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Il y a suffisamment de variété pour tenir le spectateur en haleine pendant les 90 minutes de film, mais il ne faut surtout pas avoir l’idée saugrenue de confronter Cursed à Ginger Snaps, sorti quatre années plus tôt. La comparaison n’est vraiment pas à l’avantage du film de Wes Craven. Le film de John Fawcett est autrement plus ingénieux dans le domaine du film de loup-garou pour adolescents. Alors que ses personnages étaient originaux, ceux du film de Wes Craven sont tristement artificiels, calqués sur la réalité suggérée par des magazines au papier glacé. Ainsi, Ellie est une jeune fille en pleine ascension professionnelle pendant que Jimmy, son frère marginal mal-aimé, va se libérer de son image de loser grâce à sa transformation progressive.

Comme un hamburger, Cursed ne rassasie pas. Preuve en est le monstre du film, parfaitement interchangeable avec n’importe quel autre monstre du cinéma d’horreur, qu’il s’agisse d’un vampire ou d’un psychopathe. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que le seul aspect technique faisant partie des points faibles du film sont… les effets-spéciaux numériques mettant en scène le loup-garou. Un film de loup-garou avec un loup-garou bâclé fabriqué avec des CGI bon-marché, c’est quand même un comble…

Bande-annonce :

USA, Allemagne – 2004 – Réalisation : Wes Craven – Distribution : Christina Ricci, Joshua Jackson, Jesse Eisenberg, Judy Greer, Scott Baio, Milo Ventimiglia, Kristina Anapau, Portia de Rossi, Shannon Elizabeth…

Spirit of the night : érotisme léché

Spirit of the night est un film érotique que l’on peut regarder sans véritablement s’ennuyer.

Spirit of the night : érotisme léché

D’abord, parce qu’il dispose d’une véritable intrigue, jugez-en par vous-même : Bourgeoise, Tara retourne au Pays de Galles dans le château où elle a grandi. Elle a plusieurs aventures qui éveillent ses passions intérieures.

Ensuite, parce que l’érotisme n’est pas le seul atout du film qui bénéficie effectivement de décors campagnards parfaitement fidèles à l’idée que l’on se fait de l’Europe orientale. Quant à lui, le château, sombre et menaçant, est également bien mis en valeur.

Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

Enfin, parce que Jenna Bodnar qui incarne Tara s’avère aussi séduisante que sensuelle et touchante. Touchante parce que les autochtones ne l’aident pas beaucoup et qu’elle est bien seule. Certes, ils la mettent en garde mais sans jamais définir le danger. Dès lors, Tara, plutôt naïve de surcroît, est une victime parfaite. Et c’est ainsi qu’elle fait de mauvaises rencontres. Pour le reste, elle s’illustre plus particulièrement lors d’une séance où elle pose nue en prenant des pauses félines pour son ami dans une grotte sordide, ou lors d’une séquence érotique avec deux autres partenaires.

Huntress bénéficie d’une musique joliment atmosphérique, composée par Fuzzbee Morse qui a oeuvré sur Dolls et Ghoulies II. Il n’est pas le seul à avoir travaillé pour Empire, la firme d’Albert Band, puisque Mark Manos, réalisateur, a, pour sa part, monté Mandroid en 1994.

Le sexe n’est jamais vulgaire. Ainsi, les scènes érotiques sont toujours très agréables à regarder, d’autant plus qu’une volonté esthète est présente, s’inspirant nettement des vidéos clips très en vogue dans les années 90.

Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

S’il n’y a rien à redire de l’érotisme, le film nous laissera cependant sur notre faim en ce qui concerne la véritable nature de Tara. En effet, même si certains éléments comme la pleine lune laissent supposer ses origines lycanthropes, le film se termine subitement et ne prend pas la peine d’expliquer clairement si Tara est une louve garou, ou pas.

Cette fin abrupte et surprenante où nous abandonnons Tara sans solution à son problème était-elle voulue pour assurer une fin ouverte au métrage ?

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Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

USA – Roumanie – 1995 – Titre original : Huntress : Spirit of the Night – Réalisation : Mark Manos – Distribution : Jenna Bodnar, George Alexandru, Virgil Andriescu…

Bloodthirsty, double lecture

Bloodthirsty est-il un film d’horreur ou plutôt un drame psychologique interpellant sur la pression subie par les jeunes artistes dans le monde de la musique ?

Bloodthirsty, double lecture

Grey est tourmentée par des hallucinations et des cauchemars dans lesquels elle dévore des animaux sauvages qu’elle éviscère de ses mains. Son médecin, le Dr Swan (interprété par Michael Ironside que l’on ne voit quelques secondes à l’écran), ne parvient pas à trouver des explications à son trouble… Peut-être que Grey subit mal la pression du succès ? En effet, elle est auteur, compositeur et interprète, et sur le devant de la scène depuis le succès de son premier album. Or, il s’agit maintenant pour elle de transformer l’essai avec un second disque attendu au tournant par ses fans et le monde de la musique. Elle est alors contactée par le producteur Vaughn Daniels qui lui propose son aide. Ancien chanteur de boys band, il a été accusé d’un meurtre avant d’être acquitté… Pour la gloire et la richesse, Grey accepte malgré tout de s’associer au producteur suspect. Ainsi, elle se rend avec sa petite amie artiste peintre Charlie au cœur de la forêt canadienne, dans la demeure isolée du producteur de musique, afin de travailler sur son nouvel album, croit-elle…

There’s No Business Like Show Business

Bloodthirsty, double lecture

Bloodthirsty affiche ses connivences avec le cinéma d’horreur. Ainsi, le lièvre écrasé, la sinistre gouvernante, la maison isolée et les rêves sanglants sont autant de mauvais présages qui auraient dû mettre la puce à l’oreille de la chanteuse et de son amie. Même la pancarte brandie par une auto-stoppeuse indique la direction East Proctor, clin d’oeil au village imaginaire où se trouve la célèbre auberge du Loup-Garou de Londres.

