Lycanthropes et Loups-garous au cinéma

Catégorie : Années 90 et 2000 Page 1 of 2

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Wolf – loup-garou glamour

Un peu plus de dix ans après le retour en force des loups-garous avec Hurlements (1981) et Le Loup-garou de Londres (1981), il est intéressant de voir ce que Hollywood s’apprête à faire du sujet en produisant Wolf (1994). En effet, les deux décennies n’ont pas grand-chose en commun… Dans les années 80, le fantastique est cantonné aux séries B. Durant les années 90, en revanche, le genre voit la série A lui ouvrir ses portes en grand. Les majors s’emparent du fantastique, générant de grands succès auprès du public ; et il faut bien le reconnaître, dénaturant finalement le fantastique en le transformant en produit de grande consommation.

Wolf - loup-garou glamour

Au centre du récit, on trouve Will Randall, éditeur sérieux et apprécié dans le milieu du livre. En particulier parce qu’il est honnête.

Il a toute confiance en son bras droit, Stewart Swinton. Faux-jeton, le jeune employé aux dents longues n’hésitera pas, pourtant, à sournoisement pousser Will de côté. Jusqu’à carrément faire exclure son mentor de l’entreprise.

Alors que Will pense avoir fait son temps et se résigne, il vit une étrange expérience. Mordu par un loup, il développe un instinct de survie qui, finalement, l’aide à reprendre du poil de la bête ! Au fur et à mesure que le film avance, il redevient l’homme fort et marquant qu’il était au début de l’histoire…

Ainsi, après avoir récupéré sa place à la droite du patron de la maison d’édition, Will parvient même à susciter l’intérêt de la jolie Laura, ce qui lui permettra de remplacer sa femme infidèle…

Cependant, ces succès inespérés ont-ils été remportés honnêtement ? Tandis que les drames se font de plus en plus fréquents autour de lui, Will décide de sérieusement trouver la réponse à cette question…

Wolf - loup-garou glamour

Faut-il être un salaud pour réussir ?

Mike Nichols avait-il besoin d’exploiter la thématique du loup-garou pour répondre à cette question ? Non. D’ailleurs, le fantastique ne l’intéresse finalement que très peu. De toute façon, rien ne destinait au fantastique le réalisateur qui a connu son heure de gloire dans les années 60 avec des films comme Qui a peur de Virginia Woolf ? (1966) et Le Lauréat (1967)…

Wolf déçoit, et c’est peu dire, dès lors qu’il s’agit de mettre en scène le fantastique. Comme lorsque nous assistons, au ralenti, aux errances nocturnes de Jack Nicholson, dont le visage est simplement affublé de touffes de poils et autres favoris tout aussi paresseusement collés sur les joues… Des routines qui ont alors 50 ans d’âge… En réalité, Wolf rappelle Les sorcières d’Eastwick de George Miller, déjà avec Jack Nicholson : un film sociologique déguisé en film fantastique.

Aux effets spéciaux, on trouve pourtant nul autre que Rick Baker, le fabuleux créateur des trucages du Loup-garou de Londres… Au vu du résultat, on peut s’interroger sur la raison qui a poussé les producteurs à faire appel à l’artiste responsable des effets spéciaux du film culte de John Landis… En fin de compte, son travail le plus impressionnant s’avère un « simple » maquillage consistant à vieillir l’acteur Om Puri.

Wolf - loup-garou glamour

Ceci étant dit, Wolf reste plaisant à regarder, ne serait-ce qu’en raison de son casting haut de gamme…

En effet, en 1994, Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer et James Spader appartiennent à la crème de la crème des comédiens hollywoodiens.

La première vient de conquérir le public. D’abord au détour des Liaisons dangereuses (1988), puis en Catwoman dans Batman : Le Défi (1992). Ici, la charmante Michelle Pfeiffer incarne un personnage plein de ressources, constamment surprenant… À des années-lumière de la sempiternelle « femme en danger » que l’on rencontre généralement dans le cinéma hollywoodien.

James Spader, pour sa part, est une star en devenir grâce à de judicieux choix de carrière : Sexe, mensonges & vidéo (1989), Stargate : La Porte des étoiles (1994)… Son personnage dans Wolf est détestable. Obsédé par sa carrière, il est hypocrite, menteur, égoïste… mais très sexy.

Jack Nicholson, quant à lui, appartient à une toute autre catégorie, déjà à l’époque… Comme Lon Chaney Jr. avant lui, Jack Nicholson parvient à rendre son personnage touchant. Malgré les violences dont il se rend coupable, son animalité révoltante, cette rage incontrôlable, on s’émeut… Tant d’éléments peu flatteurs qui font du malheureux une connaissance qu’il est préférable d’éviter de fréquenter. Et pourtant, sa condition de victime reste intrinsèquement émouvante. Son désespoir est palpable, tout comme ses interrogations.

Wolf - loup-garou glamour

À ce titre, son histoire d’amour avec Michelle Pfeiffer est délicieuse. Jamais barbante, la romance agit comme un moteur pour l’intrigue. Au point que l’on peut également considérer Wolf comme une jolie histoire d’amour romantique.

Cerise sur le gâteau, Christopher Plummer (Dreamscape – 1984) fait également partie du casting. Incarnant le rôle du propriétaire de la maison d’édition, il semble tirer les fils. Mais en fin de compte, le patriarche se contente d’assister comme simple spectateur aux petits jeux que se livrent ses employés pour monter dans la hiérarchie de son entreprise. En un sens, il incarne le pragmatisme de la société capitaliste… Les troufions s’entre-tuent pour une place au soleil, pendant que les possédants continuent de s’enrichir… En quelque sorte, voilà un début de réponse à la question que se posait Mike Nichols…

Grâce à ses acteurs hors-normes, et bon an mal an, Mike Nichols parvient à produire un film intéressant. Une histoire de loup-garou presque érotique, puisant dans le charme de chaque protagoniste…

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Van Helsing (2004) – Pot pas pourri

Stephen Sommers est le réalisateur de La Momie (1999) mais aussi de bien d’autres films tout aussi lamentables. Pourtant, avec Van Helsing, il livre deux heures d’action non-stop fort réjouissantes, dans lesquelles on retrouve avec plaisir les principaux monstres du cinéma fantastique classique, chers au cœur des aficionados.

