Chaque pays doté d’une production cinématographique digne de ce nom se doit de disposer d’un ou plusieurs films de loups garous. Nous vous proposons, un tour du monde succinct mais révélateur de la façon dont sont traités, localement, nos chers lycanthropes.

Les loups garous à travers le monde
Le loup

En tout bien, tout honneur, commençons par la France qui s’est intéressée par trois fois aux lycanthropes. Dès la période du muet tout d’abord, avec Le Loup Garou, film réalisé par Pierre Bressol et Jacques Roullet… Un homme se transforme en loup-garou après avoir assassiné un prêtre qui le maudit avant d’expirer. Seconde incursion du cinéma français dans le genre, et premier film de Guillaume Radot, Le loup des Malveneurs naît durant l’occupation, en 1943 et tente, en vain, de faire oublier les films américains, notamment les classiques de l’âge d’or du fantastique de l’Universal, interdits à l’importation par les nazis.

Les loups garous à travers le monde
Le loup

En 1975, la télévision française produit Hughes le Loup qui suit l’enquête, dans de magnifiques paysages enneigés, d’un jeune médecin cherchant à guérir un aristocrate d’une maladie qui le voit régulièrement se changer en loup. Le film est réalisé par Michel Subiéla qui s’est précédemment illustré à l’occasion de deux séries de téléfilms consacrée au fantastique : Le tribunal de l’impossible et Les classiques de l’étrange. Hughes le Loup part partie de cette dernière, bénéficiant de décors superbes dignes des productions de la Hammer.

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La Casa del Terror

Au Mexique où le fantastique fait partie du paysage cinématographique depuis toujours, on n’hésite pas à faire venir de grandes stars hollywoodiennes du genre pour participer aux productions locales. C’est ainsi que Lon Chaney Jr. reprend du service en 1960 dans un rôle qu’il connait bien à l’occasion de La Casa del terrro. Le film, signé du prolifique Gilberto Martinez Solares (140 bandes à son actif), met en scène le propriétaire d’un musée de cire dont les statues sont en réalité des cadavres enduits de cire. Également savant fou à ses heures perdues, le professeur Sebastian se met en tête de ramener à la vie une momie égyptienne qu’il a dérobé à un musée mexicain. C’est ainsi qu’il découvre que la momie était finalement de son vivant un… loup-garou. Le film surfe avec réussite sur les classiques de l’Universal grâce à de nombreux rebondissements et une ambiance recréant joliment celle des films dont il s’inspire. La présence de Lon Chaney Jr. est un atout non négligeable même s’il ne prononce pas un mot dans ce film tourné en espagnol.

Toujours au Mexique, signalons que deux années auparavant, en 1958, un savant fou, le docteur Sputnik créait déjà des monstres dans son château, dont un vampire (joué par Germán Robles, le Christopher Lee mexicain depuis Les Proies du vampire), une momie, un monstre de Frankenstein et, évidemment, un loup-garou. Le but ultime du savant fou est cependant de maîtriser l’hypnose afin de ravir le cœur de Beatriz. Mais le prétendant de la belle ne l’entend pas de la même oreille et se rend au château pour récupérer sa promise avec l’aide d’un ami. Film familial, El Castillo de los monstruos n’est pas un film d’horreur et marche plutôt sur les pas de Deux nigauds contre Frankenstein (1948).

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El Castillo de los Monstruos

Pour terminer notre tour d’horizon des loups garous mexicains, ne passons pas sous silence les films mettant en scène Santo le célèbrent catcheur et redresseur de tort. Avec son éternel masque d’argent, le héros bondissant a œuvré dans une trentaine de films ; certains le mettent aux prises avec un loup-garou. Ainsi, dans Santo en el Museo de Cera (1963), le loup-garou fait partie des statues d’un nouveau musée de cire. Dans Santo y Blue Demon contra Dracula y el Hombre Lobo, Rufus, lycanthrope, courtise une jeune femme avant de périr comme son camarade vampire, maudits à jamais.

Même si ni Peter Cushing, ni Christophe Lee sont de la partie, le premier loup-garou britannique est bel et bien initié par la Hammer. Dans La nuit du Loup-Garou (1961) réalisé par Terence Fisher, Oliver Reed hérite d’un maquillage qui s’adapte parfaitement à son visage rude et carré, le rendant particulièrement bestial avec ses dents inférieures proéminentes. L’acteur britannique qui s’illustrera dix années plus tard dans le rôle du père Grandier dans Les Diables de Ken Russel (1971), livre ici une prestation magnifique et touchante en incarnant ce jeune adulte tourmenté par une terrible et injuste malédiction. Cette fois-ci, ce n’est pas une morsure qui provoque la malédiction mais la mésaventure que vécu sa mère, racontée durant un prologue, magnifique, occupant un bon tiers du film : Parce qu’elle a refusé de livrer son corps au marquis, elle est enfermée à l’intérieur d’une geôle qu’elle doit partager avec un mendiant, également injustement enfermé dans le donjon. Celui-ci se trouve depuis tant d’années dans la cellule miteuse qu’il en a perdu toute humanité… Après avoir été violée, la jeune femme parvient à se sauver et donne naissance à un enfant qui, bien plus tard, doit subir la malédiction liée à sa procréation immorale.