Mais Grey et son amie ne voient pas le danger venir. Comme le petit chaperon rouge, elles sont séduites par le mystérieux Vaughn. Exigeant, celui-ci oblige Grey à se faire violence en travaillant jours et nuits. Elle finit même par arrêter de prendre ses médicaments, se mettre à l’absinthe et manger de la viande. Et en effet, Grey parvient à se surpasser dans son art, au grand dam de Charlie…

Drame psychologique aussi confus que la psyché du protagoniste principal

Bloodthirsty, double lecture

Si les différents stéréotypes semblent indiquer que l’on est en présence d’un film d’horreur, dans les faits, les caractéristiques du genre se retrouvent finalement reléguées au second plan. On n’est même pas étonné de l’absence, ou presque, d’effets spéciaux. D’ailleurs, les maquillages grossiers trahissent un budget étriqué… Les mauvaises langues diront peut-être aussi l’intérêt des auteurs pour le genre.

En effet, l’horreur n’est ici qu’un prétexte. Celui pour la canadienne Lowell Boland, à l’origine du scénario, de présenter sa musique, mais aussi la pression qui pèse sur les artistes en devenir dans l’industrie musicale. Elle sait de quoi elle parle puisqu’elle a elle-même vécu des débuts difficiles (L’actrice principale Lauren Beatty et Lowell Boland entretiennent d’ailleurs une ressemblance physique qui n’est sans doute pas une coïncidence).

Bloodthirsty, double lecture

Lauren Beatty convient parfaitement pour le rôle fragile de Grey. ; elle communique à la fois sa fragilité et ses convictions au personnage idéaliste. Bloodthirsty est sa seconde collaboration avec la réalisatrice Amelia Moses après Bleed with Me également réalisé en 2020. Auparavant, Lauren Beatty avait été aperçue dans le huitième opus de la série Saw : Jigsaw (2017).

Malheureusement, on ne comprend pas vraiment la source du problème psychologique de Grey. Les contrastes sont évidents (amour saphique délicat contre virilité masculine, impasse contradictoire entre l’envie d’être végétalien et le besoin de l’assouvissement de son instinct animal, en particulier dans un milieu de prédation comme celui de la musique…), mais ils sont traités avec trop de demi-mesures pour attiser la curiosité du spectateur et susciter la réflexion.

Frissons garantis

Cependant, avec des titres comme I Love you to death ou God’s is a fascist, nul doute que les chansons désespérées de Lowell qui a écrit les textes et prêté sa voix, traduisent parfaitement l’humeur psychologique de Grey. Bloodthirsty accorde effectivement une grande attention à la musique. Les murmures mélancoliques de Lowell accompagnés au piano sont les seuls frissons que l’on ressent. Certes, mais ils sont agréables et s’intègrent parfaitement dans le décor sombre de la maison de Vaugh.

Canada – 2020 – Réalisation : Amelia Moses – Distribution : Lauren Beatty, Greg Bryk, Katharine King So, Judith Buchan, Michael Ironside, Jesse Gervais, Jayce McKenzie…

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Bande-annonce VO :

L’Empreinte de Dracula sur les traces de Mario Bava et Terence Fisher

L’Empreinte de Dracula est le quatrième film de la saga Waldermar Daninsky après Les Vampires du Dr. Dracula (1968), La Furie des vampires (1971) et Doctor Jekyll and the Werewolf (1972).

L’Empreinte de Dracula sur les traces de Mario Bava et Terence Fisher

Le titre original (El Retorno de Walpurgis) tente d’exploiter le succès de La Furie des vampires (La Noche de Walpurgis) mais les deux films n’ont rien en commun. L’Empreinte de Dracula s’inspire plutôt du Masque du démon de Mario Bava pour le scénario et des films de la Hammer pour l’esthétisme…

Prologue au Moyen Âge

Dans la Transylvanie médiévale, l’ancêtre de Waldemar Daninsky remporte le duel qui l’oppose au comte Bathory, adorateur de Satan. Il ne s’arrête pas en si bon chemin et exécute dans la foulée la progéniture du sorcier. Sur le bûcher, Elisabeth Bathory se venge en maudissant la lignée des Daninsky…

L’Empreinte de Dracula sur les traces de Mario Bava et Terence Fisher

L’Empreinte de Dracula a également été exploité en France sous les titres Le Retour des loups-garous et La Malédiction du diable.