Uchronie universalienne

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

À Paris, au 19ᵉ siècle, nous faisons la connaissance de Van Helsing. Immortel, il n’a aucun souvenir de son passé. Après avoir réglé son compte au Dr. Jekyll qui faisait des misères sous la forme de Mister Hyde, Van Helsing rentre au bercail, à Rome. Là, il travaille pour le Vatican qui s’est spécialisé dans la lutte contre vampires, loups-garous et autres créatures du bestiaire folklorique. Sa nouvelle mission emmène Van Helsing en Transylvanie, où il est censé prêter main-forte à la famille Valerious qui depuis des générations lutte pour mettre un terme aux agissements du Comte Dracula.

De leur côté, Dracula et ses trois épouses rêvent d’engendrer une nouvelle race de vampires. Leurs rejetons, évidemment des morts-nés puisque issus de morts-vivants, végètent par milliers dans des cocons verdâtres et suintants, attendant que la science leur donne vie. Un temps, Dracula espère trouver la solution en utilisant la créature de Frankenstein. Mais, celle-ci a disparu dans l’effondrement du moulin où elle vivait grâce à la science de son créateur. En attendant de retrouver le monstre, Dracula mène la vie dure à la famille Valerius.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

La parade des monstres en hommage aux films des années 40

De tous les films mettant en scène des loups-garous, Van Helsing est peut-être celui qui présente les plus beaux échantillons. L’une des créatures adopte l’apparence de celle du Loup-garou de Londres ; une autre hérite de la majesté de ceux du Hurlements de Joe Dante. Van Helsing, transformé en lycanthrope, reste néanmoins le spécimen le plus fascinant. À l’apparence particulièrement soignée, d’un pelage noir comme la nuit, à l’aura de danger subtile et arborant des crocs terrifiants, il adopte une impressionnante posture mi-humaine, mi-animale quand il se tient sur ses pattes arrières.

Grâce au numérique, les monstres se déplacent avec vélocité et Stephen Sommers met parfaitement en images la férocité dont sont dotés dans l’imagination collective les lycanthropes.

On pourra néanmoins regretter le recours exclusif aux effets spéciaux digitaux. Animer les loups-garous ou les vampires féminins ailés avec les techniques modernes s’avère un choix pertinent comme le démontre le film. Cependant, l’agonie des créatures ou les transformations en lycanthrope sont trop succinctes et apparaissent plutôt vite expédiées, elles auraient mérité un autre traitement.

Trop de numérique tue l’hommage

Ainsi passés à la moulinette du numérique, les lambeaux de peau que les malheureux déchirent en se métamorphosant pour révéler la bête qui est en eux, manquent singulièrement de chair et de sang. Difficile alors de pleinement ressentir l’horreur des transformations animales, même si elles sont souvent joliment mises en scène. Il en est de même pour le combat final, hystérique, entre Van Helsing transformé en loup-garou et Dracula.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que le film met parfaitement en images le mythe et surtout la malédiction qui s’abat sur la malheureuse personne qui souffre de ce fardeau. La transformation en loup-garou est réellement subie par les protagonistes comme une malédiction puisqu’ils sont alors incapables de dominer leur animalité. Pire, une fois qu’il a perdu toute humanité, le loup-garou se retrouve sous l’influence néfaste de Dracula, auquel il se doit désormais d’obéir. Un élément déjà utilisé dans le cinéma fantastique des années 40 et qu’il est agréable de retrouver de nos jours.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Van Helsing est d’ailleurs un vibrant hommage à l’âge d’or du cinéma fantastique : Ces films produits dans les années 40 et dans lesquels se côtoyaient les monstres qui batifolaient seuls sur les écrans la décennie précédente, comme Dracula ou la créature de Frankenstein… Dommage, il manque à l’appel L’Étrange Créature du lac noir par exemple. Ceci dit, beaucoup de belles créatures sont là et s’avèrent représentées avec cohérence, talent et respect.

Les clins d’œil sont nombreux, c’est vrai, mais Van Hesling se sert surtout de la magie que dégageaient les films de l’époque. Ainsi, la première séquence se déroulant dans le château de Frankenstein, puis se poursuivant dans le moulin en flammes, est absolument magnifique. Tournée en noir et blanc, la séquence nous replonge agréablement dans le chef-d’œuvre de James Whale.

Tribut à Lon Chaney Jr., John Carradine, Glenn Strange, Lionet Atwill…

Le film de Stephen Sommers se révèle également truffé de décors superbes. Les paysages réalisés en images numériques ont su conserver toute la majesté et le charme des peintures sur verre d’antan. Jamais Stephen Sommers n’économise un plan large pour les mettre en valeur. Malgré un scénario riche, on prend cependant le temps de s’émerveiller.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Le scénario, respectueux du genre, est un autre élément louable. En dehors de quelques vannes que Van Helsing et son faire-valoir insipide ne peuvent s’empêcher de formuler dès que l’occasion leur en est donnée, l’humour se révèle prodigieusement absent. Van Helsing tente même le Diable avec un Dracula théâtral frisant parfois la parodie. Mais, la plupart du temps, Richard Roxburgh (Fragile, Le Chien des Baskerville en 2002…) créé un Dracula doté de multiples facettes, dont une certaine forme d’empathie…

Dès lors, le comte vampire dégage une aura différente de ce qu’on a l’habitude de rencontrer dans les films mettant en images ce triste sire. Séduisant, il est aussi bavard et finalement très proche d’un être humain. Lorsque, enfin, il s’apprête à devenir le monstre que l’on sait, sa condition est à ce moment-là éclipsée par son animalité. Impossible alors de le juger selon nos critères moraux.