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Le maquillage d’Oliver Reed dans La Nuit du Loup Garou est assuré par Roy Ashton, l’homme derrière les plus fameux monstres de la Hammer.

Si La nuit du Loup-Garou est le premier film de loup-garou en technicolor, le sketch Werewolf de l’anthologie Le Train des Épouvantes (1965) nous présente, quant à lui, le premier loup-garou féminin britannique. Produit par l’Amicus, firme concurrente de la Hammer, le film réalisé par Freddie Francis met en scène Peter Cushing tirant les cartes de cinq compagnons de voyage à bord d’un train maudit. L’histoire qui nous intéresse ouvre le film et présente un architecte retournant dans sa maison ancestrale pour trouver un loup-garou assoiffé de vengeance. Le train des épouvantes est important car, dès lors, Amicus persévéra dans le fantastique et le film à sketches. Mais le sketch qui nous intéresse ici souffre malheureusement de son format court qui ne lui permet pas d’explorer sérieusement son point de départ original.

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Le train des épouvantes

En 1974, l’Amicus s’intéresse à nouveau aux loups garous et propose avec The Beast must Die sa réponse à La nuit du loup-garou de la Hammer. C’est un film très original puisqu’il se propose d’adapter la trame des dix petits nègres d’Agatha Christie à notre thématique. Ainsi, huit personnes se retrouvent sur une île paradisiaque, dans une riche propriété. Il s’avère que parmi eux se trouve un loup-garou qu’un chasseur a juré de découvrir et supprimer. Le film s’éloigne radicalement du canevas classique. Non seulement il s’agit d’un huis-clos, mais le film est résolument moderne avec son chasseur mettant à profit tout un équipement high-tech pour démasquer le monstre : surveillance vidéo, ordinateur, hélicoptère… Les balles pour venir à bout de la Bête sont cependant toujours en argent. Action, suspens, mystère, mise en scène impeccable de Paul Annett… tout se conjugue pour offrir au spectateur un excellent divertissement disposant d’un joli casting avec la présence de Calvin Lockhart (Predator 2), Peter Cushing et Anton Diffring (Quand les aigles attaquent…). On regrettera simplement que, pour des raisons budgétaires, le loup-garou soit incarné par un… berger allemand…

En 1974, on retrouve Peter Cushing dans The Legend of the Werewolf… Pour l’anecdote, il s’agit du premier film où apparait David Rintoul de Game of Thrones. Le scénario de John Elder, déjà responsable de celui de La nuit du loup-garou, raconte l’histoire d’un jeune homme qui, élevé par des loups dans les grandes forêts du centre de l’Europe, est capturé puis emmené à Paris. Dès lors, incapable de s’adapter à son nouveau milieu, il se transforme en créature à moitié loup, commettant d’horribles crimes sanglants. Produit par la Tyburn, société de production fondée par Kevin Francis (fils de Freddie) à laquelle on doit Dracula et les femmes (1968) ou The Ghoul (1975), le film s’avère décevant car il ne bénéficie pas d’un budget suffisamment conséquent pour mettre en images un scénario aussi ambitieux.

Les loups garous à travers le monde
Lycanthropus

L’Italie s’est également intéressée au mythe en 1961 avec Le Monstre aux filles (Lycanthropus), réalisé par Paolo Heusch. Le film, tourné en noir et blanc, se déroule au sein d’une maison de redressement dans laquelle de photogéniques jeunes femmes sont agressées en petites tenues par le directeur de l’établissement transformé en loup-garou.

En 1975 sort La Louve Sanguinaire du touche-à-tout Rino di Silvestro avec la bisontine Annick Borel. Celle-ci souffre des conséquences psychologiques d’une agression sexuelle subie durant son adolescence. Mais elle est aussi la descendante d’une jeune femme brûlée vive pour lycanthropie. Les deux évènements se croisent dans ce film fantastique fortement teinté d’érotisme. Jamais ennuyeux, La Louve sanguinaire se permet également le luxe de revisiter le mythe à travers la passionnante progression psychologique de l’héroïne.

Les loups garous à travers le monde
La Louve sanguinaire

Filmographie :

1924Le Loup Garou
1943Le loup des Malveneurs
1958El Castillo de los monstruos
1960La Casa del terrro
1963Santo en el Museo de Cera
1961La nuit du Loup-Garou
1961Le Monstre aux filles
1965Le Train des Épouvantes
1974The Beast must Die
1974The Legend of the Werewolf
1975La Louve Sanguinaire
1975Hughes le Loup

Non, nous n’avons pas oublié les loups garous hollywoodiens et américains, trop nombreux, ils feront l’objet d’une étude à part. Quant à leurs descendants ibériques, ils ont déjà eu droit à un traitement de faveur avec un article uniquement consacré à leurs cas :


Article signé André Quintaine
Avec L'Écran Méchant Loup, je vous propose de vous plonger
dans la filmographie des films de loups-garous.
D'autres blogs où je suis actif :
ThrillerAllee pour le cinéma de genre allemand.
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.