Quelques siècles plus tard, Waldemar est sous la protection de la servante Maritza qui, en le protégeant, lui fait subir sans le vouloir une existence morne et sans espoir. Lorsqu’une gitane dévergondée apparaît dans la vie de Waldemar, celui-ci ne peut se défendre et succombe à son charme maléfique. Finalement, la jeune femme décède, mais il est trop tard, le mal est fait : Waldemar est désormais sous l’emprise de la malédiction familiale… Ce n’est qu’en découvrant l’amour, le vrai, qu’il est finalement libéré au moment même où Kinga, sa bien aimée, accepte de le poignarder à mort.

Vertu à double vitesse

Ce sacrifice ponctue un discours moralisateur malhonnête… En effet, cette concession à la morale catholique gravée dans une Espagne encore franquiste est en contradiction avec ces scènes retournées spécialement pour l’exportation après avoir demandé aux actrices (bien jolies en passant) de se présenter nues devant la caméra…

L’Empreinte de Dracula sur les traces de Mario Bava et Terence Fisher
Après El Espanto surge de la tomba, Les yeux bleus de la poupée cassée et La venganza de la momia, L’empreinte de Dracula est le quatrième et dernier film de Carlos Aured avec Paul Naschy (avant leur brouille).

L’érotisme n’est d’ailleurs pas la seule concession à l’exploitation puisque L’Empreinte de Dracula se permet également quelques incursions dans le gore avec, en particulier, une tête tranchée du plus bel effet.

Exploitation de qualité supérieure

Quoi qu’il en soit, il est indéniable que la misérable existence de Daninski apporte une profondeur au personnage, appuyée par une réalisation appropriée : montage lent, extérieurs monotones, action qui se déroule principalement la nuit… L’Empreinte de Dracula est assurément un film sombre et déprimant.

Loup-garou, satanisme, sorcières, érotisme, gore… L’Empreinte de Dracula est un film qui réunit tout ce qui pouvait garantir un certain succès au début des années 70. La profondeur du personnage principal et le soin apporté à la réalisation en font un divertissement qui dépasse cependant son statut de film d’exploitation.

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Espagne, Mexique – 1973 – Titre original : El Retorno de Walpurgis – Réalisation : Carlos Aured – Distribution : Paul Naschy, Fabiola Falcón, Mariano Vidal Molina, Maritza Olivares, José Manuel Martín, Elsa Zabala, Eduardo Calvo, Ana Farra, Fernando Sánchez Polack…

L’Empreinte de Dracula sur les traces de Mario Bava et Terence Fisher

Les loups garous sont invités dans le recueil Les Saigneurs de la nuit

La rentrée littéraire bat son plein de fin août à début novembre. Profitons de cette période pour nous intéresser aux loups-garous couchés sur papier.

Au milieu des années 80, NéO publie une série de recueils mettant en avant différentes créatures du bestiaire fantastiques. Ainsi étaient célébrés goules, vampires et, bien sûr, loups garous dans le premier tome des Trois Saigneurs de la Nuit sorti en 1986.

Les loups garous sont invités dans le recueil Les Saigneurs de la nuit

Éditeur du fanzine Moonbroth qui connut 29 numéros entre 1971 et 1979, Dale C. Donaldson est l’auteur de la première nouvelle consacrée à notre créature préférée. Pia! (1969) est une bien jolie histoire : Plusieurs couples sont invités à dîner et découvrent qu’ils ne sont pas là par hasard… En effet, leur hôte est persuadé que l’un des convives est un loup-garou. Avec un ton souvent empreint de second degré, le narrateur nous conte cette folle soirée qui, très vite, rappelle le meilleur d’un woodunit légèrement teinté de gore à travers les descriptions des massacres commis par la créature.

Fourrure Blanche (The Were-wolf – 1890) est une nouvelle d’une quarantaine de pages dans laquelle une louve-garou prend l’apparence d’une jolie femme pour séduire un jeune homme refusant d’accepter l’évidence. L’histoire qui se déroule en plein hiver dans une région isolée et enneigée, la fascination érotique que la louve exerce sur la famille, la passion que l’un des frères vénère à la jeune femme font de Fourrure Blanche une belle incursion dans la littérature victorienne. Les infructueuses tentatives du frère pour sauver la victime qui a succombé aux charmes de la louve amplifient la tragédie… Comme le disait HP Lovecraft au sujet de la nouvelle de Clemence Housman : “grâce à l’authenticité du folklore décrit par l’auteur le degré de tension que l’on ressent à la lecture est manifeste.”

Les autres récits du recueil, en partie inédits et parfois signés par certains des plus grandes plumes du Fantastique anglo-saxon, valent tous le détour…

Quietly, Now de Charles L. Grant, texte consacré aux goules, est particulièrement sombre avec son protagoniste principal confronté à d’étranges disparitions d’enfants. Quant à Pendant que luisait la lune écrit par Manly Wade Wellman, spécialiste du fantastique puisqu’il est l’un des contributeurs le plus populaire des Weird Tales, il met en scène Edgar Poe lui-même, tombant sous le charme d’une créature de la nuit.