D’ailleurs, la liaison qu’il entretient avec ses trois épouses vampires a tout de celle que l’on retrouve chez les fauves. Et comme tout chef de meute qui se respecte, Dracula hérite également du devoir de protéger ses femelles. Elles le craignent mais jamais on ne voit le maître de la nuit les maltraiter. Ainsi, les trois femmes vampires apparaissent non pas comme des créatures bêtement soumises mais comme dévouées à leur maître. Et si elles sont asservies, c’est parce qu’il est digne d’être leur chef.

Van Helsing (2004) - Pot pas pourri

Mépris de genre

Van Helsing reste pourtant un film mal-aimé. Les projets d’en faire l’initiateur d’une franchise furent abandonnés à cause de critiques violemment négatives. Sans doute est-ce dû à son statut de superproduction. Peut-être aussi fut-il desservi par un scénario faisant preuve de trop d’imagination en mélangeant tous ces mythes ? Le Dracula de Van Helsing est également très original et peut mécontenter. Le final, brouillon, en fait trop dans la surenchère et peut desservir le film, à raison cette fois.

Néanmoins, de tous les films nantis d’un budget conséquent et d’effets spéciaux numériques en veux-tu, en voilà, Van Helsing est celui qui est le plus respectueux du genre. Et pas seulement parce qu’une partie du film a été tournée dans les décors de Frankenstein (1931), Dracula (1931) et du Loup-garou (1941). L’amour voué au fantastique de la période de l’âge d’or de l’Universal transparaît largement à sa vision. En outre, force est de constater que les loups-garous sont particulièrement soignés. Voilà donc un film à réhabiliter d’urgence.

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Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Avec Late Phases, le réalisateur espagnol Adrian Garcia Bogliano signe son film le plus américain. Par la même occasion, il confirme surtout les espoirs fondés en lui après le très original Here Comes the Devil (2012), point culminant d’une vingtaine de courts et longs métrages réalisés en Amérique latine.

L’atout maître de Late Phases réside dans son protagoniste principal, Ambrose, personnage atypique, fâché contre le monde entier, ou presque. Son cynisme fait malgré tout mouche et génère l’empathie. Il est effectivement très drôle lorsqu’il manie le sarcasme en s’entretenant avec un vendeur de pierres tombales interprété par Larry Fessenden, producteur et, à ses heures perdues, réalisateur habitué aux honnêtes séries B comme Wendigo (2001) ou The Last Winter (2006). Néanmoins, son fils, qu’il traite avec ingratitude, reste la principale victime de son courroux perpétuel et cette attitude tempère la sympathie que l’on peut ressentir pour le personnage.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Ambrose est vétéran du Vietnam. Du front, il a rapporté sa cécité. Avec son chien d’aveugle Shadow, il emménage dans une petite résidence pour personnes âgées. Crescent Bay est un village idyllique, isolé du monde extérieur, où les personnes obsolètes comme lui attendent sagement la mort en évitant de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui sont en pleine possession de leurs moyens. Alors qu’il s’attend à un long séjour mortellement ennuyeux, Ambroise découvre que ses nouveaux quartiers ne s’avèrent finalement pas aussi paisibles que prévu. Dès la première nuit, un loup-garou dévore son adorable voisine. Par ailleurs, en voulant protéger son maître, Shadow perd également la vie. Ambrose n’a évidemment pas vu l’agresseur de ses yeux mais il est parfaitement conscient de sa nature fantastique. C’est le début d’une course contre la montre pour l’aveugle car, la prochaine pleine lune, c’est dans un mois.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Marty et Ambrose même combat

Si Ambrose se sent vieux et handicapé, il n’est en revanche pas stupide. En effet, il a compris de quel bois se chauffe la créature qui sort de la forêt pour s’attaquer aux habitants de Crescent Bay. Et ce, malgré sa cécité. Un savoir qu’il partage avec le spectateur. Une sorte de lien symbolique s’établit entre le public et ce personnage bourru qui n’a rien d’une icône. Cet exploit est à mettre au profit de l’acteur Nick Damici qui sait aussi signer les scénarios de séries B intéressantes telles que The Stakelander (2016), We are what we are (2013) ou Mulberry Street (2006).

Ambrose rappelle Marty, le héros de Peur Bleue interprété en 1985 par le regretté Corey Haim. La similitude entre les deux films s’accentue même lorsque les soupçons se portent de plus en plus clairement sur la personne du révérend du village. Late Phases prend d’ailleurs une direction similaire au film de Daniel Attias en s’attachant à montrer comment notre vieillard se prépare à l’affrontement en attendant la prochaine pleine lune.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Late phases propose cependant deux éléments différents.

D’une part, Ambrose ne découvre pas tout de suite qui est la figure maudite de la communauté, offrant ainsi au film la possibilité de maintenir le suspens sur l’identité de la créature.

Ensuite et surtout, Late Phases s’intéresse principalement à la perte. Ambrose est un vétéran. Il a perdu la vue mais aussi la guerre. Ainsi que le respect des autres et l’estime de soi. Aigri, il a construit un mur. Cet ennemi monstrueux représente pour lui la chance d’une éventuelle rédemption. Marty, pour sa part, se servait de la situation pour démontrer son courage : Hors de question de le réduire à l’état d’estropié. Marty et Ambrose se retrouvent d’ailleurs sur ce point puisque ce dernier abhorre particulièrement ce terme.

Late Phases (2014) : Gardez un œil sur le loup-garou

Taciturne is beautiful

Amoureusement fabriqué par des passionnés de cinéma fantastique, les effets-spéciaux livrent néanmoins une impression mitigée. La première apparition du loup garou est excellente. Filmée furtivement, la créature est immense, effroyable, brutale, majestueuse. Plus tard cependant, la caméra s’attarde sur un attroupement de créatures qui, cette fois, paraissent bien moins crédibles, presque clownesques.

Cette déception n’enlève cependant rien à la superbe scène de transformation qui bénit littéralement Late Phases. Comme dans Van Helsing (2004), le monstre se dissimule à l’intérieur du corps et doit douloureusement s’extraire de sous la peau. Mais Stephen Sommers avait opté pour des effets spéciaux numériques pour permettre à son monstre de se dévoiler. La transformation était rapide, sans démesure, presque bâclée. Pour cette séquence, Late Phase préfère se rapprocher de la fameuse séquence culte de La Revanche de Freddy (1985) durant laquelle le croque-mitaine quitte le monde des rêves pour celui des vivants en traversant littéralement un malheureux adolescent. Résultat pour Late Phases : l’effet convainc autrement plus que la métamorphose fade de Van Helsing.

Cette version moderne et désillusionnée de Peur Bleue sort des rangs en optant pour un ton sombre et déprimé. Mais Late Phases n’évite pas certains stéréotypes. Malgré un principe de départ fort original, l’histoire demeure en effet somme toute prévisible. Ceci étant dit, le film d’Adrian Garcia Bogliano reste attachant et hautement recommandable.

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Pleine Lune – lutte inégale pour la tête de meute

Pleine Lune est tiré d’un roman de Wayne Smith, Thor, publié en 1992 et qui n’a malheureusement pas été traduit en français.

Dans le livre, une famille accueille l’oncle Ted, sans se douter de la menace que représente ce nouveau venu. Seul Thor, le berger allemand, soupçonne Ted de dissimuler ses véritables intentions. Flairant là un danger pour les autres membres de la famille, Thor prend alors très à cœur son devoir de protection de sa meute.

Chien domestiqué vs homme-loup

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Quelques différences sont perceptibles entre le livre et le film. Par exemple, la famille recueillant Ted n’est plus composée que d’une mère et d’un fils alors que dans le roman elle était complète et avec trois enfants. Ces choix permettent de simplifier le script et par voie de conséquence, de diminuer le budget. En revanche, l’histoire n’est plus racontée du point de vue de Thor, ce qui change naturellement le ton de l’histoire. Quoi qu’il en soit, Pleine Lune reste intéressant et s’avère même une œuvre très originale dans le genre.

D’abord parce que le film signé Eric Red conserve l’essentiel qui faisait la saveur du livre, à savoir la confrontation entre les deux animaux. Ainsi, la nécessité pour Thor de protéger sa famille est prégnante tout au long du métrage. Tout comme son trouble d’ailleurs face à cet humain pas comme les autres. En conséquence, le chien ne parvient pas à déterminer la nature de la menace qui pèse sur eux. Au final, en évitant l’anthropomorphisme tout en prenant bien garde de ne pas attribuer à Thor la capacité de raisonner comme un être humain, Pleine Lune parvient à conserver une certaine crédibilité.

Michael Paré en loup-garou pas comme les autres

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Ted est incarné par Michael Paré, acteur très populaire durant les années 80 où il tenait le haut de l’affiche dans des films comme Les Rues de feu (1984) ou Philadelphia Experiment (1984). Il donne corps à un personnage très original dès le premier abord et évoluant durant le métrage. Au début, il apparaît clairement comme la victime d’une terrible malédiction puisqu’il n’a pas seulement perdu sa bien-aimée. En effet, il doit de surcroît se retirer du monde pour prévenir les drames lorsqu’il se transforme.

Ses contradictions apparaissent néanmoins lors de ses affrontements avec Thor. La rivalité qui naît entre Ted et le berger allemand révèle finalement l’animal qui est en lui, et son instinct de survie. Petit à petit, la pulsion s’impose et prend l’avantage sur son humanité. À la fin du film, la créature en vient à raisonner comme une bête, considérant alors sa famille comme une meute à dominer.

Certes, cette évolution ne s’avère pas toujours dessinée de la manière la plus adroite qui soit mais avec un peu d’imagination, on peut facilement combler les trous. En tout état de cause, l’idée avancée dans le film qui présente le fait que la malédiction et les nuits de pleine lune ne sont pas les seuls éléments capables de contaminer le comportement humain de Ted se révèle intéressant et très original.

Pleine Lune - lutte inégale pour la tête de meute

Un loup-garou fantastique

En termes de maquillage et d’effets spéciaux, Pleine Lune n’hésite pas à verser dans le gore. Par ailleurs, le loup-garou est superbe, imposant et majestueux. Les responsables des trucages livrent une créature dans la lignée de ce qui se fait de mieux dans le genre. La déception est d’autant plus grande lorsque l’on découvre la scène de transformation, réalisée à l’aide d’un vulgaire effet de morphing. Très à la mode dans les années 90, ce moyen pour illustrer un changement de forme fait figure de passe-passe particulièrement bas de gamme aujourd’hui.

Pleine Lune restera malgré tout une sévère déconvenue pour Eric Red, pourtant habitué aux succès. En effet, en tant que scénariste, il est l’auteur de deux films phare des années 80 : Hitcher et Aux frontières de l’aube. Pleine Lune, pour sa part, ne rapporte à son producteur qu’un million de dollars contre sept engagés. L’échec commercial est si cuisant que le métrage ne sort pas au cinéma en Europe. C’est sans doute la raison pour laquelle cette honnête série B demeure si obscure, malgré ses nombreux atouts.