The Were-wolf (1890) – Auteur : Clemence Housman | Pia! – Auteur : Dale C. Donaldson | Les Trois saigneurs de la nuit – 1 – n° ISBN : 2-7304-0357-4 – Textes réunis et traduits par Jacques Finné

Dog Soldiers : Loup-garou s’en va-t-en guerre

Le début des années 2000 voit déferler sur les écrans une petite vague de films de loups garous aux budgets étriqués. Entre tous, c’est Dog Soldiers qui tire le mieux son épingle du jeu en osant une combinaison audacieuse avec le film de guerre…

Dog Soldiers : Loup-garou s’en va-t-en guerre

Le soldat Cooper a refusé l’ordre d’un supérieur exigeant l’exécution d’un pauvre chien. En conséquence, il est recalé à un examen qui lui aurait permis de joindre une unité spéciale de l’armée britannique. Dépité, il doit rejoindre son ancienne unité qui s’apprête à participer à un exercice de combat dans les Highlands écossais. Doté en balles à blanc, la troupe composée d’une demi-douzaine de gueules-cassées doit trouver et éliminer une unité des forces spéciales. Lorsqu’ils arrivent sur place, ils découvrent avec surprise que quelqu’un a déjà fait le travail. En effet, tous les soldats ont été brutalement massacrés, à l’exception de leur chef dont l’état nécessite des soins médicaux urgents. C’est alors que la zoologiste Megan fait irruption dans l’histoire. Elle conduit les hommes vers une ferme voisine, rapidement assaillie par une horde de loups garous.

Dog Soldiers : Loup-garou s’en va-t-en guerre

Dès lors, Dog Soldiers évoque beaucoup Evil Dead avec cette cabane perdue au plus profond d’une sinistre et maléfique forêt. Le rythme du film, effréné à partir du moment où la troupe est assiégée, fait également écho au classique de 1981, tout comme l’utilisation généreuse d’effets gore dans un contexte où règne l’humour noir. Le premier film de Neil Marshall ne cache pas ses sources d’inspiration d’ailleurs puisque l’un des protagonistes s’appelle Bruce Campbell comme l’acteur principal du film de Sam Raimi.

Soucieux de prendre de la distance avec les films du début des années 2000 qui ne misaient que sur les effets spéciaux numériques, Neil Marshall fait le choix de l’animatronic pour animer ses monstres. Il fait aussi appel à son imagination pour octroyer aux créatures une certaine élégance en embauchant des danseurs pour les incarner. Le résultat est particulièrement réussi puisque les lycanthropes évoluent avec une grâce qui sied parfaitement à ces créatures merveilleuses. Toujours pour se différencier du tout venant de l’époque et de ses effets artificiels, Neil Marshall installe ses danseurs sur des échasses et réduit la hauteur des décors pour obliger les acteurs à courber le dos en se déplaçant dans la maison. En conséquence les loups garous semblent doté d’une taille démesurée. Ces innovations permettent à Dog Soldiers de nous présenter des loups garous absolument superbes.

Dog Soldiers : Loup-garou s’en va-t-en guerre

Après Dog Soliders, le réalisateur britannique Neil Marhall a continué son ascension avec The Descent (2005) et Doomsday (2008). Désormais plus rare, il œuvre malgré tout encore pour la télévision. Ainsi, en 2015 il met en scène un épisode de la série Hannibal.

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Royaume-Uni, Luxembourg – 2014 – Réalisation : Neil Marshall – Distribution : Sean Pertwee, Kevin McKidd, Emma Cleasby…

Les loups garous à travers le monde

Chaque pays doté d’une production cinématographique digne de ce nom se doit de disposer d’un ou plusieurs films de loups garous. Nous vous proposons, un tour du monde succinct mais révélateur de la façon dont sont traités, localement, nos chers lycanthropes.

Les loups garous à travers le monde
Le loup

En tout bien, tout honneur, commençons par la France qui s’est intéressée par trois fois aux lycanthropes. Dès la période du muet tout d’abord, avec Le Loup Garou, film réalisé par Pierre Bressol et Jacques Roullet… Un homme se transforme en loup-garou après avoir assassiné un prêtre qui le maudit avant d’expirer. Seconde incursion du cinéma français dans le genre, et premier film de Guillaume Radot, Le loup des Malveneurs naît durant l’occupation, en 1943 et tente, en vain, de faire oublier les films américains, notamment les classiques de l’âge d’or du fantastique de l’Universal, interdits à l’importation par les nazis.

Les loups garous à travers le monde
Le loup

En 1975, la télévision française produit Hughes le Loup qui suit l’enquête, dans de magnifiques paysages enneigés, d’un jeune médecin cherchant à guérir un aristocrate d’une maladie qui le voit régulièrement se changer en loup. Le film est réalisé par Michel Subiéla qui s’est précédemment illustré à l’occasion de deux séries de téléfilms consacrée au fantastique : Le tribunal de l’impossible et Les classiques de l’étrange. Hughes le Loup part partie de cette dernière, bénéficiant de décors superbes dignes des productions de la Hammer.