Bad Moon – USA – 1996 ; réalisation : Eric Red ; interprètes : Mariel Hemingway, Michael Paré, Mason Gamble, Ken Pogue, Hrothgar Mathews…

Bande-annonce

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Metalbeast – Lycanthrope scientifiquement modifié

Metalbeast s’illustre par sa générosité débordante, mais aussi à travers un scénario qui laisse sans voix…

Dans un château en Hongrie, deux soldats en mission secrète traquent un loup-garou afin de lui prélever quelques gouttes de sang. Grâce au précieux liquide, la CIA compte mener des expériences à des fins évidemment militaires. Mais, Butler, qui est le seul à être revenu vivant des Carpates ne l’entend pas de cette oreille. Il décide de s’injecter le sang du lycanthrope, espérant ainsi développer une force surhumaine. L’expérience tourne mal et le colonel Miller abat froidement la créature. Afin d’effacer toutes les traces, il décide également d’exterminer l’équipe de scientifiques qui travaillait sous ses ordres. Les cadavres congelés doivent être conservés dans le sous-sol.

Les années passent… Le colonel Miller revient sur les lieux du drame avec une nouvelle équipe de scientifiques. Cette fois-ci avec l’intention de développer un tissu organique fait de métal à destination des grands brûlés. Miller, lui, compte utiliser cette innovation sur le cadavre de Butler.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Les idées fusent

Une histoire abracadabrantesque également truffée d’incohérences… Ainsi, les motivations du colonel Miller, qui change constamment d’avis, resteront à jamais inexpliquées.

En réalité, le film d’Alessandro de Gaetano fait partie de ce que l’on appelle les séries Z ou les nanars. Cette évidence saute aux yeux dès la fin de l’introduction… Une séquence qui se trouve être la plus ambitieuse du métrage d’ailleurs… Même si le tournage de la séquence n’a évidemment pas eu lieu dans les Carpates. Le reste du film se déroule, pour sa part, dans trois ou quatre pièces dépouillées.

L’interprétation est également plutôt quelconque, bien que les interprètes habitués aux téléfilms et séries s’en sortent finalement pas si mal eu égard aux dialogues invraisemblables qu’on leur demande de débiter.

Quoi qu’il en soit, ces tares peu reluisantes n’arrivent pas à plomber Metalbeast. Incroyable mais vrai… Car, en effet, force est de constater que l’entreprise reste honnête.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Une série Z consciencieuse

Malgré l’espace exigu dans lequel se déroule l’intrigue, l’aventure n’est jamais ennuyeuse ou redondante. Plus épatant encore, l’histoire se révèle riche en rebondissements et ne lasse jamais. L’évolution des expériences menées sur le pauvre soldat Miller qui se voit recouvert de plaques de métal organique se laisse voir avec curiosité. D’autant plus que les tests pratiqués sont magnifiés par d’excellents maquillages très peu ragoûtants, signés David Barrett (Carnosaur, Scanner cop…). Et, quand les aléas de la narration l’exigent, le film n’hésite pas non plus à verser dans le gore.

À l’état humain, John Marzilli se montre parfait en militaire taciturne. Une fois transformé en Metalbeast, c’est Kane Hodder, figure emblématique du cinéma d’Horreur, qui prend le relais. Kane Hodder, c’est un habitué des rôles de monstres puisqu’il a incarné Jason Voorhees dans Jason X et Vendredi 13 – Chapitre 9 : Jason va en enfer, ainsi que Leatherface dans le troisième épisode de la saga des Massacre à la tronçonneuse.

Enfin, la créature est superbe. L’élaboration du monstre semble trouver son inspiration dans les lycanthropes du premier Hurlements pour l’allure, de Predator pour les dreadlocks et de l’Alien de Giger pour l’aspect sombre et brillant.

Metalbeast - Lycanthrope scientifiquement modifié

Loup-garou et transhumanisme

Comme il s’agit ici d’une créature génétiquement modifiée, il n’y a pas de transformation à proprement parler. En conséquence, il serait bienvenu de classer Metalbeast parmi les œuvres de science-fiction. Cela n’empêche pas le scénariste de se permettre un peu de fantaisie avec un monstre qui n’en rejette pas moins ses origines surnaturelles… On n’est plus à une ou deux incohérences près… Ainsi, le monstre craint les crucifix et il faudra rien de moins qu’un obus doté d’une tête explosive en argent pour en venir à bout !

Décédé en juin 2023 dans la plus grande discrétion, Alessandro De Gaetano s’est rendu coupable d’une demi-douzaine de nanars. Metalbeast, pour sa part, peut être considéré comme un plaisir délicieusement coupable.

Project: Metalbeast – USA – 1995 ; réalisation : Alessandro De Gaetano ; interprètes : Kim Delaney, Barry Bostwick, Kane Hodder, John Marzilli, Musetta Vander…

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Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Ginger snaps – Aux origines du mal a été tourné dans la foulée du second opus. Heureusement, car si sa mise en production avait été assujettie aux résultats de Ginger Snaps – Résurrection, jamais le film de Grant Harvey n’aurait vu le jour. Les recettes décevantes du second opus de la saga condamnèrent même son successeur à une simple sortie en vidéo.

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Après l’entrée et le plat principal, vous prendrez bien un dessert…

L’action se déroule cette fois-ci à la fin du 19e siècle. Ginger et Brigitte errent sur leur cheval dans une campagne enneigée à la suite de la mort de leurs parents. Elles sont recueillies dans un fort dont les soldats attendent un ravitaillement qui tarde à venir. Les hommes se montrent singulièrement suspicieux, en particulier à cause de la blessure de Ginger. La malheureuse a posé le pied dans un piège à loup. Or, les soldats peinent à croire cette histoire et soupçonnent l’inconnue de faire partie des loups qui prennent d’assaut le fort les nuits de pleine lune. Depuis trop longtemps, ils comptent leurs morts et le moral est au plus bas. Les deux sœurs Fitzgerald doivent se soutenir mutuellement face à ces hommes méfiants, d’autant plus qu’une nouvelle menace émerge lorsque Ginger est cette fois-ci réellement mordue par un loup-garou…

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Le changement d’époque n’est pas le seul changement de taille à sauter aux yeux. Le remplacement du réalisateur se voit dans le style même du film qui bénéficie d’une image léchée, aux couleurs chaudes. Les costumes d’époque et les décors réalistes permettent une expérience certes cohérente et crédible, mais également totalement dépaysante. Cette évolution peut déplaire aux personnes qui ont apprécié les deux premiers opus pour la rudesse de la photographie et qui s’exposeront à une expérience bien différente dans ce troisième opus.

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Sans ingrédients de qualité, le savoir-faire peut-il suffire pour sublimer une bonne recette ?

Cependant, une fois la surprise digérée, force est de constater que Ginger Snaps – Aux origines du mal est très beau. Les paysages enneigés et brumeux de la forêt canadienne la nuit sont envoûtants, les intérieurs sombres et peu accueillants. Au final une ambiance oppressante et peu rassurante parcourt le film, ne laissant place à aucun trait humoristique, s’inscrivant en conséquence et d’une certaine manière dans l’héritage des précédents films.

L’évolution du personnage de Brigitte est agréable. Rivalisant de féminité, la jeune femme ne fait plus office de vilain petit canard, jouant même à égal niveau avec Ginger. Une démarche intéressante, en particulier dans ce contexte isolé du fort occupé par des hommes privés de femmes depuis trop longtemps.

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Néanmoins, eu égard aux deux premiers épisodes, on était en droit d’attendre plus de cette préquelle envisageant de dévoiler la raison pour laquelle les sœurs Fitzgerald subissent la loi de la lycanthropie depuis 1815.

Alors que les deux précédents épisodes sont parfaitement rythmés et bénéficient d’un intérêt constamment relancé grâce à un savoureux cocktail de film d’horreur sur fond de crise d’adolescence, l’histoire de Ginger snaps – Aux origines du mal se traîne en longueur, cadencée par des jump scare peu innovants et les attaques orchestrées par quelques lycanthropes trop peu nombreux. Poilus, imposants, courant à quatre pattes, les créatures conçues par le studio KNB sont toutefois superbes et représentent ce qui se fait de mieux dans le genre.

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Dans les bons restaurants, le dessert est décidément toujours décevant

Il n’en reste pas moins que Ginger Snaps – Aux origines du mal ne bénéficie plus de cet élément moteur des deux premiers opus. Dans le film de Grant Harvey, les relations entre les deux sœurs font place à des dialogues ennuyeux ne permettant pas une analyse riche sur plusieurs niveaux. Les stéréotypes fatiguent comme, par exemple, les légendes indiennes qui ont tout compris bien avant que l’Homme Blanc n’intervienne sur le continent nord-américain. Ainsi, le wendigo n’est en fin de compte qu’une maladie parmi tant d’autres importées du vieux continent par les Européens et deux sœurs, l’une rousse, l’autre brune, sauveront l’univers…

Pour le reste, le film relate la solidarité des deux sœurs face aux hommes qui vivent dans le fort, des hommes antipathiques au possible. Au final, on se soucie fort peu du sort que réserve le scénario à ces insupportables machos, tandis que les relations entre Ginger et Brigitte sont bien moins riches et élaborées.

Ginger snaps – Aux origines du mal – cerise sur le gâteau ?

Le film de Grant Harvey est une désillusion et ce, malgré un casting intéressant, ne serait-ce que par la présence de Brendan Fletcher, un acteur que vous connaissez forcément puisqu’il est capable de jouer la même année dans un film de Uwe Boll (Rampage: President Down) et dans un autre de Alejandro G. Iñárritu (The Revenant). À la suite de cette déception, Grant Harvey se recyclera dans les séries pour la télévision.

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Bande annonce :

Ginger Snaps III: The Beginning – Canada – 2004 – réalisation : Grant Harvey – interprètes : Katharine Isabelle, Emily Perkins, Nathaniel Arcand, JR Bourne, Hugh Dillon, Adrien Dorval, Brendan Fletcher, David La Haye…

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L’ordre du loup célèbre le gore nichon

L’Ordre du loup prend un malin plaisir à détourner tous les clichés du slasher et ce, dès les premières minutes, juste après la scène d’ouverture.

Six adolescents décident de passer un week-end en forêt dans une cabane appartenant au beau-père de l’un d’eux. On s’attend donc à un jeu de massacre en bonne et due forme . Eh bien pas du tout… Au bout de dix minutes de métrage, alors que quatre adolescents sont déjà supprimés, Derek et Sam, seuls survivants, retournent sans tarder à la maison.

L’ordre du loup célèbre le gore nichon

Commence alors l’enquête censée leur permettre de découvrir l’identité de l’agresseur qui n’a rien d’un tueur en série comme les autres…

En effet, haut de deux mètres, recouvert de poils, le grand méchant de L’Ordre du loup n’a rien d’humain.

Il est en outre doté d’un humour pour le moins surprenant, puisque très… vulgaire, largement porté sous la ceinture.

D’ailleurs, si la proie est jolie, il ne se contente pas de la dévorer à pleines dents….

L’ordre du loup célèbre le gore nichon

En fin de compte, L’Ordre du loup s’avère une comédie horrifique dans laquelle l’humour joue sur le sexe et le détournement de clichés. L’une des scènes les plus représentatives est celle où la jolie Sam part en quête d’un cheveu dans la chambre de son beau-père. Elle espère pouvoir analyser l’échantillon d’ADN et ainsi démontrer qu’il est bien le loup-garou. Comme l’adulte débarque à l’improviste, Sam n’a pas d’autre solution, pour sauver sa peau, que de jouer la carte de la séduction… et offre une petite gâterie à son beau-père… En faisant attention à ne pas avaler, elle a désormais tout ce qu’il faut pour sa fameuse analyse ADN.

L’ordre du loup célèbre le gore nichon

Il fallait oser !

Drôle, jamais sérieux L’Ordre du loup dispose, en outre, d’un rythme soutenu. Il se passe toujours quelque chose à l’écran et l’on n’a jamais l’impression de tourner en rond. Le film, d’ailleurs très généreux en matière d’érotisme et de gore, peut être considéré comme un digne représentant du genre “Gore-nichon”. Vous voilà prévenu(e)s.