Les loups garous à travers le monde
La Casa del Terror

Au Mexique où le fantastique fait partie du paysage cinématographique depuis toujours, on n’hésite pas à faire venir de grandes stars hollywoodiennes du genre pour participer aux productions locales. C’est ainsi que Lon Chaney Jr. reprend du service en 1960 dans un rôle qu’il connait bien à l’occasion de La Casa del terrro. Le film, signé du prolifique Gilberto Martinez Solares (140 bandes à son actif), met en scène le propriétaire d’un musée de cire dont les statues sont en réalité des cadavres enduits de cire. Également savant fou à ses heures perdues, le professeur Sebastian se met en tête de ramener à la vie une momie égyptienne qu’il a dérobé à un musée mexicain. C’est ainsi qu’il découvre que la momie était finalement de son vivant un… loup-garou. Le film surfe avec réussite sur les classiques de l’Universal grâce à de nombreux rebondissements et une ambiance recréant joliment celle des films dont il s’inspire. La présence de Lon Chaney Jr. est un atout non négligeable même s’il ne prononce pas un mot dans ce film tourné en espagnol.

Toujours au Mexique, signalons que deux années auparavant, en 1958, un savant fou, le docteur Sputnik créait déjà des monstres dans son château, dont un vampire (joué par Germán Robles, le Christopher Lee mexicain depuis Les Proies du vampire), une momie, un monstre de Frankenstein et, évidemment, un loup-garou. Le but ultime du savant fou est cependant de maîtriser l’hypnose afin de ravir le cœur de Beatriz. Mais le prétendant de la belle ne l’entend pas de la même oreille et se rend au château pour récupérer sa promise avec l’aide d’un ami. Film familial, El Castillo de los monstruos n’est pas un film d’horreur et marche plutôt sur les pas de Deux nigauds contre Frankenstein (1948).

Les loups garous à travers le monde
El Castillo de los Monstruos

Pour terminer notre tour d’horizon des loups garous mexicains, ne passons pas sous silence les films mettant en scène Santo le célèbrent catcheur et redresseur de tort. Avec son éternel masque d’argent, le héros bondissant a œuvré dans une trentaine de films ; certains le mettent aux prises avec un loup-garou. Ainsi, dans Santo en el Museo de Cera (1963), le loup-garou fait partie des statues d’un nouveau musée de cire. Dans Santo y Blue Demon contra Dracula y el Hombre Lobo, Rufus, lycanthrope, courtise une jeune femme avant de périr comme son camarade vampire, maudits à jamais.

Même si ni Peter Cushing, ni Christophe Lee sont de la partie, le premier loup-garou britannique est bel et bien initié par la Hammer. Dans La nuit du Loup-Garou (1961) réalisé par Terence Fisher, Oliver Reed hérite d’un maquillage qui s’adapte parfaitement à son visage rude et carré, le rendant particulièrement bestial avec ses dents inférieures proéminentes. L’acteur britannique qui s’illustrera dix années plus tard dans le rôle du père Grandier dans Les Diables de Ken Russel (1971), livre ici une prestation magnifique et touchante en incarnant ce jeune adulte tourmenté par une terrible et injuste malédiction. Cette fois-ci, ce n’est pas une morsure qui provoque la malédiction mais la mésaventure que vécu sa mère, racontée durant un prologue, magnifique, occupant un bon tiers du film : Parce qu’elle a refusé de livrer son corps au marquis, elle est enfermée à l’intérieur d’une geôle qu’elle doit partager avec un mendiant, également injustement enfermé dans le donjon. Celui-ci se trouve depuis tant d’années dans la cellule miteuse qu’il en a perdu toute humanité… Après avoir été violée, la jeune femme parvient à se sauver et donne naissance à un enfant qui, bien plus tard, doit subir la malédiction liée à sa procréation immorale.

Les loups garous à travers le monde
Le maquillage d’Oliver Reed dans La Nuit du Loup Garou est assuré par Roy Ashton, l’homme derrière les plus fameux monstres de la Hammer.

Si La nuit du Loup-Garou est le premier film de loup-garou en technicolor, le sketch Werewolf de l’anthologie Le Train des Épouvantes (1965) nous présente, quant à lui, le premier loup-garou féminin britannique. Produit par l’Amicus, firme concurrente de la Hammer, le film réalisé par Freddie Francis met en scène Peter Cushing tirant les cartes de cinq compagnons de voyage à bord d’un train maudit. L’histoire qui nous intéresse ouvre le film et présente un architecte retournant dans sa maison ancestrale pour trouver un loup-garou assoiffé de vengeance. Le train des épouvantes est important car, dès lors, Amicus persévéra dans le fantastique et le film à sketches. Mais le sketch qui nous intéresse ici souffre malheureusement de son format court qui ne lui permet pas d’explorer sérieusement son point de départ original.

Les loups garous à travers le monde
Le train des épouvantes

En 1974, l’Amicus s’intéresse à nouveau aux loups garous et propose avec The Beast must Die sa réponse à La nuit du loup-garou de la Hammer. C’est un film très original puisqu’il se propose d’adapter la trame des dix petits nègres d’Agatha Christie à notre thématique. Ainsi, huit personnes se retrouvent sur une île paradisiaque, dans une riche propriété. Il s’avère que parmi eux se trouve un loup-garou qu’un chasseur a juré de découvrir et supprimer. Le film s’éloigne radicalement du canevas classique. Non seulement il s’agit d’un huis-clos, mais le film est résolument moderne avec son chasseur mettant à profit tout un équipement high-tech pour démasquer le monstre : surveillance vidéo, ordinateur, hélicoptère… Les balles pour venir à bout de la Bête sont cependant toujours en argent. Action, suspens, mystère, mise en scène impeccable de Paul Annett… tout se conjugue pour offrir au spectateur un excellent divertissement disposant d’un joli casting avec la présence de Calvin Lockhart (Predator 2), Peter Cushing et Anton Diffring (Quand les aigles attaquent…). On regrettera simplement que, pour des raisons budgétaires, le loup-garou soit incarné par un… berger allemand…