En parallèle, le réalisateur apporte un soin très particulier aux personnages. L’univers des deux héros adolescents n’a rien de folichon, tous les deux étant clairement des marginaux. On voit bien que Sam fait la forte tête mais qu’elle est mal dans sa peau. Quant à Derek, il vit avec sa mère chez un homme qui profite de sa position pour les maltraiter. Tout cela offre finalement au métrage une ambiance proche de celle que l’on rencontrait dans les films des années 80.

L’ordre du loup célèbre le gore nichon

Seule l’horrible transformation en images de synthèse demeurera le point faible d’un film qui s’inscrit pourtant dans un certain respect des traditions. En effet, David Naughton, héros du Le Loup-garou de Londres, fait une apparition. Par ailleurs, l’un des protagonistes porte le nom de Chaney tandis que le beau-père de Derek s’appelle Toblat, anagramme de Talbot, nom du personnage incarné par Lon Chaney Jr. dans Le Loup-Garou en 1941…

Des détails, certes, mais qui témoignent de l’amour que le réalisateur porte pour le genre et qui permettront d’alimenter la sympathie que l’on voudra bien témoigner pour le film.

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Big Bad Wolf – USA – 2006 – Réalisation : Lance W. Dreesen ; interprètes : Trevor Duke-Moretz, Kimberly J. Brown, Richard Tyson, Sarah Aldrich, Christopher Shyer…

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Même si tout le monde se souvient de Wes Craven comme d’un grand réalisateur, force est de constater que la constance n’était pas son fort. En effet, sa carrière a connu des hauts (L’Emprise des Ténèbres), des bas (La Créature du marais ), des très hauts (La Dernière Maison sur la gauche), des très bas (La colline a des yeux n° 2), etc. Chez Wes Craven, il n’y a pas de demi-mesure. Avec Cursed, son unique confrontation avec le mythe du loup-garou, il n’est clairement pas au sommet de son art.

La dream team composée de Wes Craven et Kevin Williamson réunie

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie
Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Le scénariste Kevin Williamson serait un coupable tout désigné si l’on devait chercher un responsable à cet échec… Effectivement, après Scream, son coup d’éclat en 1996, il s’est rendu coupable, avant d’être relégué aux séries télé (genre Vampire Diaries), de Souviens-toi… l’été dernier, The Faculty et Mrs. Tingle…

Spécialisé, donc, dans les teenie movies, Kevin Williamson livre un scénario qui semble avoir été formaté pour plaire au plus grand nombre : Protagonistes jeunes, riches, beaux et sexy (même la voyante de la fête foraine est attirante), harcèlement à l’école, références bienvenues comme celle à Happy Days (avec la présence de la star Scott Baio) où à Lon Chaney Jr (qui avait interprété le Loup-Garou de 1941). Pour plaire à encore plus de monde, le scénariste ancre même l’histoire dans des milieux toujours appréciés et glamours : le lycée et Hollywood…

En raison de graves problèmes de production, les scènes avec plusieurs acteurs cultes comme Heather Langenkamp (héroïne des Griffes de la nuit) ou Corey Feldman (figure emblématique des films d’ados des années 80) n’ont pas pu être utilisées. La sortie du film a même été retardée d’une année afin de permettre à l’équipe de retourner certaines séquences.

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

En pleine nuit, Ellie et son frère Jimmy ont un accident de la route avec une autre voiture. Alors qu’ils portent secours à l’inconnue, ils sont attaqués et blessés par un animal sauvage qu’ils ne parviennent pas à identifier. Les jours suivants, ils remarquent que leurs sens s’aiguisent, qu’ils développent un appétit pour la viande crue et que leur rayonnement sexuel s’accroît fortement. Comme l’animal ressemblait à un loup immense, que son chien ne veut plus rien à voir à faire avec lui et que leur accident s’est déroulé lors d’une une nuit de pleine lune, Jimmy en conclut qu’ils sont très certainement que sa sœur et lui sont en train de devenir des loups-garous…

Tout ce qui brille n’est pas or

Le résultat n’est pas forcément un film ennuyeux, mais l’impression ne nous lâche pas d’assister à un produit trop calibré, à l’instar d’un hamburger. Ainsi, par exemple, l’emballage est chouette avec des acteurs sympathiques. On retrouve en effet Christina Ricci (Mercredi dans La famille Addams de 1991), Jesse Eisenberg (que tout le monde a déjà vu au moins une fois tellement il joue un peu dans tout) ou encore Joshua Jackson (dont la popularité a explosé quelques années plus tard grâce à la série Fringe). L’atmosphère, quant à elle, est séduisante avec de jolies images et des scènes d’horreur bien chorégraphiées. Le film bénéficie d’un bon tempo avec une alternance de scènes d’horreur efficacement chorégraphiées, d’humour mignon et inclusif (incompréhensions entre homosexualité et lycanthropie), d’une violence cartoonesque et d’une bande-son composée de riffs de rock entraînants…

Cursed de Wes Craven, faux film de loup-garou, vrai teenie movie

Il y a suffisamment de variété pour tenir le spectateur en haleine pendant les 90 minutes de film, mais il ne faut surtout pas avoir l’idée saugrenue de confronter Cursed à Ginger Snaps, sorti quatre années plus tôt. La comparaison n’est vraiment pas à l’avantage du film de Wes Craven. Le film de John Fawcett est autrement plus ingénieux dans le domaine du film de loup-garou pour adolescents. Alors que ses personnages étaient originaux, ceux du film de Wes Craven sont tristement artificiels, calqués sur la réalité suggérée par des magazines au papier glacé. Ainsi, Ellie est une jeune fille en pleine ascension professionnelle pendant que Jimmy, son frère marginal mal-aimé, va se libérer de son image de loser grâce à sa transformation progressive.