En 1974, on retrouve Peter Cushing dans The Legend of the Werewolf… Pour l’anecdote, il s’agit du premier film où apparait David Rintoul de Game of Thrones. Le scénario de John Elder, déjà responsable de celui de La nuit du loup-garou, raconte l’histoire d’un jeune homme qui, élevé par des loups dans les grandes forêts du centre de l’Europe, est capturé puis emmené à Paris. Dès lors, incapable de s’adapter à son nouveau milieu, il se transforme en créature à moitié loup, commettant d’horribles crimes sanglants. Produit par la Tyburn, société de production fondée par Kevin Francis (fils de Freddie) à laquelle on doit Dracula et les femmes (1968) ou The Ghoul (1975), le film s’avère décevant car il ne bénéficie pas d’un budget suffisamment conséquent pour mettre en images un scénario aussi ambitieux.

Les loups garous à travers le monde
Lycanthropus

L’Italie s’est également intéressée au mythe en 1961 avec Le Monstre aux filles (Lycanthropus), réalisé par Paolo Heusch. Le film, tourné en noir et blanc, se déroule au sein d’une maison de redressement dans laquelle de photogéniques jeunes femmes sont agressées en petites tenues par le directeur de l’établissement transformé en loup-garou.

En 1975 sort La Louve Sanguinaire du touche-à-tout Rino di Silvestro avec la bisontine Annick Borel. Celle-ci souffre des conséquences psychologiques d’une agression sexuelle subie durant son adolescence. Mais elle est aussi la descendante d’une jeune femme brûlée vive pour lycanthropie. Les deux évènements se croisent dans ce film fantastique fortement teinté d’érotisme. Jamais ennuyeux, La Louve sanguinaire se permet également le luxe de revisiter le mythe à travers la passionnante progression psychologique de l’héroïne.

Les loups garous à travers le monde
La Louve sanguinaire

Filmographie :

1924Le Loup Garou
1943Le loup des Malveneurs
1958El Castillo de los monstruos
1960La Casa del terrro
1963Santo en el Museo de Cera
1961La nuit du Loup-Garou
1961Le Monstre aux filles
1965Le Train des Épouvantes
1974The Beast must Die
1974The Legend of the Werewolf
1975La Louve Sanguinaire
1975Hughes le Loup

Non, nous n’avons pas oublié les loups garous hollywoodiens et américains, trop nombreux, ils feront l’objet d’une étude à part. Quant à leurs descendants ibériques, ils ont déjà eu droit à un traitement de faveur avec un article uniquement consacré à leurs cas :

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

En s’inscrivant dans la lignée du Projet Blair Witch, The Monster Project adapte la formule du sous-genre found footage aux monstres classiques. Ainsi, des jeunes vidéastes décident de produire un documentaire dédié aux monstres réels pour faire de l’argent facile sur Youtube. Ils invitent trois d’entre eux (un vampire femelle, un démon possédant le corps d’une adolescente et un loup-garou), à participer à des entretiens dans une maison qui a héberger un culte satanique dans le passé. Les cinéastes en herbes ne le savent pas encore, mais tout est réuni pour que le projet se termine en désastre.

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

The Monster Project souffre principalement du peu de compassion que l’on ressent pour ses protagonistes principaux. Stéréotypés, superficiels, égos surdimensionnées, médiocres, vénaux, ils roulent en grosse voiture, ne jurent que par Youtube et roulent des mécaniques. Comme ils ne travaillent pas beaucoup, on ne voit pas trop d’où ils tirent leur confort de vie. Les basses histoires de sexe entre ados n’améliorent pas les choses. Des jeunes comme on aimerait en voir moins souvent, en somme.

Sur la forme, le film de Victor Mathieu respecte les codes d’un genre débuté en 1999 avec le film de Daniel Myrick, et d’Eduardo Sánchez si ce n’est la présence de musiques sur les images. Par ailleurs, comme chaque protagoniste dispose de sa caméra, le spectateur ne manque rien du spectacle reproduit depuis plusieurs points de vue (s’il sait faire abstraction du tremblement de la caméra).

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

Une bonne partie du film se déroule de nuit dans une maison sans électricité, l’image nocturne est en noir et blanc, ou plutôt noir et vert. En conséquence, les zones d’ombres sont très nombreuses. Souvent s’y cachent les monstres pour bondir et générer de nombreux jump scare.

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

Les monstres justement, sont particulièrement réussis. La jeune femme vampire est surprenante. Provocante, sexy, tatouée sur tout le corps, elle ne passe pas inaperçue. L’adolescente possédée s’inscrit dans la grande tradition des films de fantôme japonais. La transformation faciale lorsque le démon s’empare d’elle est réussie. Le loup-garou, quant à lui, est en vérité un skinwalker issu de la culture navajo. En résumé, il s’agit d’un type de chaman malveillant qui peut se métamorphoser, s’emparer, ou prendre l’apparence d’un animal ou d’une personne : Dans The Monster Project, le sorcier se transforme en loup-garou… La métamorphose en image de synthèse est remarquable même si elle est trop traditionnelle. Le Loup garou qui en résulte ne révolutionne pas non plus le genre. Il est en revanche particulièrement destructeur.