Comme un hamburger, Cursed ne rassasie pas. Preuve en est le monstre du film, parfaitement interchangeable avec n’importe quel autre monstre du cinéma d’horreur, qu’il s’agisse d’un vampire ou d’un psychopathe. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que le seul aspect technique faisant partie des points faibles du film sont… les effets-spéciaux numériques mettant en scène le loup-garou. Un film de loup-garou avec un loup-garou bâclé fabriqué avec des CGI bon-marché, c’est quand même un comble…

Bande-annonce :

USA, Allemagne – 2004 – Réalisation : Wes Craven – Distribution : Christina Ricci, Joshua Jackson, Jesse Eisenberg, Judy Greer, Scott Baio, Milo Ventimiglia, Kristina Anapau, Portia de Rossi, Shannon Elizabeth…

Spirit of the night : érotisme léché

Spirit of the night est un film érotique que l’on peut regarder sans véritablement s’ennuyer.

Spirit of the night : érotisme léché

D’abord, parce qu’il dispose d’une véritable intrigue, jugez-en par vous-même : Bourgeoise, Tara retourne au Pays de Galles dans le château où elle a grandi. Elle a plusieurs aventures qui éveillent ses passions intérieures.

Ensuite, parce que l’érotisme n’est pas le seul atout du film qui bénéficie effectivement de décors campagnards parfaitement fidèles à l’idée que l’on se fait de l’Europe orientale. Quant à lui, le château, sombre et menaçant, est également bien mis en valeur.

Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

Enfin, parce que Jenna Bodnar qui incarne Tara s’avère aussi séduisante que sensuelle et touchante. Touchante parce que les autochtones ne l’aident pas beaucoup et qu’elle est bien seule. Certes, ils la mettent en garde mais sans jamais définir le danger. Dès lors, Tara, plutôt naïve de surcroît, est une victime parfaite. Et c’est ainsi qu’elle fait de mauvaises rencontres. Pour le reste, elle s’illustre plus particulièrement lors d’une séance où elle pose nue en prenant des pauses félines pour son ami dans une grotte sordide, ou lors d’une séquence érotique avec deux autres partenaires.

Huntress bénéficie d’une musique joliment atmosphérique, composée par Fuzzbee Morse qui a oeuvré sur Dolls et Ghoulies II. Il n’est pas le seul à avoir travaillé pour Empire, la firme d’Albert Band, puisque Mark Manos, réalisateur, a, pour sa part, monté Mandroid en 1994.

Le sexe n’est jamais vulgaire. Ainsi, les scènes érotiques sont toujours très agréables à regarder, d’autant plus qu’une volonté esthète est présente, s’inspirant nettement des vidéos clips très en vogue dans les années 90.

Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

S’il n’y a rien à redire de l’érotisme, le film nous laissera cependant sur notre faim en ce qui concerne la véritable nature de Tara. En effet, même si certains éléments comme la pleine lune laissent supposer ses origines lycanthropes, le film se termine subitement et ne prend pas la peine d’expliquer clairement si Tara est une louve garou, ou pas.

Cette fin abrupte et surprenante où nous abandonnons Tara sans solution à son problème était-elle voulue pour assurer une fin ouverte au métrage ?

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Spirit of the night : érotisme léché
Spirit of the night : érotisme léché

USA – Roumanie – 1995 – Titre original : Huntress : Spirit of the Night – Réalisation : Mark Manos – Distribution : Jenna Bodnar, George Alexandru, Virgil Andriescu…

Concerto pour un loup-garou : Dix petits monstres poilus

Un hôtel isolé en pleine forêt, des invités aux passés troubles qui ne se connaissent pas, des morts en cascade, un chasseur de loup-garou… Cette trame digne des Dix petits nègres sert à Concerto pour un loup-garou, l’avant dernier épisode de la quatrième saison des Contes de la Crypte, série télévisée américaine programmée de 1989 à 1996. Diffusée sur le câble, la série n’était pas soumise au contrôle de la FCC (Federal Communications Commission) ; cette liberté a permis à la série inspirée des EC comics des années 50 de traiter des thèmes comme la violence, la drogue et l’érotisme qui, sur d’autres canaux, lui aurait été interdits.

Concerto pour un loup-garou : Dix petits monstres poilus

L’une des particularités de la série est également de bénéficier d’un casting de premier choix. Dans ce domaine, Concerto pour un loup-garou n’échappe pas à la règle puisque l’épisode bénéficie de la présence de Timothy Dalton, acteur qui a incarné le personnage de James Bond à la fin des années 80. Il est ici un chasseur de loup-garou qui essaye de débarrasser les clients de l’hôtel de la créature qui les déciment les uns après les autres.

Avec son huis-clos et ses protagonistes qui sont autant de coupables potentiels, Concerto pour un loup-garou évoque la structure d’une histoire que n‘aurait pas reniée Agatha Christie. À ce titre, l’épisode propose de nombreux rebondissements par le biais de personnages surprenants, tous monstrueux dans leur genre, allant de l’ancien nazi à un autre type de créature de la nuit.

Concerto pour un loup-garou : Dix petits monstres poilus

Cependant, la durée d’une vingtaine de minutes du métrage ne permet pas de développer les personnages et de rendre l’histoire crédible. Le projet semble avoir été trop ambitieux et l’épisode s’avère plutôt anecdotique. Dans le même genre, Le Mystère de la bête humaine (The Beast Must Die – 1974) est bien plus efficace et réussi, démontrant que le concept des dix petits nègres peut parfaitement s’adapter au mythe du loup-garou.

USA – 1992 – Titre original : Tales from the Crypt Episode 51: Werewolf Concerto – Réalisation : Steve Perry – Distribution : Timothy Dalton, Dennis Farina, Walter Gotell, Charles Fleischer, Reginald VelJohnson…
Concerto pour un loup-garou : Dix petits monstres poilus

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