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

Le spectacle est assuré lors de la seconde partie du film qui se transforme en course poursuite dans la maison. L’histoire perd en crédibilité car on a alors plus l’impression d’assister à un film d’action qu’à un film d’horreur. Par ailleurs, la partie de chasse tend à devenir redondante au point que l’on se dit que le montage aurait gagné à resserrer la durée du film.

Le film se clôt sur une chute qui ne surprendra sans doute pas les spectateurs rodés au genre.

USA – 2017 – Réalisation : Victor Mathieu – Distribution : Yvonne Zima, Justin Bruening, Toby Hemingway, Jim Storm, Murielle Zuker, PeiPei Alena Yuan…

Bande annonce VF :

Avec The Monster Project, les monstres ont eux aussi leur found footage

La compagnie des loups, le recueil qui inspira Neil Jordan

La compagnie des loups est un recueil de nouvelles écrits par la britannique en 1979 Angela Carter.

Angela Carter commence sa carrière comme journaliste avant de devenir écrivain et de publier des romans, des nouvelles, des contes de fées et des livres pour enfants. Elle écrit aussi des essais, parmi eux, The Sadeian Woman : An Exercise in Cultural History où elle explore la relation entre la sexualité et le pouvoir. En 1968, elle décroche le prix Somerset Maugham, décerné à des écrivains de moins de 35 ans considérés comme les meilleur parmi leurs pairs.

La compagnie des loups, le recueil qui inspira Neil Jordan

Le recueil La compagnie des loups est composé de nouvelles pour adultes reprenant différents contes de fées classiques en accentuant l’aspect violent et érotique. L’anthologie, auréolée du prix littéraire du festival de Cheltenham en 1979, se voit adaptée pour la radio avant d’être une nouvelle fois arrangée pour le cinéma. C’est Neil Jordan qui, en 1984, s’est occupé de cette version cinéma reprenant plusieurs nouvelles dans celle donnant le titre français du recueil (dont le titre original est The Bloody Chamber).

Lors de la lecture du recueil, les spectateurs qui ont vu le film de Neil Jordan reconnaîtront sans problème les deux nouvelles qui ont inspirées La Compagnie des Loups. Cependant, la grande réussite de Neil Jordan est aussi d’avoir su coloré son film de l’ambiance du livre, de son lyrisme et de son féminisme à peine voilé.

La compagnie des loups, le recueil qui inspira Neil Jordan

D’ailleurs, le recueil ne traite pas uniquement d’histoires de loups garous. Ainsi, Barbe Bleue, Le Chat botté, Blanche Neige, Alice au pays des merveilles, et même la BD Vampirella sont adaptés dans des nouvelles, pour la plupart de plusieurs dizaines de pages.

Le cabinet sanglant : Une jeune fille se marie avec un homme riche qu’elle n’aime pas. Avant de partir en voyage d’affaires, il remet à sa jeune épouse un trousseau de clés tout en lui déconseillant formellement d’utiliser l’une d’elle qui ouvre une pièce qui lui est interdite…

M. Lyon fait sa cour : Un homme s’égare en voiture et trouve une rose blanche dans un jardin. Pour l’offrir à sa fille, il cueille la fleur ce qui provoque la colère d’une créature ressemblant à un lion.

La jeune épouse du Tigre : Aux cartes, un père joue et perd sa fille au profit d’un homme masqué qui ressemble à un tigre.

Le chat botté : Le matou Figaro mène une vie dissolue avec son maître qu’il aide à tricher et gagner aux cartes mais voilà que le jeune homme tombe amoureux d’une femme accablée, mariée à un homme plus âgé et avare.

Le roi des Aulnes : En errance dans les bois, une jeune femme est attirée dans un piège par le sinistre roi des Aulnes.

L’enfant de la neige : un comte souhaite adopter une fille à la peau blanche comme la neige. Lorsque le souhait se réalise, c’est au grand dam de son épouse.

La dame de la maison d’amour : Un jeune soldat traverse la Roumanie à bicyclette et arrive dans un village déserté où Il découvre un manoir habité par une séduisante créature de la nuit.

Le loup-garou et la compagnie des loups : Une jeune fille rend visite à sa grand-mère qui vit au centre de la forêt. En chemin, elle rencontre un loup-garou qui se dissimule sous son apparence humaine.

Louve Alice : Une sauvageonne à civiliser découvre sa transformation de jeune fille en femme.

La compagnie des loups, le recueil qui inspira Neil Jordan

L’ensemble des textes bénéficie d’une écriture magnifique s’inscrivant parfaitement dans une littérature classique. Mais le second degré est également présent, ainsi qu’une certaine causticité, car Angela Carter s’amuse à égratigner la morale des contes qu’elle a en ligne de mire.

En effet, grâce à une prose éclairée par la psychanalyse, Angela Carter retourne les situations et étonne. Ainsi, Par exemple, dans sa version de “La Belle et la Bête” intitulée La Fiancée du Tigre, la Bête ne se transforme pas en être humain. C’est la Belle qui se transforme en bête. Métamorphosée, elle est emmenée nue dans la chambre de la Bête… Ainsi, les histoires sont souvent frivoles (Le chat botté) et impudiques (Le cabinet sanglant). Mais l’ensemble des contes est également féministe comme dans Le cabinet sanglant qui revisite Barbe-Bleue : ce ne sont plus les frères qui arrivent au galop pour sauver leur sœur, mais la propre mère de l’héroïne.

Avec une plume flamboyante, Angela Carter réécrit des contes célèbres et les transforment en nouvelles fantastiques. Les textes, très féminins dans leur tournure sont truffés d’émotions et d’esprit, offrant une nouvelle interprétation à ces mythes qui nous accompagnent depuis l’enfance.

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La compagnie des loups Titre original : The Bloody Chamber (1979) Auteur : Angela Carter Editeur France : Seuil (1997) n° EAN : 9782020331586 Traductrice : Jacqueline Huet

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

Dans une époque désillusionnée comme la nôtre, un sujet aussi saugrenu que celui de Dracula contre Frankenstein ne viendrait à l’esprit de personne, ou alors, ce serait pour le traiter avec moquerie, dédain et mépris. C’était différent dans les années 70…

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

Menacée par l’ère glaciaire sur Ummo, des extraterrestres sont résolus à faire de la Terre leur nouveau home sweet home. Pour se débarrasser des autochtones, les aliens mettent en place un stratagème sans pareil. Ainsi décident-ils d’instrumentaliser la superstition de leurs ennemis et de faire appel aux monstres infâmes de la culture populaire humaine. Vampires, loup-garou, Golem, monstre de Frankenstein et autre momie se soumettront-ils aux quatre volontés de l’émissaire extraterrestre, le scientifique fou Warnoff (Michael Rennie) épaulé de ses assistants Maleva (Karin Dor), biochimiste décédée dans un accident de voiture, et Kirian (Ángel del Pozo), chirurgien tué au combat ?

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

Le film de Tulio Demicheli (Hugo Fregonese et/ou Eberhard Meichsner puisqu’ils sont trois à s’être succédé derrière la caméra) est un festival de fraîcheur et de naïveté. Il suffit, pour s’en persuader, de voir nos monstres fantastiques se rebiffer et n’en faire qu’à leur tête, désespérant nos belliqueux envahisseurs et contrecarrant leur plan de conquête du monde. En même temps, quand on n’est même pas fichu de créer un bête soleil artificiel pour réchauffer sa planète, peut-on raisonnablement espérer soumettre à sa volonté les grands monstres de l’Universal pour se débarrasser d’êtres habitants à 14 années lumières ?

Tels des enfants dans un magasin de bonbons, les monstres font tourner en bourrique les aliens les acculant à une défaite cinglante. Une défaite dont le grand vainqueur est l’amour… C’est Paul Naschy qui attire l’attention de la belle Karin Dor. Le célèbre espagnol, également responsable du scénario, livre une prestation à la hauteur de nos attentes. En début de métrage, on peut voir les extraterrestres retirer chirurgicalement les balles d’argent et redonner vie à Waldemar Daninsky. Par conséquent, on peut imaginer que le personnage de Paul Naschy est le même que celui qui meurt à la fin des Vampires du Dr. Dracula (1968).

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

Réanimée pour servir l’oppresseur, l’allemande Karin Dor apporte la touche glamour au film. Sa présence dans un film comme Dracula contre Frankenstein peut surprendre. En effet, celle qui a été l’égérie du réalisateur Harald Reinl, la reine des Edgar Wallace Krimis et une James Bond Girl poussée dans une piscine infestée de piranhas par Donald Pleasence dans On ne vit que deux fois (1967) a été habituée à des productions plus ambitieuses.

Michael Rennie a également connu de meilleurs moments dans sa carrière, en particulier dans les années 50 lorsqu’il interprétait Klaatu dans Le jour où la terre s’arrêta (1951) de Robert Wise. Quoi qu’il en soit, il livre une prestation glaçante en extraterrestre qui ambitionne, ni plus ni moins, que d’exterminer des milliards d’individus.

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

La présence des monstres classiques du bestiaire fantastique s’accompagne bien entendu d’une ambiance lugubre et gothique. Un vieux château aux voûtes sombres, des cercueils décorés de cadavres et quelques meurtres occupent le spectateur qui n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. L’important est de ne pas trop prendre au sérieux le spectacle et cette histoire qui aurait pu servir de sujets à trois ou quatre autres longs-métrages.

Dracula contre Frankenstein : un duel absurde et aberrant 

Alors que Dracula contre Frankenstein s’annonçait comme une analyse de la mécanique de la superstition, le film bascule rapidement dans le grand n’importe quoi. Néanmoins, cette galerie des horreurs où se côtoient de manière surprenante des personnages hétéroclites évoque tendrement le rêve d’un enfant où les grands monstres s’uniraient pour sauver les humains d’un fléau plus terrible encore.

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Allemagne, Italie, Espagne – 1970 – Titre original : Monstruos del terro – Réalisation : Hugo Fregonese, Eberhard Meichsner, Tulio Demicheli – Distribution : Michael Rennie, Karin Dor, Patty Shepard, Helga Geissler, Ángel del Pozo, Craig Hill, Paul Naschy…

Bande-annonce VO :

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